vendredi 1 juin 2012

PAR CHRIST ET POUR CHRIST (Sadhou Sundar Sing )



TABLE DES MATIERES 


Avant-propos 
La paix de l'âme (Bienne) Mat. 11 : 28 
La vie avec abondance (Tavannes) Jean 10 : 10 
Veillez et priez (Chailly) Mat. 26 : 41 
Un jeune garçon à la multiplication des pains(Chailly) .Jean  6 : 9 
Connaître Christ comme fils de Dieu et comme Sauveur .Jean 14 : 21 
Le salut par Christ (Morges) I Tim. 1 : 15 
Entendre le Sauveur Iui-même (Lausanne) Jean  4 : 42 
Près du royaume de Dieu (Lausanne) .Marc 12 : 34 
Connaître Christ dans la souffrance (Genève) II Tim. 1 :12 
Témoins de Jésus-Christ (Genève)  Actes 1 : 8 
(Questions posées à la salle Centrale) 
L'expérience chrétienne (Genève) I Jean 1 : 1-2 
Repentez-vous (Neuchâtel)  Mat.  4 : 17 
La parole a été faite chair (La Chaux-de-Fonds) Jean  1 : 14 
Perdus... puis sauvés (Le Locle) Luc 19 : 10 
Suis-moi.(Berne) Mat. 19 :16 
Qu'est-ce que le salut (fragment) (Thoune) 


AVANT-PROPOS  

Le sâdhou Sundar Singh en Suisse.


     Lorsque Sundar Singh fit en Angleterre son premier voyage, au printemps 1920, le Comité suisse pour la Mission aux Indes reçut de M. Paton secrétaire des Étudiants chrétiens, l'organisateur de son voyage, la suggestion de l'inviter pour encourager les amis des Missions. Sundar Singh vint sur le continent, fit un rapide séjour à Paris, à la Maison des Missions, mais ne put pas pousser jusqu'en Suisse parce que les invitations des États-Unis l'emportèrent. La nouvelle de sa visite s'était répandue et l'on éprouva une vive déception à le voir s'éloigner ; le livre de Mme Parker, rapporté des Indes par le Dr de Benoit et traduit en français par M. Ch. Rochedieu, avait provoqué une émotion religieuse inusitée. Le sâdhou promit alors que, s'il avait l'occasion de revenir en Occident, il se souviendrait des amis des Missions en Suisse.
     Ce projet se réalisa enfin en mars 1922. Le lundi 27 février, à deux heures et demie de l'après-midi, le Bureau de la Mission aux Indes, MM. les pasteurs de Haller, Métraux et Secrétan, et quelques amis attendaient à Lausanne l'arrivée de l'express de Genève ; la veille, le dimanche 26, le sâdhou avait débarqué à 6 h. du matin à Marseille, arrivant de Palestine où il avait enfin pu réaliser un rêve longtemps caressé. A Marseille, M. le pasteur Hug lui avait préparé deux cultes, l'un à l'Église suisse le matin, l'autre à l'Église réformée de France, le soir. Le sâdhou voyagea ensuite toute la nuit et fut accueilli en chemin, au nom du Comité suisse, par M. le pasteur, Francis Joseph.
     A Lausanne, on n'était pas sans inquiétude. Que serait cette tournée d'évangélisation et de mission où tout devrait être traduit ? On disait le sâdhou difficile à traduire ; lui-même doit d'abord penser en hindoustani, puis parler en anglais. Cet apôtre de l'Inde n'aurait-il pas des idées, des procédés qui heurteraient nos habitudes routinières et feraient oublier son message ?... il descend de wagon... grand, élancé, coiffé de son turban, un peu lent dans ses mouvements, les yeux à demi-clos, comme un homme qui s'avance sur un terrain inconnu, se laissant conduire par un Guide invisible, pour éviter tout faux-pas. Les présentations sont faites ; un souhait de bienvenue et de bénédiction ; un aimable sourire ; point d'effusions ; et c'est tout. Le sâdhou est installé dans une automobile et conduit à Chailly, où la maison du Dr de Benoit lui est ouverte, mais il n'a pas un regard pour la ville, les montagnes, pas un mot pour son entourage ; il vit en dedans. Nous sommes déjà rassurés.
     A cinq heures du soir, nous nous retrouvons avec le plan de campagne dressé pour le mois de mars à travers la Suisse ; la carte est sur la table. Au bout d'un instant, le sâdhou a compris ; Il n'a pas pris de notes, mais les dates et les lieux sont dans son esprit. Il accepte notre plan, qui lui avait été soumis dans ses grandes lignes avant son départ des Indes, mais il fait biffer certaines réunions : « Ne me faites pas parler plus d'une fois par jour, sauf le dimanche ; ce n'est pas la même chose que de donner une leçon à l'école ; cela deviendrait une affaire, comme de mettre des lettres à la poste, et il n'y aurait pas de bénédictions ; or nous voulons du fruit... » Nous prions ensemble. Il prie comme nous, simplement. Nous sommes tout à fait rassurés et heureux.
     Le lendemain de son arrivée, le 28 février, le sâdhou commença ses réunions au temple de Bienne, où d'emblée il fit la conquête de ses auditeurs ; d'emblée aussi, ils se pressèrent par milliers autour de lui. Son premier texte fut : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés ». Le 1er mars, il s'arrêta à Tavannes, localité centrale du Jura bernois ; les pasteurs de la région l'attendaient et furent gagnés par l'à-propos, la bonne grâce, la profondeur de ses réponses. Le bruit de sa venue s'était répandu ; il fut impossible de loger les visiteurs de Tavannes et des environs dans le temple ; un train spécial depuis Tramelan les avait amenés par centaines ; le fourgon postal lui-même en était plein ; les directeurs des fabriques d'horlogerie autorisèrent leurs ouvriers à quitter le travail et ils préférèrent le sâdhou à leur gain, de sorte que la réunion de 3 h. dut avoir lieu en plein air, les gamins juchés dans les arbres... Un rayon de soleil éclaira la scène et tôt après la réunion, une nouvelle giboulée de neige s'abattit sur le pays. « Dieu, nous écrivit M. le pasteur Houriet, avait été avec son serviteur. » Il avait prononcé là son beau sermon sur la vie en abondance.
     Ensuite, le sâdhou se rendit à Gessenay, parce que M. le pasteur Lauterburg, chargé de le traduire dans le canton de Berne, désirait le faire d'abord dans sa paroisse. La neige couvrait cette vallée ; les montagnards, recueillis, graves, remplissaient le temple ; une place avait été ménagée pour les voisins du Pays d'Enhaut qui arrivèrent par train spécial. Ce fut une des belles soirées du voyage et quand le sâdhou rentra à Lausanne, le 3 mars, il nous sembla que quelque chose était changé dans son attitude ; il se sentait chez lui; «J'aime les Suisses ... », nous dit-il, Le merveilleux trajet alpestre de Cessenay à Montreux lui avait aussi rappelé quelque chose de son pays.
     Le 3 mars, il eut à 5 h. sa première réunion à Lausanne, à l'église anglaise, heureuse occasion qui nous fut fournie de collaborer avec nos frères anglicans ; il était d'ailleurs indispensable que le sâdhou accomplît cet acte de courtoisie. 
    Le dimanche matin, 5 mars, il participa au culte public de la petite église de Chailly et prit la parole après M. le pasteur Métraux, sur ce texte : «Veillez et priez! » 
     La présence en chaire, au culte ordinaire, d'un chrétien sorti du monde païen, le témoignage clair, catégorique, chaleureux de sa foi produisirent sur les assistants une impression profonde; «J'ai eu, nous disait un auditeur, le oeur serré par l'émotion depuis le commencement jusqu'à la fin ». 
     Le sâdhou voulut bien s'adresser ensuite aux enfants de l'école du dimanche ; son allocution sur le jeune garçon qui fournit à jésus les pains et les poissons a été sténographiée et publiée comme les autres discours. Voilà une leçon que ces enfants n'oublieront pas, et rien n'était joli comme de les voir défiler devant Sundar Singh et lui tendre leurs petites mains
     Restait, pour cette journée mémorable, la première assemblée publique, annoncée spécialement pour les catéchumènes, à 3 h. de l'après-midi. 
    Que serait cette assemblée, par un radieux soleil, avec la concurrence des promenades et des sports ? Crainte vaine! C'était pour la jeunesse! Des centaines de personnes se sentirent jeunes pour l'occasion, si bien qu'il fallut au dernier moment quitter l'église de Saint-François pour se transporter devant le Tribunal fédéral.
     Comment dire la beauté de cette assemblée de quatre mille personnes, debout, recueillies, immobiles pendant une heure et quart, de ces chants enlevés avec élan, et là, en plein soleil, tête nue, ce fils de l'Inde exposant ce que c'est que d'avoir les yeux de l'âme ouverts pour connaître vraiment Jésus-Christ! La traversée de la ville, jusqu'au bureau de la Mission aux Indes, le sâdhou suivi de tous les enfants qui voulaient lui serrer la main, donnait une idée de ce qu'avait été le jour des Rameaux à Jérusalem!
     Le lundi 6 mars, pendant l'après-midi, assemblée compacte dans le temple de Morges, décoré de fleurs ; on se rappellera toujours la comparaison de la Mer morte, sans issue, et des chrétiens qui gardent Jésus-Christ pour eux! Les auditeurs avaient trouvé le temps de venir de toutes les localités environnantes quoique ce fût un jour ouvrable. 
     Le soir, la plus grande salle de réunion à Lausanne fut si remplie qu'il fallut fermer les portes et qu'alors les gens entrèrent par les fenêtres, et finalement écoutèrent par centaines depuis dehors. Le recueillement était tel que la voix du sâdhou et celle de son traducteur M. F. de Rougemont étaient entendues partout ; chacun emporta ce mot final : «Ma voix ne vous sera pas de grande utilité ; rentrez chez vous et là écoutez la douce voix du Sauveur lui-même ».
     La séance la plus belle comme appel aux consciences et comme spectacle religieux fut sans contredit celle du 7 mars à la Cathédrale de Lausanne. Cette grande église, une des plus vastes en Suisse, remplie jusque dans ses derniers recoins d'adorateurs venus des Alpes, du Jura, de partout ; un chrétien arraché au paganisme exposant devant ses frères les expériences que Dieu lui avait accordées, comme autrefois Saint Paul, disant à Antioche les merveilleuses conquêtes de l'Évangile en Asie ; la réponse de l'assemblée et de l'orgue dans des chants et des prières qui sortaient du oeur ; il était difficile de voir quelque chose de plus simple et de plus profond! Au pied de la chaire un vieillard chantait le dernier cantique: «A toi la gloire, ô Ressuscité... » ; ses larmes coulaient comme celles de Siméon ; il ferma son livre et s'écria à haute voix : « Que c'est beau ! »
     Quelques jours après, nous étions pour une réunion de Mission dans un hameau des Alpes, par 1 m. 50 de neige ; un montagnard nous arrêta : « J'étais à la Cathédrale! C'est un jour qui marque dans ma vie. J'étais heureux, au milieu de mon peuple, avec ce frère venu de chez les païens, qui était en chaire. En entendant la prière, en entendant l'orgue, mon oeur était saisi... » 
     Impossible de suivre ainsi le sâdhou dans chaque localité, mais il faut dire pourtant avec quel amour il a été reçu par tous les pasteurs et professeurs, même par ceux qui ont été amenés à une conception différente du christianisme ; ils ont pu être attristés par certaines affirmations du sâdhou relatives aux études, surpris par son insistance sur certains points comme le miracle et la divinité de Jésus-Christ, mais tous ont salué en lui un frère, un disciple authentique du Christ auquel Dieu a accordé des grâces et des expériences particulières, qui donnent à réfléchir et que l'on ne peut pas écarter sans examen.  
     Cette impression très forte a été ressentie à Lausanne dans une séance spéciale pour personnes engagées dans l'œuvre de l'Église, et à Genève dans une séance de la Compagnie des pasteurs et du Consistoire. Il nous faut savoir enrichir notre point de vue quand des expériences nouvelles sont apportées par des chrétiens d'un milieu nouveau.
     C'était frappant de voir ce chrétien encore jeune, sorti du paganisme, tout ébloui de la lumière du christianisme, au milieu de docteurs vénérables, têtes grisonnantes, et leur répondant avec un à-propos, une amabilité, une franchise qui lui gagnaient la sympathie. A Zurich, M. le pasteur Oscar Pfister qui avait publié une brochure très vive contre le sâdhou, déclarant que son genre de vie était un retour à l'ascétisme du moyen âge, qu'il était un illumine et un thaumaturge, a retiré ces appréciations après l'avoir vu et entendu. Dans une lettre personnelle adressée à M. le pasteur J. Schlatter, président du Comité auxiliaire zurichois de la Mission canaraise, il écrit : « La piété vivante et l'éloquence populaire de cette noble personnalité m'ont laissé une impression profonde ; il produit même une impression beaucoup plus profonde que le livre de Schaerer (1) ne le faisait supposer ».
     Il est regrettable que le manque de temps, les difficultés de la langue, et l'indiscrétion du public aient empêché les pasteurs et les professeurs d'avoir avec le sâdhou des entretiens plus approfondis. 
     Au moins, la campagne d'évangélisation a pu se poursuivre avec un dévouement admirable de la part du sâdhou. A Genève, la vaste Salle de la Réformation, où siègent les délégués de la Société des Nations, fut trop petite à deux reprises ; un groupe de quatorze jeunes gens, venus de France, se tenait à la porte de la Salle centrale, lors d'une soirée réservée aux collectrices des Missions. « Ne pouvons-nous pas entrer ? Nous sommes déjà venus une fois inutilement. » Naturellement, une place leur fut faite ; à Berne, une jeune fille arriva de Lugano, et demanda à entrer combien d'autres faits de ce genre on pourrait citer
     A Neuchâtel, le 13 mars, l'assemblée se réunit à 8 h. du soir sur la place publique et pendant trois quarts d'heure attendit le sâdhou en chantant spontanément des cantiques. Le lendemain, à mille mètres d'altitude, à La Chaux-de-Fonds, avec la neige sur les revers, à 8 h. du soir aussi, la réunion put de nouveau avoir lieu en plein air ; au Locle, le 15 mars, il en fut de même. 
     Le 16 mars, la campagne commença dans la Suisse allemande, à Bâle, où le sâdhou fut accueilli par les missionnaires suisses revenus des Indes, et salué au nom de l'Église de Bâle par son président, M. le professeur Handmann. Le premier discours du sâdhou fut un solennel avertissement sur ce texte : « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne te ravisse ta couronne ». Un missionnaire nous a écrit 
« Pour moi, ce fut très encourageant et impressionnant d'entendre de la bouche d'un enfant de Dieu, du monde hindou, cet avertissement à écouter avec plus de soin la parole de Dieu. » La seconde séance réunit trois mille personnes au Vereinshaus.
     A Zurich, où le sâdhou s'arrêta plus longtemps, il y eut tant de monde, le 19 mars à la Cathédrale, qu'on pria les auditeurs qui restaient sur la place d'attendre un peu. Quand le discours du sâdhou fut terminé, les auditeurs sortirent par une porte, et ceux qui attendaient sur la place entrèrent par une autre, de sorte que l'église se remplit deux fois de suite et que le sâdhou prononça deux discours. 
     A Saint-Gall, à Aarau, à Schaffhouse, à Thoune, à Berthoud et enfin à Berne, ce jeune apôtre de l'Inde fut écouté avec le même empressement et le même profit. Lors de la dernière séance à Berne, où des questions simples et pratiques furent posées au sâdhou sur la meilleure manière de prier, la joie du ciel, le rôle du paganisme dans la préparation spirituelle d'un converti aux Indes, les réponses furent particulièrement édifiantes. Mais quand nous avons demandé au sâdhou comment il se trouvait, il nous a répondu : « je suis très fatigué », ce qui se comprend, car une tournée de ce genre, unique probablement dans les annales de l'évangélisation et du réveil en Suisse, ne se fait pas sans un effort intense, rendu plus fatigant encore par les habitudes de travail du sâdhou. Il n'écrit rien, mais s'impose une préparation intérieure toujours renouvelée par la prière et la méditation. Il a donné au public chaque jour un texte nouveau, soigneusement développé dans un discours nouveau. On y trouve des idées dominantes, des illustrations préférées, mais le discours lui-même, le sujet n'est ni appris, ni répété ; il sort de la vie intime du sâdhou; il est puisé dans sa communion avec Dieu. De là sans doute son action sur les auditeurs, malgré l'absence d'éloquence humaine.
     Nous n'avons pas pu voir le sâdhou quitter Berne le lundi 27 avril, pour l'Allemagne et la Suède, sans un serrement de oeur. Nous lui exprimons ici encore la profonde reconnaissance de milliers d'auditeurs qui ont été raffermis dans leur foi, arrêtés sur le chemin de l'étourdissement, et devant la conscience desquels la question religieuse s'est posée dans son sérieux. Nous demandons à Dieu que cette campagne d'évangélisation n'ait pas été seulement un sujet d'étonnement, ou d'émotion, mais le point de départ d'un réveil durable et la révélation d'un état supérieur de vie chrétienne auquel nous devons parvenir. 
     Puissent les pages qui suivent, traduction littérale de quelques-uns des discours du sâdhou, continuer d'approfondir, par la grâce de Dieu, l'œuvre commencée dans les jours mémorables de mars 1922.
G. S.
P.-S. La Mission suisse aux Indes, dont il est parlé dans cet avant-propos, était un Comité de Secours temporaire qui, de 1918 à 1927, prit soin, avec dévouement, de deux des champs de la Mission de Bâle aux Indes (Mahrattes et Canara du Sud).
Les éditeurs.


CHAPITE 1

La paix de l'âme.
Bienne, à l'Église française, le 28 février 1922.

  
Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés,  
et je vous donnerai du repos. (Mat. 11 : 28-30.) 
  

Ce monde ne donne pas la paix.

... Quand je suis arrivé hier dans votre pays, la beauté de ses paysages a provoqué mon admiration, mais les choses belles et les pays magnifiques ne peuvent satisfaire nos âmes ; elles peuvent satisfaire nos yeux jusqu'à un certain point, mais pas nos coeurs. Sans doute, c'est la création de Dieu, et à travers la création, nous pouvons voir quelque chose du Créateur, mais l'homme et le coeur de l'homme ne peuvent être satisfaits que par le Créateur lui-même.
     Les hommes cherchent toute espèce de moyens pour trouver le repos et la paix de leur coeur, mais l'expérience prouve que les choses de ce monde ne peuvent les donner. Notre faim et notre soif peuvent être apaisées, mais non pas nos âmes. J'ai vu des millionnaires et leur ai demandé : «Sans doute, vous êtes contents de votre sort ; votre richesse vous satisfait? » Ils ont répondu : « Non, absolument pas! » J'ai rencontré des personnages haut placés, des rajas et des rois, et je leur ai demandé : « Êtes-vous satisfaits ? » Ils m'ont répondu : « Non ». Ils m'ont fait cette confession : « Nous avons des besoins, mais nous ne trouvons rien qui satisfasse notre âme ». Beaucoup se sont efforcés de trouver le repos de leur âme, mais ils se sont peu à peu lassés de cette recherche et ils sont tombés dans le désespoir. 


Sundar Singh a fait l'expérience que Christ 
donne la paix.

     C'est aussi mon expérience personnelle : J'ai essayé, dans la maison de mon père, de satisfaire mon âme par les jouissances du luxe et du confort. Rien n'a pu satisfaire mon âme. Puis j'ai essayé de chercher le repos par les moyens qu'offrent les religions de l'Inde: Hindouisme, Bouddhisme, Mahométisme... Là non plus, je n'ai rien trouvé. je pris l'habitude de passer des heures dans la prière et la méditation, mais cela non plus ne m'a servi à rien. Il n'y avait pas de secours dans ces religions-là. Puis j'ai lu dans l'Évangile : « Venez, et je vous donnerai le repos de vos âmes ». je n'ai pas pu le croire ; je me suis écrié : « Comment notre religion, l'hindouisme, qui est la plus belle religion du monde, ne me donne pas la paix ! et une autre religion pourrait me la donner! »Et cependant, le Christ seul peut prononcer ces paroles ; aucun autre ne peut dire : « Venez à moi, et je vous donnerai le repos... »
     Dans ce temps-là, je haïssais les chrétiens. Quand je voyais la Bible, je me disais : « Il est possible qu'il y ait de très bonnes choses dans ce livre-là ; mais il est contre notre religion ». C'est pourquoi je le déchirais. Quand je voyais les missionnaires venir prêcher l'Évangile, je me disais : « Ces gens-là font du mal, ils sont venus tout gâter chez nous ». Et quand ils passaient dans mon village, je prenais des pierres pour les leur jeter et ordonnais à nos serviteurs de leur en jeter aussi. Je disais : « Le Christ n'a pas pu se sauver lui-même, comment pourrait-il sauver les autres? »J'étais aveuglé. je ne pouvais pas voir sa gloire.
      Je me rappelle le jour - le 16 décembre 1904 - où j'ai jeté au feu une Bible arrosée de pétrole, et l'ai brûlée. je pensais faire mon devoir en obéissant à ma religion hindouiste, mais cela ne me fit aucun bien à moi-même. Finalement je devins tellement angoissé et tourmenté que je résolus de mettre fin à ma vie ; cependant, avant de commettre le suicide que je méditais, je voulus passer un moment en prière.
     Après une heure et demie de prière, tout à coup m'apparut quelque chose de merveilleux. C'était le 18 décembre ; il y avait deux jours que j'avais brûlé la Bible. je vis apparaître la face glorieuse du Christ vivant. il me dit : « jusqu'à quand continueras-tu à me persécuter? je suis mort pour toi, je suis le Sauveur du monde ». je restai stupéfait. J'avais l'habitude de penser qu'il était mort, et voici, il était devant moi, c'était sa voix, et je le sentais me pénétrant de part en part comme un courant divin. Et je lui consacrai ma vie. 
     C'est là que se trouve la paix, la joie vivante.
     Quand j'allai vers mon père, il était encore nuit c'était de grand matin. je lui déclarai que j'étais chrétien. Il me dit: « Ce n'est pas possible, avant-hier tu brûlais la Bible ». Je lui répondis : « J'ai vu le Christ ; il est vivant. Il m'a donné cette paix que nul autre n'a pu me donner ». Mes parents et mes amis vinrent me trouver et me posèrent la même question.« je persécutais le Christ, dis-je, parce que je ne le connaissais pas. Maintenant je le connais; je ne vous prêche pas quelqu'un qui me soit étranger. » je leur dis encore :« Autrefois j'avais entendu parler de lui, mais je ne Le connaissais pas Lui-même ». 
    
Pour avoir la paix 
il faut connaître Christ personnellement.

      Beaucoup de chrétiens sont dans le même cas. Ils ne connaissent pas jésus lui-même. Et voici la différence qu'il y a entre « savoir quelque chose de Jésus-Christ » et « Le connaître lui-même » : Quand je connaissais quelque chose de lui, je le haïssais, mais maintenant, je Le connais, lui, et je l'aime. Beaucoup d'hommes prétendent être chrétiens et vivre une vie chrétienne, mais ils n'ont pas la paix, le repos, et ils cherchent la paix ailleurs, même dans le péché.  
     C'est parce qu'ils ne connaissent pas Jésus-Christ. Connaître les choses qui concernent Jésus-Christ, cela ne sert de rien, il faut le connaître lui-même. Nous pouvons comprendre ce qu'on dit de Lui en lisant des livres, mais Lui, nous ne pouvons le connaître que par la prière. Quand je connaissais les choses qui concernent Jésus-Christ, cela ne me servait de rien ; mais quand j'ai commencé à prier, alors il s'est révélé à moi, et dès lors j'ai pu dire aux autres : « Connaissez-le, et il vivra en vous, et vous donnera véritablement le repos de vos âmes ».   

La paix de Christ subsiste dans les jours mauvais. 
  
     Cette paix, nous ne l'avons pas seulement lorsque tout va bien, mais c'est au milieu de la persécution, des souffrances qu'elle nous inonde.
     Au Tibet, je fus jeté une fois dans une citerne où je restai trois jours sans nourriture et sans rien à boire. La porte était scellée et il faisait complètement nuit; il y avait à côté de moi des cadavres. J'eus l'impression d'être en enfer ! Alors monta dans mon coeur une tentation : « Où donc est ton Christ? Tu vois qu'il ne te sert à rien ; il n'a pas pu t'aider, il ne vient pas à ton secours... » Mais je me souviens aussi, pendant ces trois journées passées au fond de ce puits dans la souffrance, avec mon bras brisé, dans la puanteur dégagée par les cadavres, de la joie de mon coeur que rien ne pouvait me ravir... Et j'ai fait la comparaison: « Dans la maison de mon père, je n'avais ni repos, ni calme, et maintenant, dans cet enfer, j'ai la paix. Cet enfer devient le ciel ! » Voilà réalisée la promesse de Jésus d'être toujours avec nous. jamais je n'aurais pu me figurer d'avance que la paix du Seigneur pourrait inonder un coeur dans des conditions si difficiles ; c'était la paix « qui surpasse toute intelligence... »  
     Je fis ensuite une autre expérience merveilleuse : Au moment où je pensais que j'allais passer dans l'autre monde, j'entendis la porte s'ouvrir, une main me lança une corde, mais lorsque j'arrivai à l'air libre, il n'y avait plus personne! Alors je compris qu'Il est toujours là pour nous tirer de la détresse.
     Non, le temps des miracles n'est pas passé, mais le temps de la foi est en train de s'en aller. Vous direz peut-être que c'était un rêve et que c'est un 
être humain qui a ouvert la porte de la citerne et qui m'a délivré... Les hommes ne peuvent pas remettre un bras cassé en le touchant simplement... une main me toucha le bras et le guérit. Ce ne sont pas les mains des hommes qui font cela, mais la main du Seigneur.
     Je peux prêcher le Christ, non parce qu'il est parlé de lui dans la Bible, mais parce que j'ai connu qu'il est le Christ vivant. S'il n'était pas le Christ vivant, je ne prêcherais pas l'Évangile que je brûlais il y a quelques années seulement. je ne serais pas disposé à souffrir pour Lui, quand même il a souffert pour moi...  
  
La paix du ciel commence ici-bas.


     Il y a de malheureux chrétiens qui se réjouissent d'être dans le ciel après leur mort, mais ils ne se rendent pas compte que le ciel doit commencer sur la terre. je ne crois pas à cette religion qui promet un ciel pour plus tard. Si nous nous donnons à Christ, nous reconnaîtrons que le ciel commence ici même.
     Bien des gens sont fiers de leurs belles maisons, de leurs beaux ornements ou de leur beau pays. Mais vous ne serez pas toujours dans cette maison, dans ce pays; dans dix ans, dans vingt ans, il faudra les quitter. Votre maison n'est pas ici, votre véritable home est là-haut. Et avant d'être là-haut , il faut que vous commenciez à y vivre dès ici,bas. Si les chrétiens qui s'attendent à être admis dans le ciel après leur mort, et qui n'en font pas l'expérience dès ici-bas, sont vraiment reçus dans cette maison céleste, ils s'y sentiront déplacés, mal à leur aise... Ils souffriront d'être là où ils ne sont pas habitués à vivre.   
  
Cherchez ce Christ qui donne la paix 
et vous trouverez.


     Je ne suis pas le seul qui ait fait l'expérience du Christ vivant. je me souviens d'avoir rencontré un autre homme qui me raconta son histoire merveilleuse : Lui aussi avait cherché dans le bouddhisme et l'hindouisme la paix, sans la trouver. Un jour, il ferma sa porte, prit un couteau bien aiguisé, résolu à se tuer. Il se disait : « Il n'y a point de Dieu. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour le trouver, et il ne m'a pas répondu ». Au moment même où il saisissait le couteau pour se couper la gorge, il vit un homme qui se tenait près de la porte, et qui était d'apparence quelconque. Cet homme lui dit : « je sais: que tu as fait tout ce que tu as pu pour trouver le repos de ton âme. Viens avec moi ». Il le mena à la frontière du Tibet ; il y avait là une rivière et il lui demanda de l'attendre près de cette rivière. À dix kilomètres de là vivait un simple chrétien, que l'inconnu alla chercher... Et le chrétien pensait : « Cet homme est sans doute un ami de ce chercheur de vérité, auprès duquel il me conduit: ce dernier aura entendu parler de moi, et aura désiré me voir... » Le bouddhiste pensait de son côté: «L'homme qui m'a conduit ici est un ami de ce chrétien... » Mais ni l'un, ni l'autre ne savait qui était cet intermédiaire mystérieux. Alors le chrétien commença à parler de l'Évangile au bouddhiste. Soudain, une émotion saisit celui-ci, le Saint-Esprit était à l'œuvre en son âme. Une paix toute nouvelle entra en lui, et il ne put s'empêcher de le confesser. Et lorsqu'il fut un peu plus avancé dans la connaissance de l'Évangile, le chrétien lui dit « Il faut maintenant que tu sois baptisé, descendons à la rivière ; mais auparavant allons chercher celui qui m'a amené auprès de toi ». Ils retournèrent pour le chercher, mais l'homme avait disparu... Alors ils reconnurent la merveilleuse réalité des promesses du Seigneur : en effet, cet homme avait cherché la vérité, et le Seigneur l'y avait conduit.
     Voyez comme ceux qui cherchent sont amenés à trouver ! 
     Mais combien grande est la misère de tous ces hommes qui s'intitulent eux-mêmes « chrétiens » et qui n'ont aucune expérience personnelle de leur Sauveur !  

Misère des chrétiens qui n'ont pas la paix 
et ne connaissent pas le Christ.


     Je pensais autrefois : « Que je suis malheureux d'être né dans un pays païen, et qu'ils sont heureux ceux qui savent tout ce qui concerne Jésus-Christ ! » Mais après avoir visité d'autres pays, je dus changer ma manière de voir, et je bénis Dieu de m'avoir fait naître dans une contrée païenne, parce qu'alors, je n'étais pas satisfait, tandis que les habitants des pays chrétiens s'imaginent avoir trouvé, n'avoir rien à chercher. Beaucoup préfèrent aller au théâtre plutôt qu'à l'église ; beaucoup s'adonnent à la boisson au lieu de chercher autre chose. Beaucoup se contentent de savoir ce qui a été dit au sujet de Jésus-Christ... mais, au dernier jour, Jésus-Christ leur dira : « je ne vous connais pas! Vous connaissiez ce qui me concerne, vous saviez que je suis né en Palestine, que j'y suis mort, et moi, je sais où vous êtes nés et avez vécu, mais je ne vous connais pas, parce que vous ne m'avez pas connu ». Et alors ils resteront tristes et confus, et constateront qu'il ne leur a servi à rien du tout de savoir qui est Jésus-Christ, au lieu de le connaître Lui-même, et de l'entendre leur dire : « Oui, je te connais, j'ai vécu avec toi, et nous allons vivre ensemble dans le ciel ».
     Jésus l'a dit : « Il en viendra beaucoup du Nord et du Sud, de l'Est et de l'Ouest... mais les enfants du Royaume seront jetés dehors ». Qui sont ces « enfants du Royaume »? Ce sont les chrétiens de nom. Ils se croient sauvés, mais ils ne le sont pas. Et ceci est une occasion pour nous d'y réfléchir : Sommes-nous des chrétiens de nom ou bien connaissons-nous Christ personnellement?
     Lorsque nous le connaîtrons personnellement, alors nous recevrons cette paix si merveilleuse que je ne sais pas de mots pour la décrire... 
     En un sens, vous avez plus de bonheur que moi, parce que vous n'avez pas, comme moi, déchiré et jeté au feu la Bible, et jamais haï Jésus-Christ comme je l'ai haï. Mais si un grand pécheur comme moi peut être sauvé, comment tous les autres ne pourraient-ils pas l'être ? D'autre part, il y a beaucoup d'hommes, dans les pays chrétiens, qui seront punis, parce que, devant eux, se lèveront les représentants des pays païens qui leur diront : « Vous avez perdu la vérité que vous connaissiez depuis votre enfance ».
     Pour nous, aux Indes, qui avons reçu Jésus-Christ, nous sommes reconnaissants aux chrétiens d'Occident, parce qu'ils nous ont envoyé des missionnaires, leurs propres fils, et dépensé pour nous leur propre argent. Autrefois donc, je pensais : « Ils doivent être de bons chrétiens et des gens merveilleux, ceux qui font ces sacrifices pour nous envoyer l'Évangile ! » Mais après avoir visité certains pays ,chrétiens, j'ai été profondément désappointé de ce que beaucoup ne sont pas de véritables chrétiens. Et j'ai dû constater qu'il n'y a point de pays chrétien. Il y a des chrétiens.
     Je ne suis pas venu ici pour prêcher, mais simplement pour rendre mon témoignage. Ce que Jésus-Christ a fait pour moi, il peut le faire pour d'autres. Plus nous savons de choses à son sujet, mieux nous sommes préparés à le connaître Lui-même. Pour le connaître personnellement, il faut consacrer quelques minutes au moins chaque jour à lire sa parole et à prier. C'est alors qu'il se révélera à nous comme le Sauveur vivant, et alors nous pourrons, à notre tour, rendre notre témoignage et dire que nous avons trouvé la paix auprès de Celui qui a dit : «Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et vous trouverez le repos de vos âmes ».
     J'ai une grande joie à rencontrer des frères ici ! Nous sommes réunis pour un instant, mais le temps vient, et il sera bientôt là, où tous, ceux du Nord et du Sud, ceux de l'Est et de l'Ouest, se rencontreront pour ne plus jamais se quitter. Alors nous ne dirons plus : «Ma patrie, c'est la Suisse, l'Angleterre, l'Inde », mais : « Ma patrie, c'est le Ciel ».
     Et que Dieu nous aide, d'ici là, à trouver véritablement la paix et la joie en Lui, pour que nous puissions être prêts à passer avec Lui l'éternité. 

CHAPITRE 2

La vie avec abondance. 

Tavannes, mercredi 1er mars 1922. 
En plein air, place du Collège, à 3 h. de l'après-midi. 

Différence entre « la vie » et « la vie avec abondance ». 
Un malade impuissant à tuer un serpent.


     Je suis très heureux de vous voir, mais je regrette infiniment que la langue nous sépare ; j'aimerais tant pouvoir vous parler dans la vôtre ! Après tout, cela n'a pas une très grande importance, car la langue n'est rien ; c'est l'esprit, l'âme qui s'y reflète qui importe. Une seule langue en Christ, c'est assez pour nous dans toutes nos difficultés. 
     Avant de commencer à parler, je lirai un verset dans l'Évangile de Jean 10 : 10 : « Le voleur ne vient que pour voler, tuer et détruire. Je suis venu afin que mes brebis aient la vie et qu'elles l'aient avec abondance». 

     Il y a quinze jours, j'étais à Jérusalem et mes pieds foulaient, près du Temple, l'endroit même que ceux de notre Sauveur ont foulé bien des fois. Cela fit sur moi une profonde impression : quoique notre Sauveur ne fût pas là avec son corps de chair, je croyais l'entendre prononcer ces paroles : « je suis venu afin qu'elles aient la vie, une vie plus abondante ». Il a bien dit que non seulement nous pouvons recevoir la vie, mais encore la vie avec abondance. J'illustrerai par un récit la différence qui existe entre «la vie » et « la vie avec abondance ».
     Il y a quelques années, il y avait aux Indes un homme resté très faible à la suite d'une longue maladie ; il était si faible qu'il ne pouvait plus vivre bien longtemps. Un jour qu'il était couché sur son lit, seul, il aperçut un serpent qui rampait de son côté ; il aurait bien voulu se sauver, mais il n'en avait pas la force, il ne pouvait pas bouger. Il avait encore la vie, mais une vie insuffisante même à saisir une pierre pour tuer le serpent. Il eut bien peur en voyant la bête approcher ; pourtant, il fut mordu et une demi-heure après il mourait. Plus tard, un de ses parents, homme fort et bien portant, tua le serpent.
     Il y a bien des chrétiens aussi qui ont reçu la vie et n'ont pourtant aucune force, aucune puissance spirituelle qui leur permette de tuer le serpent ; ils ont la vie... une vie qui ne leur sert à rien ; ces chrétiens-là ne peuvent s'aider à eux-mêmes, ils ne peuvent pas sauver leur propre vie ; comment pourraient-ils aider aux autres? Si même ils en ont le désir, la force leur manque. Le résultat sera que Satan, l'ennemi des âmes, viendra et les mordra, si bien que le péché souillera leurs âmes. Pourtant, notre Sauveur a promis de nous donner, non seulement la vie, mais la vie avec abondance. Si nous possédons cette vie abondante, nous sommes assez forts pour tuer l'ennemi. 

La vie diminuée est une maladie qui enlève le goût 
pour la prière et pour la Bible.
     Les chrétiens qui n'ont pas cette vie en abondance n'aiment pas la prière, n'aiment pas lire la Parole de Dieu. Dans un de nos hôpitaux, aux Indes, un homme malade depuis très longtemps avait si bien perdu le sens du goût qu'il ne jouissait plus d'aucune nourriture. Il était tout surpris de ne plus rien trouver bon. Beaucoup de ceux qui ont reçu une certaine vie de l'Esprit, ont perdu néanmoins le goût spirituel à cause de la maladie du péché et ne peuvent pas apprécier la Parole de Dieu. C'est leur faute à eux et non pas celle de la Bible. Ceux qui ont la vie en abondance reçoivent la Parole de Dieu et apprécient cette nourriture spirituelle ; ils connaissent la vraie vie, la vie qui n'est qu'en Jésus-Christ. 
     Tant de chrétiens n'ont aucune joie en Jésus ; ils cherchent le plaisir et ne trouvent pas Christ dans leur plaisir. Ce n'est pas la faute du Sauveur, mais la leur.
     Il y a quelques années, alors que je n'étais pas encore chrétien, je haïssais Christ et j'étais son ennemi. il essayais en vain de satisfaire les aspirations de mon âme avec les choses de ce monde. Je possédais beaucoup des biens de ce monde et cependant rien ne me satisfaisait, car le vide de notre âme ne peut pas être comblé par les choses matérielles, mais seulement par Celui qui a créé notre coeur et qui sait comment le satisfaire. En devenant chrétien, je dus quitter la maison paternelle et ma parenté ; j'avais tout perdu, mais pour trouver tout en Christ. En Christ aussi, j'ai trouvé une paix merveilleuse, que le monde ne peut pas donner et qu'il ne peut pas enlever. Cette paix, je ne l'ai pas ressentie seulement quand j'étais à l'abri, près de mes amis, mais encore au sein des plus grandes difficultés.

La vie nouvelle en Christ donne une paix merveilleuse. 
Sundar Singh dans des ceps.

   Je me rappelle le jour où j'allai annoncer l'Évangile au Népal. Ces gens n'aimaient pas du tout que je parle contre leur religion et me disaient : « Tu es ici sans la permission de notre roi! » je leur répondais : « En effet, je n'ai pas obtenu la permission de votre roi, mais ai celle du Roi des rois ». «Très bien! si ton roi t'a envoyé, nous allons voir comment il te sauvera.» Ils me mirent en prison, pieds et mains entravés dans des ceps, de sorte que je ne pouvais pas remuer. Ils m'avaient pris tous mes vêtements, j'étais absolument nu et l'on me mit en outre sur tout le corps des sangsues qui se gorgèrent de mon sang. Au commencement, je souffris ; pendant la première demi-heure je trouvai que c'était une dure épreuve. Cela provenait de ma propre faiblesse et mon Père céleste ne vint pas immédiatement à mon secours. Bientôt, cependant, une paix merveilleuse m'inonda et Sa présence fit de ma prison le ciel sur la terre. je ne sais pas chanter, mais à ce moment-là je ne pus pas rester silencieux si bien que, au milieu de la persécution, je me mis à chanter de magnifiques hymnes de louanges. On vint alors me dire : «Que ton roi te sauve, maintenant! Te voilà en prison et il ne peut pas te sauver ! » je répondis : « Par sa grâce, je suis libre ; j'ai la paix de l'âme, que vous ne possédez pas ».
     Dans cette prison se trouvait un homme qui avait eu l'occasion de lire l'Évangile de Marc et l'avait déchiré. Il me disait : « Tu as abandonné ta religion et tu voudrais nous gâter tous comme toi ! » Il voyait bien qu'en Christ je trouvais une puissance de vie qui transformait ma prison en ciel. Là-dessus, on alla dire au gouverneur : « A quoi cela sert-il de le garder en prison » « Tant qu'il prêchait son Évangile, personne ne prenait garde à lui, tandis que depuis qu'il est en prison, des masses de gens vont l'écouter ». Le gouverneur dit : « Laissez-le aller ; il est fou ! » L'homme qui avait déchiré l'Évangile s'avança alors et dit: « Un fou peut-il être si heureux ? si c'est un fou qui possède une joie pareille, je désire être fou moi aussi et je le désire non seulement pour moi, mais pour le monde entier ». Il vint à moi et me dit : « Pardonne-moi ! » Je lui dis d'aller au Sauveur pour trouver le pardon et quelque temps après cet homme demanda le baptême

CHAPITE 3

Veillez et priez.
(Mat. 26: 41.)
Temple de Chailly, le dimanche 5 mars 1922,à 10 h. du matin.

  
L'oubli de la prière, cause de chutes morales.


     Veillez et priez. C'est la chose essentielle pour notre vie spirituelle. Beaucoup de chrétiens n'arrivent pas à comprendre ce qu'est le Christianisme ; ils négligent la prière. Ils savent bien des choses au sujet du Christ, mais ils ne Le connaissent pas, Lui. Si nous prions, nous saurons qui est Jésus-Christ. Beaucoup de chrétiens le connaissent par la lecture de la Bible ; ils savent qu'il est un grand homme, un grand conducteur spirituel. Quelques-uns pensent qu'il est un grand prophète, mais, parce qu'ils ne prient pas, ils ne comprennent pas qu'il est le Christ vivant. Ils croient qu'il nous a laissé un grand exemple à suivre, mais non pas qu'il est Dieu. Il y a déjà eu bien des prophètes dans le monde, en divers pays, mais aucun n'a pu satisfaire l'âme humaine. Après tant de prophètes, il fallait au monde un Sauveur, Dieu incarné. 

     Il enseigna à ses disciples à prier. Notre vie spirituelle est en grand danger lorsque nous ne prions pas. Ce danger ne consiste pas uniquement dans le fait de commettre le péché, mais dans bien d'autres tentations d'ordre spirituel. Nous sommes tentés et nous succombons à la tentation, parce que nous n'accomplissons pas la volonté de Dieu. 

     Lorsque Christ était en prière à Gethsémané, trois de ses disciples étaient avec lui. Il leur recommanda de prier et, quand il les retrouva endormis, il leur dit, particulièrement à Pierre : «Ainsi, vous n'avez pas pu veiller une seule heure avec moi ». Pierre perdit une grande bénédiction pour n'avoir pas pu prier, pendant une heure, avec le Maître. Combien de fois, dans sa vie, n'a-t-il pas regretté d'avoir perdu cette bénédiction, cette puissance ! S'il l'avait eue, jamais il n'aurait renié son Maître. Bien qu'il ait beaucoup travaillé pour le Seigneur, afin d'en sauver d'autres, la pensée qu'il avait renié le Christ doit être restée comme une écharde dans sa vie. 
  

     Lorsque j'entendis parler de Christ, je me mis à le persécuter dans ses enfants ; je me disais : « Christ a été un grand homme, sans doute, mais nous autres, aux Indes, nous avons aussi de grands prophètes ». J'avais besoin d'un Sauveur et ne pouvais pas comprendre que Christ était ce Sauveur. De nos jours, les habitants des pays appelés chrétiens savent beaucoup de choses au sujet de Christ, mais ils ne le connaissent pas, Lui. Après avoir visité l'Angleterre et l'Amérique, je retournai aux Indes et, là, on me demanda : « Que pensez-vous que le christianisme ait fait en Europe ? Christ a dit : « Aimez-vous les uns les autres » et ils se sont fait la guerre. 

     Le christianisme a fait faillite en Europe ! » je répondis : « Ce n'est pas le christianisme qui a fait faillite, mais c'est l'Europe qui a fait faillite en ne comprenant pas le Christ ». Ils n'ont pas pu comprendre son enseignement, parce qu'ils ne vivent pas avec Lui. Il y a quelques hommes de prière qui connaissent Christ et vivent avec lui. Ceux-là nous envoient des missionnaires, donnent de l'argent pour les missions et connaissent vraiment Jésus-Christ ; mais, à côté de ceux-là, il y en a beaucoup qui voient en JésusChrist un grand homme et non pas un Sauveur. Ils ne croient pas qu'il est le Sauveur, parce qu'ils ne l'aiment pas vraiment et ne le prient pas. Ils sont très instruits dans la science, la philosophie, mais ne comprennent rien aux choses spirituelles. Ils nourrissent leur cerveau, et leur âme meurt de faim. Ce n'est pas le cerveau qui peut satisfaire le coeur, mais Celui qui a créé ce coeur ; aussi n'est-ce que quand ils prieront qu'ils seront satisfaits en Jésus-Christ. C'est par la prière que nous connaissons la vraie valeur des choses spirituelles. 

L'oubli de la prière fait perdre Christ.
     Beaucoup de chrétiens de nom sont comme cet homme qui possédait un diamant et croyait que c'était seulement une belle pierre. Il n'en connaissait pas la valeur et le vendit pour quelques francs. On lui dit ensuite que cette pierre valait cent mille francs et il se lamentait ainsi : « je ne savais pas que ma pierre valait autant ! » Beaucoup de gens, dans les pays chrétiens, considèrent Christ comme une pierre précieuse, mais, n'en connaissant pas la vraie valeur, ils ne savent pas l'apprécier. Lorsqu'ils apprennent à le connaître et à vivre avec lui, alors ils l'apprécient. L'homme qui vendit son diamant pour quelques francs n'avait jamais vu de diamant et c'est pourquoi il n'en connaissait pas la valeur. Beaucoup d'hommes, parce qu'ils ne connaissent pas vraiment Jésus, ne peuvent pas apprécier sa qualité de Sauveur. Ceux qui vivent dans les pays non chrétiens, ceux qu'on appelle des païens, ne savent pas où chercher ce qui leur manque. 

     Il y a une raison pour laquelle je suis heureux d'être né en pays païen, plutôt qu'en pays chrétien : c'est que, lorsque les religions de là-bas ne m'ont plus satisfait, j'ai cherché autre chose et l'ai ainsi trouvé, Lui, mon Sauveur. Je considérais Christ seulement comme un homme supérieur et je découvris qu'Il est mon Sauveur, tandis que, dans les pays chrétiens, où on l'a toujours connu, on reste indifférent, et c'est la pire des ignorances. Dans mon pays, les Hindous adorent des idoles : ils ne connaissent rien de mieux. Et pourtant, ils arrivent à la connaissance de Christ, tandis que, dans ces pays-ci, on entend parler de lui, mais on reste indifférent et on ne cherche pas à le connaître, Lui. C'est pour cela que je dis que c'est la pire des ignorances... Au dernier jour, au jour du jugement, ceux-là seront punis plus sévèrement que les païens. 

Par la prière, nous sommes au-dessus du péché.
     Saint Paul a dit : « Dieu nous fait asseoir avec Jésus-Christ dans les lieux célestes ». Il ne dit pas « après la mort seulement », mais déjà dans cette vie nous pouvons vivre dans les lieux célestes. Paul était un homme de prière. Pour que notre vie devienne une vie de prière, nous devons vivre dans les lieux célestes dès cette terre, et alors, en priant, nous serons délivrés des dangers et des tentations.
     J'illustrerai cette pensée par un récit: Il y a quelques années, j'étais assis, un jour, sur une montagne de l'Himalaya, haute de six mille mètres, lorsqu'un orage terrible éclata tout à coup. je fus tout d'abord effrayé à la pensée que j'étais en danger d'être foudroyé, mais bientôt je vis que l'orage se déchaînait au-dessous de moi. J'étais dans la calme lueur du sommet, alors que, sous mes pieds, 1'orage se déchaînait et les éclairs sillonnaient la nue. Et cette parole du Christ traversa mon esprit : « je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair ». je me dis alors : « Il en est ainsi pour l'enfant de Dieu - tant qu'il est sur la hauteur, tout près du Christ vivant, assis dans les lieux célestes avec Christ, Satan ne peut rien contre lui. C'est seulement lorsqu'il descend et s'éloigne de Christ que la tentation et le péché peuvent avoir prise sur lui ». Par la prière, nous nous tenons éloignés du danger et les efforts du tentateur ne pourront rien contre nous. 

La connaissance de Christ par la prière est un 
fait d'expérience.
     Je demande quelquefois à des chrétiens : « Pourquoi croyez-vous en Jésus-Christ ? » On me répond: « Parce qu'il est le Sauveur ». Je demande alors : « Quelle preuve avez-vous qu'il soit le Sauveur ? » « Mais c'est dit dans la Bible ! » Je dis alors : « Le fait qu'il est parlé de Jésus-Christ dans un livre, même dans la Bible, n'est pas une preuve suffisante ; cette preuve doit se trouver dans votre coeur ; c'est dans votre coeur que vous devez Le connaître et vous réaliserez alors qu'Il est le Sauveur ».
     C'est tout autre chose d'avoir entendu parler de Christ ou de Le connaître. Tant que j'entendais seulement parler de Lui, je le haïssais, mais, lorsque je le connus vraiment, alors je l'aimai. Si, nous le connaissons de nom, nous n'en retirons aucun bien, nous ne trouvons aucun secours spirituel, mais dès que nous le connaissons, Lui, personnellement, nul ne nous demande plus si nous aimons notre Sauveur. Il y a dans notre vie quelque chose qui le montre. Nous pouvons avoir des difficultés et des tentations dans le monde, mais nous ne serons jamais vaincus si nous connaissons le Christ vivant.
     Un homme appartenant à une caste élevée du nord de l'Inde devint chrétien. Il fut chassé de chez lui et souffrit beaucoup. Un jour, ses parents 1'entourèrent et le battirent cruellement. Ils le laissèrent tellement meurtri que son sang coulait et qu'il perdit connaissance. En revenant à lui, il se releva et se mit à prier: « Oh ! Dieu, je te remercie pour ces souffrances ; c'est un grand bonheur que de souffrir pour toi ». J'ai vu à ce moment, la puissance du Christ vivant, cette puissance que le monde ne peut pas donner et qu'il ne peut pas ôter... Cet homme se leva ensuite et alla dire à d'autres ce qu'il avait trouvé en Jésus-Christ : « Si Jésus-Christ n'avait été qu'un grand homme, disait-il, il n'aurait pas pu m'aider ainsi, mais Il est le Christ vivant qui s'est donné pour moi ». Les gens furent très surpris de le revoir, car ils le croyaient mort après avoir perdu tant de sang, mais il leur dit : « Christ m'avait donné ce sang et maintenant Il m'a donné une vie nouvelle, afin que je lui rende témoignage ». « Comment avez-vous trouvé cette vie ? » lui demanda-t-on. « En priant . Par la prière, nous entrons en communion avec Jésus-Christ, il se révèle à nous et parle à notre âme un langage merveilleux que le monde ne peut pas comprendre. Nous ne le voyons pas avec nos yeux de chair, mais nous sentons sa présence et sa présence dans mon coeur , c'était le Ciel sur la terre. »
     J'ai rencontré ce jeune homme et lui ai dit que mon expérience était semblable à la sienne. Je lui racontai que, lorsque j'ai été jeté en prison pour avoir prêché l'Évangile, j'ai joui d'une paix telle que le monde ne peut se la représenter. Le monde peut penser que ceux qui croient ressentir cette paix-là sont des illuminés, mais c'est bien la réalité. Le Christ vivant peut vous donner cette paix au sein des persécutions et des difficultés. Je n'aime pas à dire que j'ai été en prison, car en réalité j'étais au Ciel, mais je suis obligé d'employer ce mot-là pour expliquer la chose. En réalité, c'était le Ciel. Ceux qui disent qu'ils ne croient pas à la divinité du Christ, qu'Il n'est pas d'essence divine, ne peuvent pas ébranler ma foi, parce que je Le connais, Lui.
     Quand un homme a soif et qu'on lui donne de l'eau, il boit et il est satisfait. Qu'on vienne alors lui dire: « Ce n'était pas de l'eau », il répondra. « Insensés, je sais que c'était de l'eau, car j'avais soif, j'ai bu et je suis désaltéré ». C'est ainsi que je sais, par ma propre expérience, qu'il est le Sauveur, l'eau vivante, l'eau qui donne la vie.
La satisfaction suprême est en Christ, 
et non pas dans les nouveautés religieuses.
     Il y a beaucoup de tentations d'ordre spirituel dans ce monde et nous avons besoin de force pour y résister. Pour vaincre Satan, nous avons besoin du secours de notre Sauveur. Nous devons aller à lui et le prier, afin qu'il se révèle à nous et que nous le connaissions. Quand je le prenais pour un grand prédicateur de morale, je me trompais; quand j'ai prié, j'ai réalisé qu'il est le vrai, le seul Sauveur.
     Chez moi, j'avais tout ce qui rend la vie facile, j'avais la richesse et les biens de ce monde, mais cela ne satisfaisait pas mon âme ; Jésus seul, le Christ vivant, a pu me satisfaire. Cela semble à beaucoup une folie. Le message de la croix est une folie pour beaucoup et, pour moi aussi, c'en était une quand je croyais à l'hindouisme et que je me disais : « Cet homme qui est mort sur la croix n'a pas pu se sauver lui-même ! » Tant que j'essayai de le comprendre avec mon cerveau, je n'y arrivai pas, mais quand, par la prière, je lui donnai mon coeur, alors je le compris et trouvai en lui le Ciel sur la terre. je lui rends donc témoignage de ce que j'ai trouvé en lui, moi qui le haïssais... Que Dieu nous aide à Le connaître!
     De nos jours, s'il y a tant de nouveaux ismes, c'est que les hommes ne connaissent pas Jésus-Christ, qui seul peut les satisfaire. Ils croient une chose et, lorsque cette chose ne les satisfait plus, ils en acceptent une autre et ne sont pas encore satisfaits. Chers amis, ce n'est pas une doctrine, même pas l'enseignement de la morale qui peut vous satisfaire, mais le Christ vivant. Dans bien des pays, j'ai vu des hommes qui haïssaient Christ et qui ont été transformés quand ils ont appris à le connaître. Ils ont trouvé en Lui force et puissance.
Que le Seigneur nous aide, afin que notre vie devienne une vie de prière et afin que nous puissions Le connaître et L'aimer dans ce monde! 

CHAPITRE 4

Un jeune garçon à la multiplication des pains.
École du dimanche de Chailly,  
le 5 mars 1922.
Jean 6: 9. 
  
      Vous connaissez ce miracle. Jésus nourrit cinq mille hommes. Chaque fois que j'y pense, je me dis : « Christ a fait ce miracle pour une grande quantité de gens, car il y avait cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants, de sorte qu'il dut bien y avoir en tout dix mille personnes ». Ce ne sont pas les apôtres qui ont fait ce miracle.
     Peut-être pensez-vous : « Nous sommes des enfants, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Les grandes personnes seules peuvent travailler pour le Seigneur. Eh bien, ici, nous lisons qu'une grande chose a été faite par un petit garçon, qui avait seulement cinq pains et deux poissons. Il semble avoir été un très gentil garçon, et sa mère devait être une très bonne mère. Elle avait vu que son fils avait bien envie d'aller entendre Jésus et elle le lui avait permis. Elle lui avait dit : « Tu suivras peut-être Jésus pendant plusieurs jours, prends quelques pains avec toi ». Elle lui donna donc les pains et les poissons ; son fils les prit et alla rejoindre Jésus, avec lequel il resta trois jours ou même davantage.
     N'est-ce pas magnifique qu'il n'y eût pas là, avec Jésus, seulement des personnes instruites ou âgées mais aussi ce petit garçon ? Beaucoup d'enfants auraient préféré aller jouer plutôt que d'écouter un prédicateur. Ce garçon, lui, ne resta pas à jouer avec ses amis ; il s'en alla écouter Jésus. Lorsque ce fut l'heure du repas, beaucoup de gens qui étaient là n'avaient rien à manger. Ce garçon avait donc cinq pains et deux poissons. Quand on lui demanda de les donner, il ne refusa pas en disant : « Cinq pains ne seront pas suffisants pour tant de monde », non, il les donna tout de suite aux apôtres, qui les donnèrent à Jésus. Et Christ les bénit, et dix mille personnes eurent à manger! Ce grand miracle ne se fit pas par l'entremise des apôtres, mais par celle d'un enfant. Ceci doit être une leçon pour vous : ce ne sont pas seulement les grandes personnes qui peuvent faire de grandes choses, mais aussi des enfants comme vous. Si vous n'avez que peu de chose à donner à Dieu, Lui peut en tirer une bénédiction pour des milliers de gens. Seulement, il ne faut pas refuser, il ne faut pas vous dire : « Nous ne pouvons rien faire ! » Dieu peut avoir besoin de vous pour un grand travail.
     Nous devons être prêts à donner nos pains et tout ce que nous avons à notre Sauveur, qui en tirera de grandes bénédictions pour d'autres. Christ était toujours heureux de voir de petits enfants. Ceux qui ont vécu avec Lui ont dû le voir pleurer bien souvent ; ainsi, quand il se tenait devant la tombe de Lazare, il pleurait, mais ils ne l'ont jamais vu rire. Si jamais il a ri ou souri, c'était sûrement quand il voyait de petits enfants, car il est tout à fait naturel de penser que, lorsqu'il regardait les innocents visages de ces petits, il leur souriait.
     Bien que Jésus-Christ soit mort sur la croix, il ne nous a pas quittés. il est avec nous, maintenant, il vous aime tous. Priez-le et il vous bénira. En un sens, chacun de vous est déjà béni, parce que vous vivez dans un pays chrétien. Vous avez tant d'occasions d'entendre parler du Seigneur, soit par vos parents, soit à l'École du dimanche. Lorsque j'étais un enfant, je ne savais rien de Jésus-Christ, mais plus tard, à l'école de la Mission, j'entendis parler de lui. je vous trouve bien privilégiés, vous qui entendez parler de Jésus-Christ dès votre enfance.
     Il y a des enfants qui aimeraient beaucoup entendre parler de Jésus-Christ, mais qui n'en ont pas 1'occasion, et vous, qui en avez souvent l'occasion, vous n'y tenez peut-être pas. Il faut profiter de cette occasion-ci et demander à Dieu de vous bénir ; alors, il se servira de vous pour être en bénédiction à d'autres.
     Avant-hier, j'ai raconté l'histoire d'une petite fille qui vivait au Tibet. Elle entendit parler de Jésus-Christ et l'aima. Son maître, un prêtre bouddhiste, se mit alors à la détester, et une fois, cette petite fille de treize ans fut enfermée dans une chambre pendant trois jours, sans rien à boire, ni à manger. C'était bien dur pour cette enfant, mais elle ne regrettait pas d'avoir appris à croire en Jésus-Christ et d'être enfermée à cause de Lui. Elle priait sans cesse, elle était tout heureuse et ressentait une grande joie en pensant à Jésus.
     Le prêtre bouddhiste vint dans sa chambre, au bout de trois jours ; il fut tout étonné de la trouver si joyeuse. Cet homme était un personnage important et pourtant il lui dit : « Bien que je sois un vieillard et un savant, tu me donnes une leçon, toi, une petite fille. Tu as trouvé quelque chose que je n'ai pas ». Ce prêtre si instruit fut béni par le moyen de cette enfant et, si les enfants des pays païens peuvent être ainsi en bénédiction, vous le pouvez bien davantage, car vous avez beaucoup plus d'occasions. Si vous n'aimez pas le Sauveur et ne travaillez pas pour Lui, vous le regretterez un jour. Quand nous verrons et rencontrerons notre Sauveur, vous verrez aussi cette petite fille en sa présence. Alors, le Seigneur vous dira peut-être : « Cette petite fille, qui vivait dans un pays païen, a beaucoup fait pour moi, et toi, qu'as-tu fait ? Tu as entendu parler de moi beaucoup plus souvent que cette petite fille, mais tu n'as pas fait attention ». N'aurez-vous pas alors bien honte ? Ceci est une occasion de vous encourager à faire quelque chose pour Jésus. Si vous l'aimez dès maintenant, Jésus sera heureux de vous voir au Ciel, où nous irons vivre pour toujours avec Lui, qui est descendu du Ciel pour nous sauver.
     Que Dieu vous bénisse, afin que vous puissiez le connaître, l'aimer et faire quelque chose pour lui. je suis heureux de vous voir et j'aimerais pouvoir vous parler dans votre langue. Le temps viendra où nous nous rencontrerons en sa présence dans la demeure éternelle, mais avant de nous retrouver dans cette demeure céleste, nous devons travailler pour notre Sauveur. Je ne vous reverrai peut-être jamais. Mon message pour vous, c'est que ce ne sont pas seulement les gens instruits ou les grandes personnes qui peuvent faire quelque chose pour Christ, mais aussi les enfants. Ce garçon donna ses cinq pains et ses deux poissons au Seigneur, qui en tira une bénédiction pour un grand nombre de personnes ; donnez, vous aussi, ce que vous avez à Jésus et Il le bénira. 

CHAPITRE 5

Connaître Christ comme fils de 
Dieu et comme Sauveur.
Lausanne, place de Montbenon, 
le dimanche 5 mars 1922, à 3 heures.



Celui qui a reçu mes commandementset qui les garde, c'est celui-là qui m'aime.  
Et celui qui m'aime sera aimé de mon Père,je l'aimerai et je me ferai connaître à lui. 
Jean 14: 21.


Connaissance incomplète de Jésus-Christ.
     Il ne se fait pas connaître à chacun mais seulement à ceux qui y sont préparés et cherchent la vérité de tout leur coeur. Il ne veut pas se révéler à nous dans l'impatience et le tourbillon de la vie. Nous lisons dans Marc 8: 22, qu'un jour où notre Sauveur se trouvait dans la ville de Bethsaïda, entouré de la foule, il y avait là un aveugle venu d'un village des environs, que ses amis amenèrent à Jésus, afin qu'Il le guérit. Christ alors, prenant l'aveugle par la main, le fit sortir du village. Il ne voulait pas le guérir au milieu de la foule, qui aurait pu être une entrave à l'oeuvre qu'il désirait accomplir. Le Seigneur fit alors une chose que, sans doute, vous n'aimeriez pas du tout : Il mit de la salive sur les yeux de cet homme. Si certains d'entre nous avaient été là, ils auraient perdu la foi. Nous n'aurions pas aimé cette salive et nous aurions dit: «Mais ne peut-il pas guérir d'un mot, sans même toucher le malade ? » Pourtant, il y avait une cause déterminée à cet acte. La salive ne contenait aucune médecine, aucun remède, mais Christ désirait se rendre compte de la foi de l'aveugle : « S'il ne fait pas d'objection, je le guérirai ». Cet aveugle avait de la foi, certainement, mais il y avait encore quelque difficulté ; sa foi n'était pas entière, il y avait un déficit dans sa foi, aussi ne reçut-il qu'une demi-guérison. Christ lui demande s'il voit quelque chose, et il répond : « je vois des hommes qui marchent et qui sont comme des arbres... » Mais les hommes ne sont pas comme des arbres ! Ses yeux n'étaient qu'à demi-ouverts ; il ne pouvait pas voir les choses clairement, aussi Christ dut-il toucher ses yeux de nouveau. Au commencement, il n'avait pas assez de foi pour que Christ pût le guérir et il ne reçut qu'une demi-vue, mais ensuite sa foi augmenta, il crut entièrement et reçut alors une guérison complète. 
  

     Il y a aux Indes, des gens qui ressemblent à cet aveugle. Leurs yeux sont ouverts, mais ils n'ont reçu qu'une demi-vue, ils ne voient pas distinctement. De même que cet aveugle vit des hommes qui étaient comme des arbres, de même beaucoup de chrétiens, aux Indes, ne réalisent pas, ne voient pas Christ. Ils pensent qu'il n'a été qu'un homme et ne voient pas qu'Il est Dieu. 
     L'agitation, le manque de Prière et le péché empêchent de connaître Christ comme Sauveur. 
     Pour pouvoir donner à cet aveugle une vue entière, Christ le fit sortir de la foule. Si nous consacrons du temps à la prière, dans une retraite tranquille et solitaire, nous recevrons une vue entière. Ici, en Europe, les gens sont tellement occupés qu'ils n'ont pas le temps de voir leur Dieu. C'est très bien de travailler, mais il est nécessaire d'avoir un peu de temps pour être seul avec Dieu, sinon nous ne pouvons pas voir Dieu, nous ne pouvons pas comprendre les choses de l'ordre spirituel.
     Cependant, il y en a aussi en Europe qui connaissent vraiment Christ comme le Sauveur vivant et qui partent comme missionnaires. D'autres, qui ne peuvent pas partir eux-mêmes, aident par leurs dons ceux qui s'en vont afin que les contrées qui n'ont pas encore eu l'occasion de recevoir l'Évangile puissent à leur tour en entendre le message. Mais nous ne pouvons rien faire pour les autres si nous n'avons pas premièrement compris et réalisé nous-mêmes qui est Jésus-Christ. Beaucoup d'entre nous le connaissent comme le Fils de l'homme, ainsi que c'était le cas pour l'aveugle-né. Cet homme aurait dû être infiniment reconnaissant car, enfin, il était né aveugle et ses yeux furent miraculeusement ouverts ; mais, bien qu'il eût reçu la vue, il y avait une chose des plus importantes qu'il ignorait encore. Sans doute, lorsque ses connaissances l'interrogèrent, lui demandant comment il avait trouvé la guérison, il rendit ce témoignage: « Jésus-Christ m'a guéri ». Mais, quand Jésus, l'ayant rencontré de nouveau, lui demanda: « Crois-tu au Fils de Dieu? », il ne savait pas du tout de qui il était question. Il connaissait le Fils de l'homme, mais il ne savait pas que Jésus, le Fils de l'homme, est aussi le Fils de Dieu, de sorte que, ayant reçu la vue de ses deux yeux, il avait reçu Jésus comme le Fils de l'homme; n'ayant pas reconnu que ce même Jésus est le Fils de Dieu, il n'avait pas reçu la vue de l'Esprit. 
     Combien de chrétiens, dont les yeux paraissent être ouverts, ne voient Christ que comme un grand homme, un homme parfait, sans discerner en Lui le Christ vivant, Dieu incarné. La vue des yeux du corps ne suffit pas ; il faut posséder la vue spirituelle. Ce sont nos yeux spirituels qui doivent s'ouvrir et alors nous voyons, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu Lui-même.
     Beaucoup de chrétiens sont comme Marie, qui aimait Jésus-Christ et allait le voir dans son tombeau lorsqu'Il ressuscita des morts. Elle aimait Jésus de toute son âme et pourtant, quand elle le vit sortir du tombeau, elle ne le reconnut pas. Sa vue était troublée par les larmes, il y avait devant ses yeux comme un brouillard qui l'empêchait de le reconnaître ; elle crut que c'était le jardinier. C'est ainsi pour beaucoup de chrétiens ; ils aiment Jésus sans reconnaître en Lui le Sauveur qui se leva d'entre les morts, le Christ vivant. Ils ne peuvent pas le reconnaître à cause du brouillard du péché et de l'erreur ; ils ont des larmes de tristesse plein les yeux. Mais, quand ils ouvrent leur coeur à Christ, alors ils le reconnaissent. Marie reconnut sa voix. Si nos coeurs sont remplis de sa présence, nous le reconnaissons partout, dans le jardin, dans les lieux solitaires, lui Jésus, le Sauveur du monde. Il s'est fait homme pour nous et, parce qu'il a vécu comme un homme, nous ne pouvons pas croire qu'il est Dieu. 
  

Parabole du Propriétaire de moutons déguisé.
     Il y a quelques années, dans les montagnes de l'Himalaya, je rencontrai un homme qui possédait plusieurs centaines de moutons. Ayant perdu quelques-uns de ces animaux, égarés ou malades dans la montagne, il demanda à ses serviteurs d'aller à leur recherche ; ils refusèrent, par crainte des bêtes féroces. Voyant que ses serviteurs avaient peur, le maître décida d'aller lui-même à la recherche de son troupeau perdu, pour le sauver. En réfléchissant à la chose, il se dit : « Si je vais tel que je suis, les moutons ne me reconnaîtront pas. Ils connaissent mes serviteurs qui les ont conduits au pâturage, mais moi ils ne me connaissent pas. Il faut que je ressemble à un mouton et ils me suivront! » Cet homme fit alors une chose bien extraordinaire : il se couvrit d'une grande peau de brebis et sortit ainsi vêtu, en s'efforçant de marcher comme un mouton Les moutons ne s'effrayèrent pas du tout en voyant arriver cet être qui leur ressemblait tellement et il put ainsi les ramener au bercail. Tout heureux d'avoir sauvé tous ses moutons égarés, le maître enleva la peau de brebis. Le troupeau dut alors être très surpris, car il croyait avoir affaire à une brebis et voilà que c'était un homme. Il était devenu pareil à une brebis, afin de sauver ses brebis perdues, par amour pour son troupeau. Jésus-Christ, qui est Dieu, s'est fait homme par amour, afin de sauver ceux qui étaient perdus. Les aveugles spirituels croient qu'il n'est qu'un homme, mais le temps viendra où ils comprendront qu'il n'est pas un simple homme, qu'Il est le Fils de Dieu qui s'est fait homme pour sauver l'humanité perdue. Ceux qui mettent du temps à part pour la prière ne sauront pas cela au dernier jour seulement, mais le comprendront déjà dans ce monde. Ils sauront que, bien qu'il ait été semblable à nous et qu'il ait vécu en Palestine comme un simple homme, il était Dieu. Cela, le monde ne peut pas le reconnaître ; les hommes de prière seuls arrivent à le réaliser. Il y a quelques années, moi aussi je ne le connaissais pas tel qu'il est ; je pensais qu'il n'était qu'un grand homme. 
  

Le Christ vivant est apparu à Sundar Singh 
lors de sa conversion.
     J'aimerais redire ici comment je me suis converti, comment je suis devenu chrétien. Beaucoup d'entre vous ne savent pas que j'étais un ennemi de Jésus-Christ. Je déchirais l'Évangile et je le jetais au feu ; je pensais : « C'est une religion fausse ; notre hindouisme est la seule vraie religion ». Quand, tout jeune encore, je ne fus plus satisfait par ma religion, je ne voulus pourtant pas croire à Jésus-Christ et je pensai à me suicider.
     Un matin, je me levai de très bonne heure, je pris un bain froid et me mis à prier, demandant que, si Dieu existe, Il vînt me montrer le chemin du salut. A cinq heures du matin, un train devait passer et il avais décidé de me suicider en me mettant sur les rails, si je n'avais pas, auparavant, trouvé la paix. je priais donc pour que Dieu se révélât à moi, sinon j'irais me suicider, afin de le rencontrer dans l'autre monde. Au bout d'une heure et demie de prière, je vis quelque chose de merveilleux que je ne compris pas tout d'abord. Là, dans ma chambre, le Christ glorieux m'apparut et me dit d'une voix pleine de douceur: «jusqu'à quand me persécuteras-tu ? je suis mort pour toi ; je suis le Sauveur du monde ». je ne m'y serais jamais attendu. C'était le 18 décembre 1904, et trois jours auparavant j'avais brûlé la Bible! Alors, la puissance du Christ vivant me pénétra et je trouvai mon Sauveur, mon tout.
     Lorsque je me relevai, Il avait disparu, mais la paix merveilleuse qui remplissait mon coeur ne m'a pas quitté. Il faisait encore nuit quand j'allai réveiller mon père, qui dormait dans une autre chambre, et lui racontai ce qui m'était arrivé. je lui dis : « Maintenant, je suis chrétien ». Il ne pouvait pas le croire : « Comment! Avant-hier tu brûlais la Bible et aujourd'hui tu serais chrétien! C'est impossible!» Je répondis : « C'est vrai! je connaissais Jésus-Christ par les livres, mais maintenant je Le connais, Lui, le Christ vivant, parce que je l'ai vu et je sais qu'Il est Dieu. je l'ai haï aussi longtemps que ai cru qu'il n'était qu'un homme, mais maintenant Il s'est révélé à moi, je veux le servir ».
     Si je n'avais pas vu le Christ vivant, je n'annoncerais pas l'Évangile que je brûlais il y a quelques années. Cependant, je ne suis pas ici pour prêcher, mais pour rendre témoignage de ce que Jésus-Christ peut faire. S'il peut se révéler d'une manière si magnifique à un ennemi, combien plus peut-Il se révéler à vous, qui le connaissez depuis votre enfance ? Il ne suffit pas d'avoir entendu parler de Jésus-Christ ; il faut le connaître lui-même, personnellement. je suis certain que, par la prière, il se révélera aussi à vous ; alors, vous le connaîtrez tel qu'Il est, et non seulement il se révélera à vous, mais il viendra lui-même vous donner la puissance, la joie, la paix, pour surmonter les tentations. C'est ma propre expérience. 
  

Nécessité de prier chaque matin et de rendre 
témoignage.
     Je ne vous dirai pas tout ce qu'il a fait pour moi, car vous ne pourriez pas le comprendre. Les hommes ne croient pas à ces choses, parce qu'ils ne les comprennent pas et ils ne les comprennent pas, parce qu'ils n'en ont pas fait l'expérience. Si vous priez, si chaque matin, vous savez réserver un moment de prière tranquille avec le Seigneur, vous verrez des choses magnifiques, car tout est possible avec Dieu et vous devez devenir ses témoins.
     Il est probable que je ne vous reverrai jamais, mais je veux encore vous dire que, si vous ne consacrez pas du temps à la prière et ne rendez pas témoignage au Christ vivant, vous serez blâmés au jour du jugement. je vous ai donné mon témoignage, je vous ai dit les choses merveilleuses que le Seigneur a faites pour moi ; j'ai fait mon devoir. A vous maintenant de faire le vôtre. Il ne suffit pas de s'appeler chrétien et d'entendre parler de Christ, il faut apprendre à le connaître comme son Sauveur personnel. Ce n'est que lorsque nous sommes en relation intime avec Lui que nous le connaissons et le servons ; alors, nous ne pouvons plus nous taire ; nous allons dire à d"autres que Jésus-Christ est le Christ vivant.
     Avant de quitter les Indes, je rencontrai un homme qui avait vu un enfant né avec deux têtes. C'est une chose extraordinaire qu'un enfant avec deux têtes, et cet homme avait besoin de raconter cela. Eh bien, celui qui a vu le Créateur lui-même, comment pourrait-il se taire ? Ceux qui se taisent, ceux qui ne savent pas ouvrir la bouche pour parler de Christ, ne l'ont pas vu, car si nous l'avons vu, nous ne pouvons plus nous taire, l'amour pour notre Sauveur nous contraint à parler ; nous devons dire : «Venez et voyez Celui qui est le Christ vivant ». Il veut faire de grandes choses pour vous aussi, si vous lui en donnez l'occasion. Il vous demande de Lui consacrer quelques instants chaque jour pour vous recueillir avec lui dans la prière, afin qu'il puisse se révéler lui-même à vous, mais vous n'avez pas le temps, vous êtes trop occupés!
     Si vous n'avez pas de temps pour la prière, vous ne le connaîtrez jamais. C'est la prière seule qui peut vous faire voir Jésus-Christ et alors il parlera à vos âmes. Que Dieu nous aide à le connaître, et quand nous le connaîtrons, nous aurons la puissance d'être ses témoins. 
  

Hommage à la Mission.
     Je désire ajouter quelque chose que j'ai oublié de vous dire. J'ai rendu mon témoignage, mais je voudrais aussi rendre témoignage à ces serviteurs du Christ, qui sont venus d'Europe aux Indes pour annoncer l'Évangile et dont j'ai vu le travail à Calicut et ailleurs. Quelques-uns ont donné jusqu'à leur vie pour amener les païens à Christ. Au dernier jour, Christ vous demandera : « Qu'as-tu fait pour moi ? » Il y a peut-être parmi vous des égoïstes, qui ne s'inquiètent pas du salut des autres et ne pensent qu'à leur propre salut. Si Christ avait pensé ainsi, il n'aurait jamais quitté le Ciel pour descendre sur la terre, afin de nous sauver. C'est notre devoir d'aider aux autres. Vous ne pouvez pas partir tous comme missionnaires, mais tous vous pouvez aider en priant et en donnant de l'argent. Si vous aimez Jésus-Christ, c'est votre devoir d'aider les serviteurs de Dieu dans leur travail missionnaire. Si vous ne faites rien pour les autres, vous serez punis à cause de votre égoïsme. Le monde est une grande famille. Nous devons nous aider les uns les autres. Nous devons être les témoins de Christ et aider ceux qui s'en vont au loin porter leur témoignage ; les aider de nos prières et de notre argent.

CHAPITRES 6

Le salut par Christ. 

Temple de Morges, le lundi 6 mars 1922, 
à 3 heures.


Cette parole est certaine et digne d'être reçue avec une entière croyance, 
c'est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs, 
dont je suis le premier. Tim. 1 : 15.

Un ennemi de Christ devient son disciple.
     Ce texte bien connu du Nouveau Testament a été écrit par un homme qui avait fait l'expérience du salut par Jésus-Christ. Mais nous devons nous souvenir que l'homme qui a écrit : « Jésus-Christ est venu pour sauver les pécheurs », avait été un ennemi du Christ. Il a dû le voir alors qu'il annonçait au peuple la bonne nouvelle du salut, mais à ce moment-là, il ne pouvait pas croire en Lui. Il avait bien des objections à la prédication de Christ ; cependant il a peut-être senti que Christ était un grand homme et un grand docteur. Plus tard, il pensa que Christ était un faux prophète et alors il se mit à le persécuter. Puis, chose magnifique, le même homme qui avait persécuté Christ se mit à Le prêcher. La puissance du Christ vivant s'est ainsi manifestée : celui qui était un ennemi de Christ devint son ami, parce qu'il vit que Christ n'était pas mort et disparu, mais qu'il était ressuscité. Paul n'était pas un homme sans éducation, mais un Juif instruit, savant dans la philosophie grecque et versé dans les Écritures des Juifs. De sorte qu'il ne devait pas être facilement persuadé. Seul Christ, le Christ vivant, pouvait le convertir. Ainsi son témoignage n'est pas seulement digne d'être pris en considération, mais doit être accepté.
     En lisant ce témoignage, je pense à moi-même. je ne suis pas né dans une famille chrétienne ; je n'avais pas une religion chrétienne. Lorsque j'entendais parler de Jésus-Christ, je ne pouvais pas croire en Lui. Même après avoir appris davantage à son sujet, je ne pouvais pas me rapprocher de Lui. Au lieu de cela, je me suis mis à le persécuter ; c'est-à-dire que je haïssais ses enfants quand ils prêchaient l'Évangile.
     On m'a demandé: « Comment êtes-vous devenu chrétien ? » Ce n'est ni la lecture, ni les livres, c'est Christ lui-même qui m'a transformé. Lorsqu'il se révéla à moi, alors je vis sa gloire et je sus qu'il était le Christ vivant. Maintenant je comprends que c'est par son expérience personnelle que le grand apôtre Paul a aussi trouvé que Jésus-Christ est le seul Sauveur. 

Le salut par Christ n'est pas seulement pardon, 
mais vie nouvelle.
     Certaines gens pensent que le salut consiste dans le pardon des péchés. C'est cela jusqu'à un certain point ; mais le plein salut consiste dans l'affranchissement du péché, non pas seulement dans le pardon des péchés. Jésus-Christ n'est pas venu seulement pour nous pardonner, mais pour nous affranchir du péché.
     Très souvent je donne, comme illustration, un arbre qui porte des fruits amers et ne peut pas en porter de doux de lui-même. Les uns disent: « Faites de bonnes oeuvres et vous deviendrez bons ». Un bon arbre ne produira pas des fruits amers, ni un mauvais arbre de bons fruits, à moins d'être greffé. Ce n'est que lorsqu'un arbre a été greffé que sa nature est changée. Ainsi les pécheurs ne peuvent pas produire de bonnes oeuvres s'ils n'ont pas été greffés en Christ. Ceux qui croient et se repentent de leurs péchés sont en quelque sorte greffés en Christ. Lorsqu'ils ont été greffés en Jésus-Christ, ils changent de nature, ils deviennent des hommes nouveaux. Le salut, c'est devenir un nouvel homme, une nouvelle femme, recevoir une vie nouvelle. Jésus-Christ veut nous sauver de cette façon-là ; il veut non seulement pardonner, mais nous donner une nouvelle vie, non par un enseignement nouveau, mais en vivant lui-même dans nos coeurs.
     Comment pouvons-nous être sauvés ? De nos jours, bien des gens ne croient pas à l'expiation parce qu'ils n'ont pas fait il expérience du salut en Jésus-Christ. Ceux qui en ont fait il expérience savent que la vie nouvelle en Christ est bien une réalité.
     Il y a environ quatre ans, je voyageais dans les montagnes de l'Himalaya. je parlais de Jésus-Christ et du salut par sa mort. Les gens me disaient : « Il est impossible que par la mort d'un homme, les autres puissent être sauvés ». Un homme s'écria : « Je sais que c'est vrai, que c'est possible », je pensais qu'il était chrétien, mais il ne savait rien du tout de Jésus-Christ. Cela me surprit et je lui demandai : « Comment se fait-il que vous croyiez que, par la mort d'un homme, d'autres puissent être sauvés ? » « Parce que j'en ai fait l'expérience. » Il me raconta que, trois mois auparavant, comme il était en course dans la montagne, il fit une chute : « Tout mon corps était meurtri, mon sang coulait de toutes parts, j'étais sur le point de mourir. Mon père me mena chez un docteur qui dit : « je ne puis rien faire pour lui. S'il avait les os brisés, j'aurais pu les remettre, s'il avait une maladie, je lui donnerais des remèdes, mais il a perdu trop de sang. Le sang est nécessaire à la vie ; si nous perdons notre sang, notre vie en est compromise et je n'ai pas de sang à lui donner ». Mon père dit : « Ne peut-on rien faire pour lui ? Il n'y a qu'une chose. Si quelqu'un est disposé à donner son sang pour lui, je pourrai le sauver. » Mon père avait un si grand amour pour son fils qu'il était tout prêt à donner son sang. On lui ouvrit donc une veine et le sang du père fut introduit dans le corps du fils. Mon père était un vieillard ; il mourut, mais son fils fut sauvé et lui est reconnaissant. Mon père est mort pour moi, il m'aimait d'un amour si merveilleux qu'il donna sa vie pour sauver la mienne! » je me mis alors à lui parler du sacrifice et de la mort du Christ ; il comprit. « De même que tu as fait une chute dans la montagne et perdu ton sang à cause de tes blessures, de même nous tombons de la montagne de la sainteté, à cause de notre péché, et nous perdons notre vie. » Nous perdons notre vie spirituelle par les blessures de notre péché, mais Christ est mort sur la croix ; son sang a été répandu pour ceux qui allaient mourir. Ceux qui lui donnent leur coeur reçoivent la vie spirituelle ; ils savent que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs de la même manière. 

La foi vient du coeur et se montre par la vie 
l'amour des Missions. 
Chrétiens de nom et chrétiens de fait.
     Autrefois, je pensais : « Il est mort et n'a pas pu se sauver lui-même, comment pourrait-il me sauver, moi ? » Mais, après qu'il se fut manifesté à moi, je compris et il me donna la vie spirituelle. C'est ainsi que ceux qui lui ont donné leurs coeurs trouvent en lui tout ce dont leur âme a besoin. Il y a tant de gens, de gens instruits, qui croient, mais de leur tête seulement, pas de leur coeur. Ils n'ont donné que leur cerveau et ne peuvent pas comprendre la signification du sacrifice de Christ. La religion est affaire du coeur et non pas de la tête. Seuls ceux qui donnent leur coeur sont capables de comprendre la vérité de la religion. Ils connaissent la puissance du Christ vivant ; ils savent qu'il est descendu du Ciel pour sauver les pécheurs. Si ce n'était pas vrai, un ennemi de Christ, comme saint Paul, ne serait pas devenu un chrétien, ni moi non plus. Mais maintenant le sais, par expérience, que c'est une réalité ; que Jésus-Christ, par sa mort, a sauvé les pécheurs. Quand ils sont sauvés, alors ils ont de l'amour pour leurs frères. Dieu est amour. Quand nous sommes sauvés, nous nous sentons pressés d'aider les autres. C'est pour cela que les enfants de Dieu, dans bien des pays, envoient des missionnaires. Je disais hier que si nous ne nous sentons pas pressés de secourir nos frères, nous ne faisons pas notre devoir. Christ est descendu du Ciel pour nous sauver. S'il était resté dans le Ciel, nous aurions été perdus. Si nous sommes égoïstes et vivons dans le confort, sans nous inquiéter des autres, nous n'avons pas appris la leçon que Jésus-Christ nous a donnée en descendant du Ciel.
     J'ai vu beaucoup de chrétiens, aux Indes et dans d'autres pays, qui sont toujours reconnaissants aux chrétiens de votre pays, parce qu'ils leur ont envoyé des missionnaires et ont donné de l'argent pour les évangéliser. Les uns ont donné leurs fils, leurs frères ou leurs soeurs ; personne, dans ce monde, ne pourra les récompenser de ce qu'ils ont fait pour nous ; Dieu seul peut le leur rendre. Je me sentais aussi reconnaissant envers les chrétiens, mais sur un certain point je me trompais, car je m'imaginais que les habitants de ces pays devaient tous être des gens admirables.
     Voyant l'amour de Dieu dans leur coeur, faisant tant pour nous : « Ils doivent être des chrétiens vivants », pensais-je. Mais, en traversant ces pays, mon opinion a changé. Je trouvai les choses tout autres que je n'avais pensé. Sans doute, il y a là de vrais serviteurs de Dieu, mais tout le pays n'est pas chrétien. Je commençai à comparer les habitants des pays païens et ceux des pays christianisés. Les premiers sont des païens qui adorent des idoles faites de main d'hommes, mais je découvre une pire espèce de paganisme dans les pays appelés chrétiens, car là, les gens s'adorent eux-mêmes. Beaucoup vont au théâtre au lieu de prier, de lire la Parole de Dieu ; ils aiment la boisson et toute espèce de péchés. J'en vins à penser qu'aucun pays ne pouvait être envisagé comme chrétien, mais que partout il y a de vrais chrétiens. Où que ce soit que j'en rencontre, je me trouve heureux avec eux. Leur pays, leur langage est différent du mien, mais quand je les rencontre, je me sens au milieu de frères et de soeurs, parce qu'ils ont trouvé la vraie religion. Nous sommes un en Christ. Quand je me trouve avec des gens qui ne sont pas croyants, je me sens toujours un étranger parmi eux, car la politesse n'est pas le christianisme ; c'est la vie nouvelle qui est le christianisme. L'éducation n'est pas la vie chrétienne, qui ne se trouve qu'en Christ. L'éducation seule a abouti à faire beaucoup de non-croyants. Quand Christ est en vous, alors votre vie est transformée; vous faites l'expérience de la vraie religion. 
  

Le salut en Christ, source de joie inexprimable, 
même dans les plus grandes difficultés.
     Un de mes amis, un homme très instruit, m'a raconté son expérience : « J'ai une joie si merveilleuse que je ne puis pas la faire comprendre aux autres ». je vis des larmes dans ses yeux. La joie qu'il avait reçue ne pouvait pas s'exprimer en paroles, mais seulement par le langage des pleurs. « Il n'y a pas de langage en ce monde pour exprimer votre paix et votre joie, mais au travers de vos larmes j'ai compris. Christ seul, le Prince de la paix, peut donner cette paix », lui dis-je alors.
     Une fois, je prêchai pendant trois jours au Tibet. Tout le monde était contre moi, car les bouddhistes n'aiment pas entendre parler de Christ. Je fus chassé du village. C'était le troisième jour que je n'avais rien à manger. La nuit était très froide, j'étais à plus de 4000 mètres. Toute la nuit je grelottai, ayant faim et soif, et personne pour me venir en aide. Satan vint me tenter : « Tu étais dans le confort et le luxe, à la maison ! Maintenant ton Christ ne peut pas te secourir ». Je commençai à prier, et il entendit ces mots : « Veille et prie ». je ressentis alors une paix merveilleuse, cette paix que le monde ne peut ni donner, ni ôter. je sortis de ma caverne et pris quelques feuilles sur un arbre. Ces feuilles étaient bien dures et rien moins que juteuses, mais je me rappelai que la présence de Christ fait toutes choses nouvelles. Ces feuilles me parurent meilleures que la nourriture délicate de la maison, et je pus dire à Satan : « Christ est ici ». Il l'a promis : « je suis toujours avec vous ». J'ai fait l'expérience qu'il est le Christ vivant. Bien des personnes disent : « Christ est seulement un grand homme, un prophète ; Il ne peut pas venir à notre secours ». Mais, en réalité, Il est toujours avec nous ! Un grand homme ne peut pas dire : « je suis toujours avec vous ». Il n'y a que Christ qui puisse dire : « je suis toujours avec vous, jusqu'à la fin du monde ». Il est descendu du Ciel, Il n'est pas loin, Il est avec nous. Nous devons réaliser sa présence, nous devons apprendre à Le connaître Lui-même. Beaucoup de gens ont entendu parler de Lui, mais cela ne suffit pas, nous devons Le connaître, Lui, et ce n'est que par la prière que nous y arrivons. C'est vrai que Jésus-Christ vint pour nous sauver. Il sauve les pécheurs du dedans et du dehors ; du dedans quand Il nous donne la vie nouvelle, du dehors en nous protégeant. Nous sommes en sécurité sous sa garde ; Il nous conduira sûrement dans notre demeure céleste. 

Jésus-Christ s'est fait homme pour nous sauver, 
parabole de l'outre pleine d'air. 
Les missionnaires agissent dans le même esprit. 
Hommage aux missionnaires suisses.
     Je veux vous raconter une expérience que j'ai souvent dite ailleurs. Elle est bien simple Une fois, je désirais traverser une rivière, mais il n'y avait là ni bateau, ni pont. je me demandais: « Comment traverserai-je cette rivière? je n'en vois aucun moyen ». Alors je vis un homme qui me dit: « Par l'air vous pouvez passer la rivière ». Je me dis : « Cet homme est fou. je puis respirer l'air, mais il ne peut pas me servir à passer du côté opposé de la rivière ». Mais l'homme prit un sac de peau, souffla dedans pour le gonfler et me dit de m'asseoir dessus. J'ai dit qu'au premier moment il avais cru cet homme fou. L'air m'entourait, mais ne pouvait pas m'aider à passer la rivière ; pourtant je vis bientôt que l'air enfermé dans cette peau pouvait m'être utile ; et je passai la rivière.
     Ainsi en est-il de Dieu qui est Esprit. Comme l'air, il est partout. Il s'est fait homme pour nous sauver : « La Parole a été faite chair », ainsi le Fils de Dieu devint homme, afin de sauver les hommes. De même que nous ne pouvons pas voir l'air dans le sac de peau, de même le monde ne peut pas voir Dieu en Jésus-Christ; il ne voit en Lui qu'un homme qui a vécu en Palestine, mais ceux qui vivent avec Lui en prière savent que Dieu s'est incarné en Christ et qu'il est vrai que « Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ». Nous devons connaître notre Sauveur et ne pas nous contenter de savoir quelque chose de Lui. Alors il nous délivrera du péché et nous protégera contre les tentations. Une fois sauvés, c'est notre devoir d'aider les autres .
     Hier, j'ai rendu témoignage à l'oeuvre des missionnaires. je tiens à dire que je ne suis l'agent d'aucune mission, car peut-être pensez-vous que je suis un agent et que c'est pour cela que je parle. je désire vous dire que j'ai vu quelques-uns de vos missionnaires suisses travaillant aux Indes. Ils font une très belle oeuvre, prêchant l'Évangile et aidant spirituellement. Ils ont donné leurs vies. Ceux qui restent chez eux peuvent aider par leurs prières et par leurs dons. C'est le devoir de chaque chrétien d'aider autant qu'il le peut. Ce n'est qu'à cette condition que nous méritons d'être appelés disciples de ce Christ vivant, qui est descendu du Ciel pour nous sauver. 

Acceptez le salut et travaillez au salut d'autrui. 
Grands sacrifices. La Mer Morte
     Souvenons-nous de deux choses. Premièrement, nous devons être sauvés et connaître personnellement Jésus-Christ, et alors, quand nous le connaissons, nous devons le faire connaître à d'autres.
     En février dernier, j'étais en Palestine. Je me tenais au bord du Jourdain et je pensais que cette eau fraîche, cette eau douce, coule continuellement dans la Mer Morte, mais que cette mer reste morte parce qu'elle n'envoie pas son eau plus loin pour fertiliser le pays. Il y a de même des Églises chrétiennes mourantes, et aussi des chrétiens qui sont morts. L'eau vive et abondante que Jésus-Christ nous donne leur est distribuée continuellement, et cependant ! ils sont morts. Pourquoi ? Parce qu'ils gardent tout pour eux, sans rien donner aux autres.
     Que Dieu nous aide à vouloir donner aux autres. Ne pensons pas : « J'ai très peu de chose, pas assez pour partager avec d'autres », car l'eau du Jourdain coule sans cesse ; elle ne s'arrête jamais. Ceci est une leçon pour vous, comme c'en fut une pour moi en Palestine. Ne soyez pas pareils à la Mer Morte; ayez la volonté de faire part aux autres des bénédictions que vous avez reçues. Employez au service de Christ votre instruction, votre éducation et votre amour, comme votre argent ; alors vous recevrez des bénédictions de plus en plus grandes et Christ sera toujours avec vous.
     Un mot encore et j'aurai fini. Quand je suis devenu chrétien, j'ai dû tout quitter, mon frère, ma soeur et la maison paternelle. J'ai laissé un frère et une soeur, mais j'en ai trouvé mille en Christ. J'ai quitté le confort matériel, mais j'ai trouvé une joie spirituelle dont je n'avais jamais rêvé auparavant. J'ai fait l'expérience que, si nous faisons quelque chose en Christ, nous recevrons de Lui mille fois davantage. Soyons toujours prêts à travailler pour notre Sauveur et à aider notre prochain. Que Dieu nous aide à Le connaître, Lui qui est descendu du Ciel pour nous sauver, afin qu'après avoir été sauvés nous-mêmes, nous ne devenions pas comme la Mer Morte, mais que nous sachions donner aux autres à notre tour.
     Je vous remercie de m'avoir écouté si attentivement. J'aurais désiré pouvoir m'adresser à vous dans votre propre langue, mais le temps vient où il n'y aura plus de différence de langage. Quand nous nous retrouverons aux pieds bénis du Seigneur, dans la demeure céleste, où nous vivrons éternellement, nous pourrons parler le même langage spirituel. Mais avant d'y aller pour y vivre à toujours, nous devons remplir notre devoir dans ce monde. Que Dieu vous bénisse. Faites votre devoir, afin que vous puissiez vivre pour Sa gloire. 

CHAPITRE 7


Entendre le Sauveur lui-même. 

Lausanne, à la salle de Tivoli, le lundi 6 mars 1922, 
à 8 h. du soir. 

Nous ne croyons plus à cause de ce que tu nous as dit, car nous l'avons 
entendu nous-mêmes et nous savons qu'Il est vraiment le Sauveur du monde. - jean 4: 42. -
Auprès du puits de Jacob.

     Cette scène s'est passée près du puits de Jacob. 
     Il y a environ trois semaines, le 13 février, j'étais assis à côté de ce puits et je me disais que J'avais lu bien des fois l'histoire de la femme samaritaine et de sa conversation avec Jésus, sans jamais avoir pu me représenter ce paysage. Il y a des gens qui pensent que ce récit est un mythe, une fiction ; or, en voyant ces lieux, je sentais que, pour moi, il n'y avait là ni fiction, ni mythe, mais une réalité. A 400 mètres à peine du puits de Jacob, se trouve le village de Sichar, qui porte encore le même nom.
     Donc Jésus, se rendant en Galilée, s'assit au bord du puits, pour se reposer un peu, et entra en conversation avec la femme de Samarie. Il lui demande de l'eau, ce qui la surprend beaucoup : « Il est Juif, je suis Samaritaine, et il me demande de l'eau ! » 
     C'est que les Juifs considéraient les Samaritains comme des hors caste, et elle ne pensait pas qu'un Juif voulût avoir quelque chose à faire avec elle. Mais Jésus ne se disait pas : « je suis Juif et elle est hors caste ». Au contraire, il aimait l'âme de cette femme et désirait la sauver. Il ne pensait pas non Plus : « je suis Dieu et elle est une pécheresse ! » Il ne la haïssait pas comme les Hindous des hautes castes haïssent les castes inférieures. Il ne haïssait pas comme ces blancs, par exemple, qui ont la haine des noirs. Il n'avait pas de haine même pour les plus grands pécheurs ; ce ne sont pas les pécheurs qu'il haïssait, mais leurs péchés. Voilà pourquoi il descendit du Ciel pour les sauver du péché. Lorsque Jésus entra en conversation avec la Samaritaine, auprès du puits, elle ne reconnut pas qui était celui qui lui parlait. Même après qu'il lui eut dit tout ce qui la concernait, tout ce qu'elle avait fait, elle n'arrivait pas à comprendre que c'était le Christ. Elle dit : « Nous attendons le Christ ; quand il viendra, il nous expliquera toutes choses ». Et il répondit : « je le suis, moi qui te parle ».
     Quand la Samaritaine eut réalisé qu'Il était le Christ, elle n'attendit pas longtemps, mais, laissant là sa cruche, elle courut le dire à d'autres. Beaucoup de chrétiens connaissent Jésus par les Évangiles, sans réaliser qu'il est Christ, le Christ vivant. Ils ne le connaissent pas véritablement. Comme cette femme, ils ne voient en lui qu'un prophète, mais à ceux qui vivent avec lui par la prière, il se révèle lui-même. 

Croire en Jésus pour l'avoir vu lui-même.
     Beaucoup de gens disent qu'ils n'ont pas de temps pour la prière. Le temps viendra où ils devront mourir, et alors diront-ils encore : « Nous n'avons pas le temps de mourir » ? La mort ne dira pas : « Très bien ! je vais m'en aller et attendre que vous ayez terminé votre travail ! » Vous serez appelés soudainement et devrez bien laisser votre travail. Personne ne vous tiendra compagnie dans la vallée de l'ombre de la mort. Vous devrez laisser vos bien-aimés. Christ est le seul qui pourra vous servir de compagnon à ce moment-là, à la condition que vous l'ayez pris pour votre ami auparavant. Quand nous parlons avec lui, par la prière, nous le connaissons, son amour agit dans nos coeurs, et quand nous le connaissons vraiment, alors, comme cette femme qui laissa là sa cruche, nous nous hâtons d'aller pour en parler à d'autres. Elle était si fortement influencée par la présence de Jésus, qu'elle oublia d'emporter son eau au village, oublia jusqu'à ses enfants qui l'attendaient sans doute. Plus tard, les gens du village, qui vinrent trouver Jésus auprès du puits de Jacob, rendirent ce témoignage : « Maintenant, nous croyons en lui, non plus à cause de ce que tu as dit, mais parce que nous l'avons vu nous-mêmes ».
     Tel est aussi mon témoignage je crois en Jésus-Christ non pas à cause de ce que ai lu dans la Bible à son sujet, ni parce que quelques docteurs m'ont parlé de lui, m'ont engagé à me convertir, mais parce que je l'ai vu, Lui, le seul Sauveur du monde. Il l'a dit : « Ceux qui boiront de cette eau auront encore Soif, mais celui qui boira de l'eau vive que je lui donnerai n'aura plus jamais soif ». C'est vrai. J'ai bu de l'eau du puits de Jacob et le même soir j'avais soif de nouveau, mais il y a plus de seize ans que Christ m'a donné Son eau vive et je n'ai plus jamais eu soif.
     Quand nous saisissons le Christ, il se révèle à nous et non seulement il se révèle lui-même à nos coeurs, mais il satisfait tous les besoins de notre âme. Nous ne pouvons, pas être satisfaits si nous ne le connaissons que de nom. Les apôtres, qui avaient vécu trois ans avec lui, ne le reconnurent pas quand il se releva d'entre les morts. Le jour où il apparut aux onze disciples réunis, ils crurent que c'était un esprit. Si ses disciples, qui avaient vécu trois ans avec lui, ne le reconnurent pas, comment le pourrions-nous ? Ils ne purent pas le reconnaître, parce qu'ils ne le voyaient plus revêtu du corps auquel ils étaient habitués, mais du corps glorieux d'après sa résurrection. C'est ainsi que, si nous ne l'acceptons que comme homme ou comme esprit, nous ne pouvons pas le reconnaître. Ce n'est que par la prière que les yeux de notre âme seront ouverts et que nous le reconnaîtrons comme le Christ vivant.
     Le mois dernier, traversant Emmaüs, village situé à onze kilomètres de Jérusalem, je me rappelais ces deux disciples qui s'entretenaient de Jésus, alors que Jésus lui-même marchait à côté d'eux sans qu'ils le reconnussent. Après, lorsqu'il eut disparu, ils se dirent : « C'était lui! » C'est à l'aide d'une merveilleuse expérience qu'ils réalisèrent la présence de leur Maître auprès d'eux, car ils dirent : « Nos coeurs ne brûlaient-ils pas au dedans de nous quand il marchait à nos côtés ? » Ce coeur brûlant était le résultat de sa présence. Leurs yeux ne pouvaient pas le reconnaître, mais leur coeur le reconnut. Ce n'est que par la prière que nous sentirons Sa présence dans nos coeurs et que nos coeurs brûleront au dedans de nous. Ce feu du Saint-Esprit ne peut pas être éteint par l'eau de ce monde. Quand nous avons trouvé Christ, nous ne pouvons pas rester muets, nous devons parler de Jésus-Christ, il nous devient impossible de nous taire. 
  

Jésus lui-même réconforta le martyr Kartar Singh.
     Quelques-uns d'entre vous ont entendu parler de Kartar Singh, le martyr du Tibet. Lorsqu'il partit pour prêcher l'Évangile, on lui disait : « Tais-toi, nous n'aimons pas entendre parler de Christ ». Il était le fils d'un homme très riche et il laissa tout pour aller annoncer l'Évangile au Tibet. Il avait fait l'expérience que les biens de ce monde ne peuvent pas donner la paix, ni satisfaire l'âme, mais que Christ seul peut nous contenter. On m'a raconté, au Tibet, comment cet homme fut mis à mort. On le mena sur une colline et là il fut cousu dans une peau de bête encore humide et laissé exposé au grand soleil pendant trois jours. Je fus frappé par l'air joyeux de l'homme qui me racontait cela, et je lui dis avec surprise : «Vous me parlez de quelque chose de bien triste et vous paraissez heureux ! » « Ce n'est pas triste ; je vous raconte une mort, mais ce n'était pas la mort, c'était la vie, une vie merveilleuse». 
     On le laissa trois jours dans cette peau, mourant de faim et de soif, et, lorsqu'on lui demandait : « Comment vous sentez-vous maintenant ? » il répondait : « Je remercie Dieu pour ce grand privilège de pouvoir souffrir pour lui ». Mais il ne souffrait pas. Il était dans une joie si intense que je voudrais que beaucoup puissent la réaliser, et alors ils seraient d'accord avec moi pour dire que vivre avec Jésus-Christ, c'est le ciel sur la terre. Comme Kartar Singh n'était pas encore mort, on lui enfonça des pointes de fer dans le corps. Son sang coulait à flots, mais il avait toujours cette même Joie merveilleuse, une joie qui ne peut pas s'exprimer. Chacun l'avait abandonné et il disait : « Les hommes m'ont abandonné, mais non pas mon Sauveur; Il est avec moi et même au dedans de moi. Dans cette peau de bête, je suis en réalité dans le Ciel. Je bénis Dieu pour ce privilège ».
     Si Jésus-Christ peut donner une telle joie au milieu de la souffrance, quelle joie plus grande n'aurons-nous pas dans le Ciel où il n'y aura plus de persécutions. Mais prenons-y garde, si nous ne réalisons pas cette joie maintenant, il nous sera impossible de la réaliser après la mort. 
  
  
Dieu en nous : comparaison de la pierre 
et du charbon.
     En quelque sorte, nous vivons en Dieu, mais Dieu ne vit pas en nous, c'est-à-dire que nous vivons en Lui parce qu'il est partout, comme l'air, mais Il n'est pas en nous, parce que nous ne réalisons pas sa présence dans nos coeurs. Un jour que, dans les montagnes de l'Himalaya, J'étais assis au bord d'un torrent, je tirai de l'eau une belle pierre, ronde et dure, et je la brisai. L'intérieur en était parfaitement sec. Cette pierre avait séjourné longtemps dans l'eau, mais l'eau n'avait pas pénétré dans la pierre. 
     Beaucoup de chrétiens ressemblent à cette pierre : ils sont dans l'Église, mais Dieu n'est pas en eux. Ce n'était pas la faute de l'eau, mais celle de la pierre trop dure ; ce n'est pas la faute de Dieu, mais de nos coeurs trop durs. Car nos coeurs sont durs ; ils sont comme cette pierre, si durs que rien ne peut les pénétrer, que tout effort reste inutile. Nous posséderons la joie vraie si Christ est en nous et nous en Lui, non plus comme la pierre dans l'eau, mais comme l'éponge. L'éponge est dans l'eau et l'eau est dans l'éponge ; ce sont deux choses qui sont et qui restent différentes, mais qui n'en forment plus qu'une.
     Ce n'est pas que nous soyons Dieu ou que Dieu soit nous-mêmes (1), mais Dieu est en nous et nous en Lui. Si Dieu vit en nous, la noirceur du péché disparaîtra, cette noirceur que nous ne pouvons pas faire disparaître par nos propres efforts. Il n'est pas possible d'enlever au charbon sa noirceur, même en y employant des kilos de savon, mais qu'on mette le charbon dans le feu, sa noirceur disparaît. C'est ainsi que la noirceur de notre péché ne peut pas être enlevée par nos propres efforts, mais, dès que nous recevons le baptême du feu par le Saint-Esprit, nous réalisons que le Royaume de Dieu est au dedans de nous. On croit souvent que le Royaume de Dieu est au-dessus de nous, au Ciel ou ailleurs. Christ a dit: « Le Royaume de Dieu est au dedans de vous ». Autrefois, je ne pouvais pas comprendre cette parole, mais depuis que j'en ai fait l'expérience, j'ai compris comment le Royaume de Dieu peut être au dedans de nous. 
  
  
Double miracle en faveur de Sundar Singh.
     J'ai déjà raconté l'autre jour une expérience que je fis au Tibet, dans un village où j'annonçais l'Évangile. On me dit : « Nous t'avons déjà dit si souvent de ne pas revenir chez nous et te voilà de nouveau ! Cette fois, nous allons te tuer ». Un Lama s'écria alors : « Cela ne servira à rien de le tuer ; la mort de Kartar Singh a fait une très grande impression sur le peuple. Abandonnez-le dans la forêt ». Ils me conduisirent dans la forêt, où je fus attaché à un arbre par une grosse chaîne de fer. je n'avais avec moi qu'une couverture et une Bible ; on me les prit. La chaîne fut bouclée avec une clef, de façon à ce que je ne pusse pas me délier. La nuit était bien froide, c'était une dure épreuve. je n'avais point d'ami auprès de moi, personne pour m'aider, mais mon Sauveur était là et me suffisait. Le froid m'empêcha absolument de dormir pendant la nuit et, le matin, j'étais tellement gelé que je me dis que mon heure était venue et que bientôt je serais mort. A ce moment-là, je sentis une telle paix, une joie si merveilleuse, que c'était comme le Ciel sur la terre. Si Christ n'est pas le Christ vivant, s'il est vrai qu'il n'est pas Dieu, mais seulement un grand homme, Il n'aurait pas pu me donner cette paix et cette joie au milieu de la souffrance. 
     Lorsque je ressentis cette paix, ce feu du Saint-Esprit, j'oubliai mes souffrances, j'oubliai le froid et je m'endormis. Au bout de quelques minutes, J'entendis du bruit et me relevai. Il y avait des fruits mûrs sur l'arbre auquel j'étais lié et l'un de ces fruits m'avait réveillé en tombant. Et voici : le cadenas était ouvert, j'étais libre ! Je n'aperçus personne. je trouvai du fruit, du fruit délicieux. Après avoir mangé, je retournai dans le même village pour annoncer l'Évangile. Les gens furent confondus de surprise. Ils me croyaient mort et voilà que j'étais vivant. Ils allèrent examiner le cadenas, croyant le trouver brisé, mais non, il était bien entier. Il n'en existait qu'une clef et le Lama avait cette clef. N'y avait-il pas eu là deux miracles : la paix merveilleuse que j'avais ressentie au sein de la persécution et ma libération ? La puissance du Christ vivant s'était ainsi manifestée. il peut secourir les siens ; Il est toujours avec eux.
     Je suis ici pour rendre témoignage à ce Christ vivant. Il y a quelque temps, je rencontrai un critique qui me dit : « Christ fut un grand homme, sans aucun doute, un grand conducteur spirituel, un homme parfait, mais je ne puis pas croire à sa divinité. Il n'est pas Dieu ». « J'ai dit cela, moi aussi, ai-je répondu, mais maintenant que j'ai ma propre expérience, que j'ai vu les miracles qu'il a faits pour moi, comment pourrais-je ne pas croire qu'il est Dieu ? Il fut un temps où j'étais l'ennemi du christianisme et un ennemi ne peut pas être transformé sans avoir fait une expérience ». Tous ceux qui cherchent la vérité, tant à l'Orient qu'à l'Occident, auront la révélation du Christ vivant et verront Sa merveilleuse puissance. 

Un autre martyr secouru par Jésus-Christ.
     Je voudrais vous parler d'un autre de mes amis. Les gens qu'il cherchait à évangéliser le conduisirent sur une haute montagne et lui dirent : « Si tu veux te sauver, renonce à ta foi, sinon nous te jetons là en bas, dans la vallée ». Il répondit : « Je n'ai rien fait de mal, pourquoi me punir ? je vous ai seulement parlé de mon Sauveur ». Ces gens virent qu'il ne renoncerait pas à confesser Christ et lui répétèrent : «Tu vas être mis à mort ». Debout sur cette montagne, avec la vallée tout au fond au-dessous de lui, cet homme aurait dû avoir peur, mais il éleva ses yeux vers le Ciel et s'écria : « Mon Dieu, je remets mon esprit entre tes mains ». Alors ils le jetèrent en bas et le lapidèrent... et un grand miracle se produisit : Cet homme, dangereusement blessé et qui avait perdu connaissance, resta vivant! Au bout d'une demi-heure, il souleva sa tête endolorie. Il était couvert de sang, sans force pour se mettre debout, et il se disait : «Tout le monde m'a abandonné; il n'y a personne pour me venir en aide ».Une voix bien douce répondit : « Tout le monde t'a abandonné, mais je suis toujours avec toi ».
     Il crut que quelque brave homme était venu à son secours, et, regardant autour de lui, il vit en effet un homme qui, s'approchant de lui, le plaça contre le rocher et alla lui chercher de l'eau. Le blessé dit : « je te remercie ; tu es venu pour me secourir avant ma mort ». Il sentait la présence de Dieu, mais ne comprenait pas qui était cet homme. Il n'y avait là ni vase, ni verre pour apporter l'eau, mais l'homme fit boire le malade dans ses deux mains réunies. Il le fit boire ainsi à deux reprises puis, la troisième fois, le blessé vit des trous dans les mains. Alors, saisi de surprise et reconnaissant Celui qui était venu à son secours, il s'écria : « Mon Sauveur et mon Dieu », et tomba à ses pieds. « je croyais que tu m'avais abandonné, mais tu es avec moi. » L'homme disparut bientôt et le blessé était guéri. C'était un miracle éclatant : cet homme, au seuil de la mort, avait été ramené à la vie. Il remonta au village où les gens furent tout étonnés en le voyant : « Nous le croyions mort et il est vivant ! » Il leur dit : « J'étais presque mort, en effet, mais mon Sauveur est vivant et je vis aussi ».
     La première fois que j'entendis ce récit, je ne pouvais pas le croire. je me rendis dans le village où cet homme vivait et j'interrogeai des chrétiens sur cet événement miraculeux. Ils m'assurèrent que c'était tout à fait vrai. je vis ensuite l'homme lui-même et lui demandai : « Quelle est ton expérience ? » « Jésus-Christ, dit-il, m'a donné une vie nouvelle. » Nous voyons bien là que Christ n'est pas seulement un homme, mais qu'il est Dieu. Il s'est fait homme pour sauver les hommes. 
  
  
Les pays christianisés ont perdu ces grâces 
par leur faute.
     Vous me demanderez peut-être pourquoi des choses si magnifiques, des miracles, arrivent dans ces contrées lointaines et pas ici. Il y a une raison à cela. Christ a fait beaucoup de miracles, mais aucun dans son propre pays. Il est écrit dans la Parole de Dieu que les siens ne purent pas le comprendre et le rejetèrent. Il en est de même aujourd'hui dans les pays soi-disant chrétiens. Ils sont bien son peuple et ils croient en Lui jusqu'à un certain point, mais ils sont surtout des chrétiens de nom.
     Eux qui ont reçu tant de bénédictions par le christianisme, ils oublient Christ et Il ne peut pas leur montrer sa puissance. Dieu montre sa merveilleuse puissance à ceux qui cherchent la vérité. « Il est venu chez les siens et les siens ne l'ont pas reçu. » Son peuple, ceux qui se disent chrétiens, ne lui ouvrent pas en réalité leurs coeurs et ils le rejettent... Il pourrait peut-être leur dire : « J'ai une place dans vos églises, mais je n'en ai point dans vos coeurs ; vous m'adressez un culte, mais vous ne me connaissez pas, parce que vous n'avez jamais vécu avec moi ».
     Comment pouvons-nous vivre avec Lui ? Par la prière, par le simple moyen de la prière. Par la prière, nous réalisons sa présence et nous connaissons Jésus-Christ tel qu'il est. Le temps viendra où l'on verra les premiers devenus les derniers, tandis que les derniers seront les premiers. Dans les pays chrétiens, ceux qui ont reçu tant de bénédictions spirituelles par le christianisme ont perdu ces bénédictions pour acquérir des biens matériels, mais ceux qui étaient perdus dans le paganisme commencent à recevoir de grandes bénédictions à leur tour. Nous n'avons pas eu autant d'occasions que vous d'entendre parler de Jésus-Christ. Il y a des siècles que vous en entendez parler, mais, dans mon pays, il n'y a que septante ans que l'Évangile est annoncé. Durant ces septante ans, beaucoup ont commencé à réaliser sa puissance. Quelle tristesse de voir la puissance spirituelle se perdre !
     Dieu travaille d'une manière splendide ! Le temps viendra où l'Orient connaîtra le Sauveur et enverra beaucoup d'apôtres dans les différentes parties du monde. Alors, vraiment, les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers. Que Dieu vous aide à ne pas être les derniers, mais à être parmi les premiers. Vous ne le serez que par Jésus-Christ, si vous le connaissez et l'aimez. Dieu est amour. Il ne force personne à croire en lui. Quand un menteur ouvre la bouche, Dieu ne la lui ferme pas. Il bénit ceux qui le cherchent de toute la force de leur volonté. Ceux qui cherchent trouvent. Les peuples d'Occident ont cherché la science, la philosophie, et les ont trouvées. Ils savent se servir de l'électricité, voler dans les airs. Ceux de l'Orient ont cherché la vérité. Lorsque les trois mages se rendirent en Palestine pour y voir Jésus, pas un d'entre eux ne venait d'Occident.
     Je sais que les choses que je dis là ne vous plairont pas, mais je dois obéir à ma conscience, je dois délivrer le message que J'ai reçu de Dieu. La science et la philosophie sont de grandes bénédictions que le christianisme vous a procurées, mais vous oubliez Christ. Dans les pays païens, sans l'Évangile, les gens vivent comme des animaux, mais avec l'Évangile ils réalisent les bénédictions spirituelles du christianisme. En Occident aussi, avant que Christ fût prêché, les hommes vivaient comme des sauvages. Christ seul peut faire de celui qui vit comme un sauvage un homme véritable et ensuite, de cet homme, un ange. Dieu, qui a accordé à tous les biens matériels, veut aussi donner les biens spirituels à tous les hommes et non pas seulement à quelques-uns. 
  

Soyons des chrétiens qui connaissent Christ par 
expérience et lui rendent témoignage.

     Il en est qui, ayant reçu ces biens spirituels, se sentent pressés d'envoyer des missionnaires au loin pour annoncer l'Évangile, car, lorsque nous avons vu Christ, nous ne pouvons pas nous taire, nous devons aller auprès de nos frères et lui rendre témoignage. Notre témoignage sera celui de ces gens qui disaient à la Samaritaine: « Maintenant, nous croyons, non plus à cause de ce que tu nous as dit, mais parce que nous l'avons entendu nous-mêmes et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde ».
     Que Dieu nous aide à le voir lui-même, sans nous contenter de lire la Bible ou d'entendre parler de lui. Qu'il nous aide à rendre témoignage des progrès magnifiques qui se produiront dans notre vie spirituelle. Nous verrons alors sa puissance et nous vivrons au Ciel avec lui aux siècles des siècles.
     En terminant, je vous remercie tous de m'avoir écouté si attentivement, mais ma voix seule ne vous sera pas d'une grande utilité. Rentrez chez vous et que là Dieu vous aide à entendre sa voix. Vous avez écouté la mienne avec beaucoup d'attention. Écoutez la sienne, qui est si douce, et vous serez sauvés. Que le Seigneur vous aide à L'entendre et à Le voir tout le temps que vous passerez dans ce monde.

CHAPITRE 8

Près du royaume de Dieu.
Cathédrale de Lausanne, le mardi 7 mars 1922.


Jésus, voyant qu'il avait répondu avec intelligence, lui dit:  
Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu.   - Marc 12: 34.-


Être près du Royaume de Dieu ou être dedans.
     Un scribe se rendit auprès du Seigneur et lui demanda : « Maître, quel est le premier de tous les commandements ? » et le Seigneur répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée ; cela vaut mieux que beaucoup d'offrandes et de sacrifices ».
     Cet homme n'avait, semble-t-il, aucune objection à faire ce que le Sauveur lui dit, mais sa réponse ne sortait pas de son coeur et c'est pourquoi Christ lui répondit : « Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu ». Ce scribe était un homme très instruit et il doit avoir été ravi d'entendre un si grand prophète lui dire, devant une telle foule : « Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu ». Jésus-Christ, qui réprimandait souvent ses interlocuteurs au sujet de leurs péchés, ne réprimande pas ce scribe. Il lui dit simplement: « Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu... » Il semble donc qu'il ait été meilleur que tant d'autres scribes et pharisiens.
     Et pourtant, cet homme aurait dû être bien attristé en s'entendant dire qu'il n'était pas dans le Royaume de Dieu; qu'il en était près, mais pas dedans, car cela fait une immense différence. Ce scribe, en effet, avait la religion de la tête et non pas celle du coeur. Très souvent, les choses qui sont dans notre tête ne descendent pas plus bas que la gorge et ne touchent pas le coeur. Si la réponse était venue du coeur, Christ aurait dit : « Heureux es-tu, car tu es dans le Royaume de Dieu ». Pour être sauvé, il ne suffit pas d'être près, il faut être dans le Royaume ; ceux qui sont loin mourront dans le péché tout comme ceux qui sont près. Être près ne sauvera pas les pécheurs : la seule chose qui compte, c'est d'être dans le Royaume, c'est-à-dire d'avoir le Royaume de Dieu au dedans de soi. 

Trois exemples.
     Pensez aux dix vierges dont le Seigneur a raconté l'histoire. Cinq d'entre elles attendaient hors de la maison des noces et les cinq autres étaient dans la maison. Si quelqu'un leur avait dit de l'intérieur « Vous êtes bénies, car vous n'êtes pas loin de la maison des noces », elles auraient répondu : « A quoi cela nous sert-il de n'être pas loin ? Nous ne sommes pas dans la maison, nous ne pouvons pas chanter avec vous ». Elles doivent s'être frappé la poitrine de désespoir, car il ne suffit pas d'être près de la porte, il faut être entré par cette porte pour se trouver dans la maison. De même être près du Royaume de Dieu ne sert pas à grand chose, si l'on n'entre pas dans ce Royaume.
     Il y a quelques années, dans mes voyages d'évangélisation, je racontais souvent une histoire que je vais vous dire aussi. Un chasseur partait pour la chasse dans une contrée où il savait que les animaux féroces abondaient. Il tenait à la main son fusil et se croyait à l'abri de tout danger. Apercevant un lion, il le visa, tira et le manqua ! Le lion se mit aussitôt à poursuivre le chasseur qui se rappela que, par bonheur, il y avait, dans le voisinage, une petite maison destinée précisément: à servir de refuge aux voyageurs et aux chasseurs. Sentant sa vie en danger, il se mit à courir de toutes ses forces du côté de cet abri et, tout en courant, il fouillait dans ses poches pour chercher la clef du refuge, mais... il ne la trouva pas ! Elle était restée chez lui, il avait oublié de la prendre ! Il aurait mieux valu qu'il eût pensé à cette clef avant de sortir de sa maison, car, comme il était devant la porte, cherchant un moyen d'entrer, le lion sauta sur lui et le tua.
     Si ce chasseur avait été dans la maison, il aurait été sauvé, mais il était dehors et, bien que tout près de la porte de la maison, il perdit la vie. Entre le salut et lui, il y avait peu de chose : juste l'épaisseur de la porte ; cela suffit pour le perdre. Satan, comme un lion rugissant, est toujours après nous, cherchant à nous tuer, à détruire notre vie, si nous ne sommes pas dans le Royaume de Dieu. 
     Beaucoup de chrétiens, comme ce scribe, admirent Christ. Ils disent : « C'est admirable, c'est une splendide vérité », mais l'admiration qui vient de la tête ne suffit pas ; l'admiration doit venir du coeur. Nous ne sommes pas sauvés si nous ne sommes pas entrés dans le Royaume de Dieu.
     Au temps de Noé, les gens ne croyaient pas à la possibilité d'un déluge. Noé leur prêchait la repentance et ils disaient : «Il est fou. Il est si vieux qu'il a perdu la raison ! » Il y eut encore une autre chose très étonnante à ce moment-là. C'est que même les charpentiers occupés à la construction de l'arche ne croyaient pas aux prédictions de Noé. Ils étaient sans doute nombreux, ces ouvriers, car Noé avait assez à faire à les diriger et sûrement les gens venaient leur dire : « Pourquoi travaillez-vous à la construction de cette arche ? Vous ne croyez pas qu'il y aura un déluge ! » Ils répondaient sans doute : « Nous travaillons pour gagner ! »Ils ne croyaient pas à la parole de Noé, mais, quand ils virent l'eau monter toujours, ils furent effrayés comme tous les autres. Ils grimpèrent sur les plus hautes montagnes pour sauver leur vie ; ils se mirent à nager aussi, mais tout fut inutile.
     Ceux qui savaient nager et qui voyaient l'arche flotter, durent se diriger de ce côté ils auront heurté à la porte en criant : « Ouvrez-nous » Sans doute que Noé avait pitié d'eux et aurait voulu leur ouvrir la porte, mais ce n'était pas lui qui l'avait fermée ; c'était Dieu. « Et l'Éternel ferma la porte de l'arche » (Gen. 7 : 16). Peut-être que l'un ou l'autre des charpentiers qui avaient travaillé avec Noé cria : « J'ai aidé à bâtir l'arche ; j'ai bien le droit d'y entrer ; ouvre la porte ! » Et Noé a dû répondre: « Quand vous m'aidiez à bâtir, vous n'avez point eu de foi, vous n'avez pas voulu me croire ; maintenant, je ne puis pas vous ouvrir la porte ! » La distance entre eux et l'intérieur de l'arche n'était pas grande : juste l'épaisseur de la porte. Si Noé leur avait crié : « N'ayez pas peur ! Vous n'êtes pas loin, vous êtes tout près de l'arche », ils auraient répondu: « A quoi cela nous sert-il d'être près, tant que nous ne sommes pas dedans ? »
     Le scribe doit avoir été bien triste s'il a compris la signification de ce que Jésus lui disait: « Tu n'es pas loin ». Il doit avoir pensé: « je suis en danger ! » De nos jours, en pays chrétiens, il y a beaucoup de personnes dans les églises qui admirent Christ et son enseignement. Elles ont le privilège d'être tout près du Royaume de Dieu, mais elles se frapperont la poitrine un jour, comme les cinq vierges folles, car elles sont tout près, mais non pas dans le Royaume de Dieu. C'est maintenant qu'il faut prendre garde ; aujourd'hui est le jour favorable pour entrer dans le Royaume. Ne vous contentez plus d'être près. 
  

Comment entrer dans le Royaume ?
     « Comment entrer dans le Royaume ? » direz-vous.Il n'y a qu'un moyen et c'est la prière. La prière est la clef du Ciel ; par la prière, le Ciel s'ouvrira devant nous ; par la prière, nous serons en Christ, à l'abri de tout danger. Alors aussi nous verrons et réaliserons sa présence dans nos vies, car nous serons en Lui et Lui sera en nous.
     Avec nos yeux, nous pouvons voir tant de choses! Nous voyons aussi la médecine qui guérit les yeux; elle est dans une bouteille. Quand elle est dans les yeux, elle éclaircit la vue et pourtant les yeux ne peuvent plus la voir. Ils sentent que la médecine leur a fait du bien, mais ils ne la voient plus. On peut dire : « J'ai de la médecine dans mes yeux et je ne la vois pas! » Quand Christ était en Palestine, dans un corps de chair, beaucoup de gens l'ont vu, mais aujourd'hui qu'il vit dans nos coeurs, nous ne le voyons pas. Comme une médecine, il purifie notre vue spirituelle de toute espèce de péché. Bien que nous ne puissions pas le voir nous sommes sauvés ; nous le savons car nous sentons la présence de Dieu dans nos vies. je ne veux pas dire que nous « sentons » d'une sensation physique ; cette sensation n'est pas un sentiment, une émotion ; par « sentir », je veux dire que nous réalisons la présence du Christ vivant, que nous sommes rendus capables d'être ses témoins et de dire: « Maintenant, nous sommes dans le Royaume de Dieu et le Royaume de Dieu est au dedans de nous... » Alors, nous trouvons le Ciel sur la terre et il n'est plus nécessaire de nous dire : « Tu n'es pas loin », car le Royaume est au dedans de nous. Dans ces conditions, nous n'espérons pas seulement entrer dans le Royaume de Dieu après la mort, mais nous pouvons dire : « je suis au Ciel dès cette vie, parce que je suis en Christ ». 
  

La paix du coeur, 
preuve que nous sommes dans le Royaume. 
Exemples : un martyr, le brigand repentant.
     Les hommes s'efforcent de toutes manières de trouver la paix, mais ils ne la trouvent qu'en donnant leur coeur à Dieu. Ils sont alors dans le Royaume de Dieu et jouissent de cette paix que le monde ne peut pas donner et qu'il ne peut enlever. Ceux qui possèdent cette paix profonde ne peuvent plus se taire; ils doivent rendre ce témoignage:« Nous avons trouvé Christ et le Royaume de Dieu est en Lui ».
     Un de mes amis était allé au Tibet pour y rendre témoignage et annoncer l'Évangile. Les gens se mirent à lui dire qu'il devait être fou pour prêcher ainsi, car le prêtre bouddhiste ne le supporterait pas longtemps. « Taisez-vous ! » lui dit-on. « Impossible, répondit-il, je ne puis pas me taire. Il faut que je raconte ce que j'ai trouvé en Jésus-Christ ». Alors, ils l'insultèrent et le frappèrent ; puis, trouvant que cela ne suffisait pas, ils lui lièrent les jambes avec une corde et le suspendirent à un arbre par les pieds. Ce devait être terrible d'être ainsi suspendu la tête en bas, et cependant, quand on lui demandait : « Comment te trouves-tu, maintenant ? » il répondait : « je remercie Dieu de me trouver au Ciel sur la terre ». « N'as-tu pas honte d'être ainsi pendu les pieds en l'air ? » « Il n'y a point là de honte ; je souffre pour mon Sauveur. je ne suis pas surpris que vous me traitiez de la sorte ; vous montrez quelle est votre nature. Ce monde est sens dessus dessous et ses actions sont comme lui. Ce monde, qui est sens dessus dessous, ne peut rien voir du bon côté. Il voit tout à l'envers. Par votre action, vous avez témoigné de ce qui est au dedans de vous. Vous ne voyez les choses qu'à l'envers, vous ne pouvez pas supporter de les voir redressées. Le monde est à l'envers, votre nature aussi, et vous m'avez pendu de la même manière. Mais, en réalité, je n'ai pas la tête en bas. Je suis debout dans la lumière. Dans la lanterne magique, on doit placer les verres le haut en bas, mais sur l'écran, ils se reflètent redressés. S'ils étaient placés droits dans la lanterne, ils se refléteraient à l'envers sur l'écran. De même, suivant les conceptions de ce monde, je suis placé la tête en bas, mais, dans le Ciel, je me reflète debout. Je remercie Dieu de ne pas être debout aux yeux du monde. Le monde me hait, mais je suis debout aux côtés de Dieu ».
      Nous avons là une preuve du Royaume de Dieu. Cet homme était dans le Royaume : au sein de la persécution, il jouissait d'une paix et d'une joie parfaites. Pour comprendre la vraie signification du christianisme, nous devons entrer dans le Royaume de Dieu. Sinon, nous ne pouvons pas comprendre ce qu'est en réalité le christianisme. Une société, une église n'est pas le christianisme ; le christianisme, c'est Christ Lui-même. Ceux qui vivent avec Jésus-Christ savent bien qu'Il est Lui-même tout le christianisme. Ceux-là ont déjà commencé à vivre dans le Ciel et rendent témoignage du Ciel ; ils sont dans le Royaume de Dieu ; ils sont sauvés. Ceux qui sont près du Royaume sont en danger. Ils ressemblent au brigand qui fut crucifié avec notre Sauveur. A Golgotha, nous voyons trois croix et trois hommes sur ces croix. Tous les trois mouraient de la même mort : la mort par crucifixion ; mais au point de vue spirituel, il y avait une très grande différence entre ces trois morts. Au milieu était le Sauveur et, de chaque côté de lui, un brigand. Entre les deux brigands, se trouvait le Sauveur qui mourait pour le péché ; à sa gauche, se trouvait le brigand qui mourait dans le péché, et, à sa droite, le brigand qui mourait au péché... Pour le péché, dans le péché, au péché. Christ mourut pour le péché, afin de sauver les hommes ; le brigand qui était à gauche était tout près du coeur et du côté percé du Sauveur, près du sang et de l'eau qui coulèrent. Il était près et cependant il mourut dans le péché, car il ne s'était pas repenti. Le brigand de droite se dit : « Cet homme n'a pas péché ; Il est saint ! » Il crut et mourut au péché pour commencer à vivre en Christ ; aussi Christ lui dit : « Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Aujourd'hui, non pas dans des jours ou des années, mais aujourd'hui, parce qu'il mourut au péché et commença à vivre dans la justice.
     Beaucoup d'hommes sont comme le brigand qui mourut dans son péché. Ils disent: « Il est venu pour sauver les autres et il n'a pas pu se sauver lui-même! » D'autres, par contre, ressemblent au brigand qui se repentit et auquel Christ promit qu'il serait avec Lui au paradis. 
     Nous devons savoir si nous sommes près du Royaume de Dieu ou si nous sommes dans ce Royaume. Si nous sommes dans ce Royaume, nous en trouvons une preuve dans nos vies, car nous ressentons une paix profonde qui nous montre bien que nous sommes dans le Royaume de Dieu. Si cette paix nous manque, c'est la preuve que nous sommes encore hors du Royaume et que nous devons nous repentir et prier Dieu, afin d'entrer dans le Royaume. 

Témoignage personnel du Sundar Singh.
     Pour terminer, je désire rendre témoignage. L'hindouisme m'avait enseigné qu'il y aurait un Ciel et je faisais de mon mieux pour être libéré du péché et agir en toutes choses selon la volonté de Dieu. J'essayais de sauver ma vie par mes bonnes oeuvres, ce qui était insensé et ne pouvait me sauver. Malheureusement, je ne croyais pas en Jésus-Christ. J'étais très fier de la religion et de la philosophie hindoues, mais la philosophie ne peut pas sauver les pécheurs. J'étais désespéré et suppliai Dieu de me montrer le chemin du salut. En réponse à mes prières, je vis mon Sauveur. Il se montra Lui-même à moi. je ne me serais jamais attendu à voir une chose pareille. je vis sa gloire et je sus que Christ est le Christ vivant. Il disparut ensuite, mais la paix qu'il m'avait apportée ne disparut plus jamais. je le dis tout de suite à mes parents : « Maintenant, j'ai trouvé cette paix que je cherchais depuis des années ». je réalisai dès lors que nous ne trouvons cette paix qu'en Jésus-Christ, et cela, c'est le Royaume de Dieu sur la terre. Nous ne pouvons pas le trouver ailleurs qu'en Christ.
     Après ma conversion, je passai trois ou quatre jours à l'écart, en prières. je priais pour que Dieu me pardonnât, car, trois jours auparavant, je brûlais la Bible et j'étais l'ennemi de Christ. Je criais : « Mon Dieu, pardonne-moi! J'étais aveugle spirituellement, je ne pouvais pas comprendre ta parole ; c'est pourquoi j'ai brûlé la Bible ». Cette assurance me fut donnée : «Tu étais aveugle spirituellement, mais maintenant j'ai ouvert tes yeux. Va donc,et rends-moi témoignage ».
     Mes parents étaient très étonnés et disaient : « L'autre jour, tu brûlais la Bible, tu jetais des pierres aux missionnaires et, maintenant, tu prêches l'Évangile! Nous n'y comprenons rien! » Je fus heureux de rendre mon témoignage et de dire : « J'ai eu de bons enseignements dans ma vie, mais le Christ vivant a changé ma religion. Je suis sauvé par sa grâce. je l'ai persécuté, mais maintenant j'ai vu sa puissance merveilleuse et ses miracles ». Parfois encore, je risque de m'enorgueillir, mais alors je revois les années où j'ai persécuté Christ et je redeviens humble. 

Appel au témoignage et à la décision.
     Laissez-moi comparer ma vie à la vôtre : Vous avez été bénis dès votre jeune âge, vous n'avez jamais persécuté Christ. Je ne connaissais rien de lui dans mon enfance, tandis que vous, vous avez entendu parler de lui, mais vous l'avez aussi persécuté par votre vie, par vos mauvaises actions. Ceux qui aiment Dieu réalisent sa présence. Il y a très peu de vrais chrétiens. Si tous les habitants des pays dits chrétiens avaient été de vrais enfants de Dieu, l'Évangile aurait été répandu partout en quelques mois et le monde entier serait devenu chrétien. Quand nous sommes sauvés, notre devoir et notre responsabilité sont de faire tout notre possible pour sauver les autres. Pour commencer, nous devons entrer dans le Royaume de Dieu et le Royaume de Dieu doit être en nous. je ne puis pas expliquer ce mystère, mais il s'explique quand nous en avons fait l'expérience. Nous ne sommes plus alors comme le scribe qui n'était pas loin du Royaume, nous sommes dans le Royaume de Dieu.
     Que Dieu vous aide à faire de votre vie une vie de prière. Passez chaque jour un moment en prière et vous verrez des choses magnifiques dans vos vies. Par la prière, nous entrons dans le Royaume de Dieu, pour vivre et régner avec Christ aux siècles des siècles.
     C'est là mon témoignage. Au dernier jour, Christ vous dira : « Vous avez eu l'occasion d'apprendre à me connaître. Ceux qui vivaient dans les pays païens ont cherché la vérité et m'ont trouvé. Et vous ?»
     Dieu nous aide, afin que nous ne soyons pas couverts de honte au dernier jour, afin que nous n'ayons pas seulement une petite part du Royaume de Dieu, mais que nous soyons les enfants du Royaume, pour régner à toujours.
     Que le Seigneur nous aide à entrer dans le Royaume. Amen. 

CHAPITRE 9

Connaître Christ dans la souffrance. 

Genève, à la Salle de la Réformation, 
le jeudi 9 mars 1922.


 C'est à cause de cela que je souffre  
ces choses; je n'en ai point honte, 
car je connais celui en qui j'ai cru. 
II Tim. 1 . 12.
Les deux manières de connaître Christ.
     Saint Paul dit: « je n'ai pas honte de souffrir pour Lui, car je connais celui en qui j'ai cru ». Il n'écrit pas : « je sais beaucoup de choses de Lui », mais : « Je Le connais, Lui, personnellement ». Il y a une grande différence entre savoir quelque chose de Christ et connaître Christ. Tant que saint Paul a connu Jésus-Christ par ouï-dire, il l'a persécuté, mais dès qu'il l'a connu personnellement, il a été lui-même persécuté pour Christ.
     Il y a quelques années, j'étais un Hindou bigot, un ennemi du christianisme ; j'entendais parler de Jésus-Christ et je le haïssais, mais, dès que j'appris à le connaître intimement, je l'aimai. Voilà la différence entre connaître Christ et savoir quelque chose de Lui.
     Des amis hindous, aux Indes, m'ont questionné sur les pays dits chrétiens. Eh bien, dans ces pays, on entend beaucoup parler de Jésus-Christ et quelques-uns le connaissent, lui obéissent, l'aiment et le servent. Ceux qui savent quelque chose de Lui, ne savent pas qui est Jésus-Christ. Nous ne pouvons pas lui obéir, l'aimer et le servir, avant de Le connaître. Nous pouvons, au contraire, savoir beaucoup de choses de Jésus-Christ sans Le connaître lui-même.
     L'an dernier, voyageant dans les montagnes de l'Himalaya, je vis une plante, un tonique, appelé « solagi ». C'est un tonique des plus utiles et J'en avais beaucoup entendu parler. il avais vu cette plante bien souvent, sans la reconnaître. Désirant savoir quelle plante c'était, je demandai à un homme: « Qu'est-ce que cette chose noire ? » « C'est du solagi », me dit-il. Ainsi, je le connaissais de réputation, mais je ne pouvais pas le reconnaître. Il y en a beaucoup qui rencontrent les fruits du christianisme sans savoir les reconnaître. Ils en ont entendu parler, mais n'en connaissent pas les effets. C'est très possible. Mais, si nous connaissons vraiment Christ, il ne sera pas nécessaire qu'on nous dise de l'aimer ; nous l'aimerons tout naturellement.
     Aux Indes, il arrive que des étudiants disent : « Tel ou tel savant ne croyait pas en Jésus-Christ, comment pourrais-je, moi, croire en Lui ? » je réponds : « Il est possible d'être un savant sur certains sujets, sans avoir su apprécier l'action de Christ ».
     A propos d'une peinture magnifique, on demanda à un savant : « Que pensez-vous de ce tableau ? » Il répondit: « C'est une bonne peinture. Elle vaut bien cinq roupies ». Les gens se dirent : « C'est un savant, son jugement doit être juste ! Le tableau ne vaut que cinq roupies! » Alors, on demanda à un artiste : « Que pensez-vous de cette peinture ? » et il répondit : « Elle est magnifique, splendide ; elle vaut mille roupies ! » Le savant était très instruit dans certaines branches de la science, mais il était incapable d'apprécier les choses de l'art et son jugement n'avait aucune valeur. L'artiste, lui, était un spécialiste. Si nous voulons apprendre quelque chose de la religion, nous devons aller à ceux qui sont des spécialistes en matière religieuse et ont fait des expériences. Nous ne pouvons pas demander à un ingénieur de connaître la chirurgie, ni à un chirurgien de connaître la mécanique. Qu'est-ce que les dogmaticiens et les philosophes savent de la divinité de Jésus-Christ ? Allez auprès des « spécialistes » de la religion, les mystiques, les prophètes, les hommes de prière ; ceux-là savent ce qu'est la religion. Ma religion ne dépend pas de l'opinion de ce savant-ci ou de celui-là, ma religion dépend de Christ lui-même. 
  

Le connaître par la prière. 
Conversion du Sâdhou.
     Pour connaître Jésus-Christ, nous devons vivre avec lui et c'est seulement par la prière que nous pouvons vivre avec lui. Quand nous vivons avec lui, alors nous savons qui est Jésus-Christ. Quelquefois, à cause du péché, de notre nature pécheresse, nous ne pouvons pas le reconnaître ; à cause du péché, l'atmosphère spirituelle est troublée. Il y a deux ans, lorsque je me rendais en Australie, je fus témoin d'un fait remarquable. Chaque matin, nous recevions un journal. Un jour, arrêt soudain, point de nouvelles! je voulus savoir ce qui se passait: « Pourquoi n'y a-t-il point de nouvelles aujourd'hui ? » « Nous ne recevons pas de nouvelles à cause de la tempête. Il y a, des perturbations atmosphériques et les messages de la télégraphie sans fil ne peuvent pas être envoyés. » C'était un trouble d'ordre physique qui nous privait de nouvelles.  
     La tempête du péché provoque aussi des perturbations dans l'atmosphère spirituelle et nous ne pouvons pas, alors, recevoir les messages de Dieu. Cette tempête doit être arrêtée et c'est Jésus seul qui peut la calmer ; il peut parler avec autorité au vent et à la mer et il y aura un grand calme. Quand tout est calme, nous entendons sa voix, nous sentons sa présence et nous savons qui est Jésus-Christ. Alors nous avons la joie de sa présence et sa présence même dans nos coeurs, c'est le Ciel sur la terre. Il est possible que nous ne le voyions pas des yeux de la chair, mais nous sentirons sa présence. Nous pouvons voir un fruit ; nous pouvons aussi voir notre langue : ce sont deux choses visibles ; mais la douceur du fruit et le sens du goût dans notre langue, nous ne pouvons les voir. Nous pouvons jouir de la douceur du fruit, mais nous ne pouvons dire quelle couleur elle a. Nous pouvons voir la langue, mais nous ne pouvons voir le goût, ni quelle couleur il a !  
     Ainsi nous pouvons voir notre corps et nous pouvons voir Dieu dans ses oeuvres. L'oeuvre de ses mains est visible, mais Dieu lui-même dans nos âmes est invisible. Quand nous passons du temps avec Lui dans la prière, nous jouissons de sa présence et nous avons la douceur de cette présence. Ceux qui réalisent cela peuvent être ses témoins et dire « Maintenant, je connais Celui en qui j'ai cru ». il ne suffit pas d'avoir entendu parler de Lui ; cela ne nous aide en aucune façon ; c'est seulement quand nous Le connaissons, quand nous avons des rapports personnels avec Lui, qu'alors nous trouvons secours spirituel, joie et puissance.
     Certaines personnes essaient de trouver la vérité dans la science, dans la lecture d'écrits philosophiques. J'ai rencontré de ces gens-là et leur ai demandé : « Avez-vous trouvé quelque chose ? » « Non! » Ces gens sont comme l'enfant qui tenait un oignon dans sa main. Il commença à le peler et je lui demandai: « Que fais-tu ? » « J'enlève les pelures pour trouver ce qu'il y a dedans. » Il enleva toutes les pelures une à une et, lorsqu'il eut fini, il ne lui restait plus rien, car l'oignon est composé de pelures successives : il n'y a rien à l'intérieur. La science et les livres sont dans ce monde comme l'oignon. Nous les pelons continuellement, sans rien trouver. je n'ai rien trouvé dans la philosophie hindoue, mais seulement en Jésus-Christ, que je haïssais autrefois. J'étais aveugle spirituellement, mais en lui j'ai trouvé ce que j'avais cherché si longtemps.  
     Je n'oublierai jamais ce jour du 16 décembre 1904 où j'avais brûlé la Bible et où mon père me dit : « Pourquoi fais-tu une chose aussi stupide ? » je répondis : « La religion d'Occident est fausse, nous devons la détruire ». Ainsi je détruisais la Bible, pensant que j'avais fait mon devoir et trois jours après je vis la puissance du Christ vivant. Ce jour-là, j'allais me suicider, parce qu'il n'y avait point de paix dans mon coeur. je m'éveillai de bonne heure le matin ; c'était en hiver et je pris un bain froid. Alors, je commençai à prier, mais non pas le Christ des chrétiens, car je haïssais les chrétiens. je priais comme un athée, car j'avais perdu ma foi en Dieu. Je disais : « Si Dieu existe, qu'il me montre le chemin du salut et je Le servirai toute ma vie ; sinon, je me suiciderai ». De trois à quatre heures et demie du matin, je priai sans relâche. J'étais décidé à me suicider à cinq heures, au passage du train, en plaçant ma tête sur les rails, de sorte que je n'avais plus qu'une demi-heure. C'était ma dernière prière : « Si Dieu existe, qu'il me montre le chemin du salut ».  
      Alors arriva quelque chose que je n'aurais jamais attendu... La chambre se remplit d'une merveilleuse, d'une glorieuse lumière et je vis un homme resplendissant debout devant moi. je crus que c'était Bouddha, Krishna ou un autre des saints que j'adorais, et j'étais tout prêt à me prosterner devant lui, lorsque, à ma profonde surprise, j'entendis ces mots: « Combien de temps encore me persécuteras-tu ? Je suis mort pour toi ; pour toi j 'ai donné ma vie ». Je ne pouvais pas comprendre, je ne pouvais pas dire un seul mot... alors, je vis les cicatrices du Christ vivant, de ce Christ auquel je pensais comme à un grand homme ayant vécu en Palestine et mort depuis longtemps... et je découvrais qu'il était vivant, le Christ vivant et non pas un Christ mort et disparu ! je n'étais pas préparé à l'adorer ; je vis son visage rayonnant d'amour. Bien que j'eusse brûlé la Bible deux jours auparavant, il n'était pas irrité. Je fus transformé je connus là le Christ vivant, le Sauveur du monde et mon coeur fut rempli d'une paix et d'une joie que je ne puis décrire. Quand je me relevai, il avait disparu. J'allai tout dire à mon père qui ne put pas le croire. «Avant-hier tu brûlais la Bible ! Comment se peut-il que tu sois maintenant un chrétien ? » « Parce que j'ai vu Sa puissance. Il est le Christ vivant! » 
  

Le Christ donne la paix.
     Tandis que l'hindouisme et le bouddhisme ne m'avaient rien donné, Il m'a donné cette paix que le monde ne peut ôter. S'Il n'était pas le Christ vivant, je ne prêcherais pas l'Évangile. Ce n'est pas en imagination que je l'ai vu puisque, auparavant, je le haïssais et ne l'adorais pas. Si ç'avait été Bouddha, on pourrait dire que c'était un effet de mon imagination, car j'avais coutume de l'adorer. Ce n'était pas un rêve : quand on sort d'un bain froid, on ne rêve pas ! C'était une réalité, le Christ vivant. Il peut changer un ennemi de Christ en un prédicateur de l'Évangile. Il m'a donné sa paix, non pas seulement pour quelques jours, mais pendant seize ans, une paix merveilleuse, que je ne puis pas décrire, mais dont je puis rendre témoignage.
     Lorsque je pense aux chrétiens de nom, je suis triste. Ils savent tant de choses sur Jésus-Christ et ils ne Le connaissent pas. S'ils Le connaissaient, ils l'aimeraient et Le suivraient. Il y en a beaucoup qui ne le connaissent que par la théologie ou à un point de vue historique ; ils n'ont pas de temps à passer avec Lui et ils ne Le connaissent pas. C'est pour cela qu'ils se mettent à nier sa divinité. Il leur est impossible de voir la divinité du Christ en Jésus. Demandez à ceux qui ont vécu avec lui qui est Jésus-Christ. Le Christ vivant a changé leur vie d'une façon si merveilleuse que sur la terre ils vivent déjà dans le Ciel. Il leur donne la paix, la vraie paix, parce qu'il est le Prince de la paix. Les hommes ont essayé d'amener la paix dans ce monde et de faire cesser la guerre.  
     La Ligue des Nations aussi a fait de grands efforts, mais la Ligue des Nations ne peut rien faire tant qu'il n'y a pas une ligue des coeurs et cette ligue n'est possible que si les coeurs se sont donnés à Celui qui est le Maître des coeurs. En Lui seul,nous trouvons une paix véritable. La difficulté, c'est que nous savons ce qui le concerne, mais nous ne Le connaissons pas. Quand nous Le connaîtrons, Il se révélera à nous, nous vivrons en Lui et nous vivrons pour les autres en son nom. Alors, nous verrons sa puissance, même dans les plus grandes difficultés et nous aurons la paix. J'en ai fait moi-même l'expérience. 
  

Le Christ se révèle dans la souffrance.
     Dans les montagnes de l'Himalaya, j'ai prêché l'Évangile dans un endroit où aucun missionnaire n'a la permission d'aller. J'étais sur le marché lorsqu'un gendarme m'arrêta et me conduisit devant le Raja. Celui-ci, voyant un Sâdhou, dit au gendarme de me laisser aller; mais, dès qu'il comprit que j'étais un Sâdhou chrétien, il dit: « C'est bien, mettez-le en prison. Si vous aviez été un Sâdhou hindouiste, je vous aurais donné un palais tout Près d'ici ». Je savais qu'un Sâdhou hindouiste avait vécu dans ce palais ; mais il n'avait pas pu trouver la paix et s'était suicidé en se jetant dans la rivière. je dis alors au Raja : « Vous m'offririez un palais si j'étais un hindouiste ? Mais l'hindouisme n'a rien pu faire pour moi, tandis que, depuis que je suis chrétien, le christianisme a tout fait pour moi ». Et je compare ce palais avec la prison où je fus conduit. Le Sâdhou hindouiste dans le palais, le Sâdhou chrétien dans la prison... et je rends grâces à Dieu pour cette prison. Je ne voudrais pas habiter un palais et n'avoir pas la paix... Jésus-Christ, le Christ vivant, a changé pour moi la prison en un Ciel sur la terre. je n'ai pas honte de souffrir pour lui, parce que je connais Celui en qui j'ai cru. 
     Bien que mes mains et mes pieds fussent liés de chaînes, je possédais une paix si merveilleuse que c'était vraiment le Ciel sur la terre. Christ était avec moi, selon sa promesse: « je suis toujours avec vous » S'il n'avait été qu'un grand homme, il ne pourrait pas être toujours avec nous, il ne pourrait pas m'avoir donné cette paix magnifique ! Il est toujours avec nous et c'est notre faute si nous ne réalisons pas sa présence. Nous ne savons pas passer du temps avec lui, dans la prière, et nous ne comprenons pas qui est Jésus-Christ. Dieu veut nous accorder les bénédictions spirituelles, mais il faut que nous les demandions. Il nous donne toute sorte de bénédictions temporelles sans que nous les demandions, mais pas les grâces spirituelles. Nous ne les obtiendrons qu'en priant. 

Ces bénédictions s'obtiennent par la prière.
     Dieu a donné à la mère du lait pour nourrir son enfant, mais le lait ne vient dans la bouche de l'enfant que si celui-ci le prend. Ainsi Dieu, notre mère spirituelle, a pour nous du lait spirituel qui ne nous sera accordé que si nous le demandons, si nous le prenons, c'est-à-dire si nous prions. Quand nous prenons ce lait spirituel, alors nous connaissons sa douceur, nous jouissons de la présence de Christ et, comme l'enfant, nous devenons plus forts de jour en jour. Alors aussi, par la prière, nous pouvons surmonter la tentation et vaincre Satan. Tout ce que j'ai trouvé, je l'ai obtenu uniquement par la prière. Nous négligeons la prière et c'est à cause de cela que nous ne comprenons pas ce qu'est Jésus-Christ. Si nous consacrons chaque jour du temps à la prière, Il se révélera à nous et nous saurons qui est Jésus-Christ ; nous l'aimerons et nous nous aimerons les uns les autres.
     Aux Indes, on me dit souvent : « Vous appelez les pays d'Europe des pays chrétiens, mais Christ a dit : « Aimez-vous les uns les autres » et ils se sont fait la guerre les uns aux autres. Le christianisme a fait faillite en Europe ! » je réponds: « Je ne suis pas d'accord avec vous. Le christianisme n'a. pas fait faillite, mais beaucoup de gens en Europe ont fait faillite quant à la compréhension du christianisme ! 
     Ceux qui connaissent Christ le comprennent et s'aiment les uns les autres. Cette guerre n'est donc pas la faute de Dieu ! » Beaucoup de gens se nourrissent par le cerveau, alors que leur âme meurt de faim. Ils essaient de trouver leur force dans des livres, alors que la force se trouve en Christ seul. 
  

Les biens de ce monde empêchent la prière.
     Le monde est comme un océan. S'il est vrai que nous ne pouvons pas vivre sans eau, il est tout aussi vrai que nous ne pouvons pas vivre si nous enfonçons dans l'eau, car dans l'eau il y a la vie, mais il y a aussi la mort. Si nous nous servons de l'eau, nous y trouvons la vie, mais nous trouvons la mort si nous disparaissons dans l'eau. Nous devons nous servir des choses que Dieu nous donne, mais non pas nous y noyer. Lorsque nous nous noyons, nous mourons par suffocation. Beaucoup de gens sont déjà morts par suffocation, faute d'avoir eu la respiration de la prière ; ils sont morts dans leur matérialisme et n'ont pu saisir l'Esprit du Christ. Je n'en suis pas surpris le moins du monde, car ils se meurent d'étouffement. S'ils commencent à vivre avec Jésus-Christ, il se révélera lui-même à eux. Alors, ils le connaîtront tel qu'il est, ils seront ses témoins et lui rendront ce témoignage : « Maintenant, je connais celui en qui j'ai cru ». Que Dieu nous aide à le connaître Lui-même ; il ne suffit pas de savoir quelque chose de Lui.
     En terminant, je vous remercie d'être venus et d'avoir écouté si attentivement. C'est très aimable de votre part ; mais il y a une requête que je voudrais vous adresser : de même que vous m'avez écouté avec tant de bienveillance, voulez-vous écouter la voix de Christ? Vous avez écouté la mienne. Cela ne vous servira pas à grand-chose, à moins que vous ne l'écoutiez, Lui. Prenez le temps de prier dans quelque lieu tranquille. Que le Seigneur vous aide à passer du temps devant lui, afin que vous puissiez entendre Sa voix et jouir de Sa présence. 

CHAPITRE 10

Témoins de Jésus-Christ.
Genève, à la Salle centrale, le vendredi 10 mars 1922.
Vous serez mes témoins à Jérusalem, 
dans toute la Judée, dans la Samarie 
et jusqu'aux extrémités de la terre, Actes 1 : 8.



Non pas des scribes, mais des témoins.
     Vous serez mes témoins. Jésus ne dit pas seulement : « Vous serez mes prédicateurs », mais : «Vous serez mes témoins ». On peut très bien être un grand prédicateur, un orateur éloquent, sans être un témoin de Christ. On peut aussi être un témoin vivant, un grand témoin du Christ, sans être prédicateur, ni orateur. Tous les vrais chrétiens ne peuvent pas devenir des prédicateurs, mais chacun d'eux peut devenir un témoin du Christ, un témoin non seulement par les lèvres, mais par toute sa vie.
     Lorsque j'étais en Palestine, il y a un mois, bien des réflexions me sont venues à l'esprit et cette pensée, entre autres, que notre Seigneur n'a jamais rien écrit. Quelle grande chose ç'aurait été si Jésus-Christ avait écrit l'Evangile lui-même ! Mais Il n'a pas écrit un seul mot et n'a pas non plus demandé à ses disciples d'écrire. Il ne leur a pas dit : « je vais dicter, prenez des notes ». Ceux qui ont écrit la Bible n'ont pas reçu l'inspiration en prenant des notes, mais en vivant avec la Parole de Vie. C'est pour cela que notre Seigneur ne demanda pas à ses disciples d'écrire quoi que ce soit. Il a dit : « Mes paroles sont Esprit et Vie ». Il est facile d'écrire des mots pour en faire un livre, mais il est difficile d'exprimer l'esprit par des mots. La vie et l'esprit du Seigneur ne peuvent être transcrits que dans les coeurs des hommes et non dans des livres ; et Jésus-Christ savait que son action s'accomplirait dans les coeurs et non pas dans les pages de son livre.
     Nombre de docteurs ont laissé à leurs disciples leur enseignement par écrit, car ils savaient qu'ils allaient les quitter, mais Christ, qui est Dieu, ne nous quittera pas : nous avons sa promesse : « je suis toujours avec vous ». Plus tard, ses témoins vivants, qui avaient vu tant d'événements, écrivirent les Evangiles sous l'inspiration du Saint-Esprit. Ils étaient témoins oculaires, ils avaient vécu avec Christ. Ce qui importe le plus pour nous, c'est ceci : Jésus-Christ allait vivre dans les coeurs de ses disciples et travailler par leur moyen et non seulement par eux, mais aujourd'hui encore, il agit à travers les coeurs de ceux qui lui appartiennent. Quel grand privilège que d'être son témoin, le témoin du Christ vivant ; c'est un privilège qui n'est pas donné aux anges, parce qu'ils ne peuvent pas rendre témoignage à sa puissance de Sauveur. Ils n'ont aucune expérience du salut, puisqu'ils n'ont jamais été pécheurs. Ceux-là seuls qui ont été sauvés par Sa grâce peuvent rendre ce témoignage : « Maintenant, je suis sauvé! » Comme l'aveugle le disait: « J'étais aveugle et maintenant je vois », ceux qui ont été de grands pécheurs peuvent dire : « Nous étions aveugles et maintenant nous voyons ; nous sommes Ses témoins dans le monde ». Lorsque Jésus-Christ vit dans nos coeurs, nous lui rendons témoignage par toute notre vie et non pas seulement par nos lèvres.

Témoins en vivant de sa vie.
     En voyageant dans les montagnes de l'Himalaya, je vis une fois un arbre couvert d'insectes. Tout d'abord, je ne m'aperçus pas que c'étaient des insectes : ils étaient posés sur les feuilles et je les pris eux-mêmes pour des feuilles, jusqu'à ce qu'ayant regardé de plus près, je vis que ce n'étaient pas des feuilles, mais des insectes. Par leur couleur, par leur forme, en tous points, ils étaient semblables aux feuilles de l'arbre. J'étais surpris de constater qu'il n'y avait pas la moindre différence entre les feuilles et les insectes. Un homme du village m'expliqua que ces insectes naissent sur 1'arbre, qu'ils se nourrissent de l'arbre et que l'arbre est tout pour eux. Cela me fit penser au fait que ceux qui vivent avec Jésus-Christ deviennent semblables à Lui. Ils mangent sa chair et boivent son sang ; Il vit en eux et ils deviennent pareils à Lui. L'homme ne devient pas Dieu, mais il devient semblable à Jésus-Christ lorsqu'il vit avec Lui. En d'autres termes, les enfants de Dieu peuvent être appelés des portraits de Jésus-Christ, qui est dans le ciel, et quand ils ressemblent ainsi à leur Sauveur, leur vie est un témoignage pour d'autres. Nous sommes façonnés à son image. S'il vit en nous, nous serons formés spirituellement à sa propre image, mais ce n'est possible que lorsqu'Il vit en nous et que nous vivons dans le monde sans être de ce monde. Nous sommes dans ce monde comme de petits bateaux. Une barque est très utile pour aller sur l'eau, comme les routes sont bonnes pour les automobiles, tandis qu'elles ne valent rien pour les bateaux. Le bateau est très utile sur l'eau, mais si l'eau est dans le bateau tout est perdu. Ainsi nous ne pouvons vivre que dans le monde, mais il ne faut pas que le monde soit en nous. 

Témoins en nous dégageant du monde.
     Si le monde pénètre en nous, nous sommes noyés dans ce monde et nous ne pouvons plus être des témoins, parce que nous sommes morts. Ainsi ce n'est pas ce monde, mais Christ qui doit vivre en nous, et alors il sera possible de lui rendre témoignage par nos lèvres et par nos vies... « Vous serez mes témoins. » Témoins de ce que la tentation peut être vaincue, non par nos propres efforts, mais par Sa grâce et Son secours. Nous connaissons la puissance du péché et Satan est très fort, mais notre Sauveur est plus fort que Satan.
     Un jour que j'étais assis sur un rocher, je vis au-dessous de moi un oiseau qui volait lentement. J'observai ses mouvements et, au bout d'un moment, je vis un gros serpent qui regardait l'oiseau et l'attirait par son pouvoir magnétique. Le pauvre petit oiseau était attiré dans la gueule de la mort. Il ne savait pas où il allait, mais l'eût-il su qu'il n'aurait pas eu la force de résister. J'essayai de jeter des pierres pour lui sauver la vie, mais inutilement. Alors, j'assistai à une scène tragique: au moment où l'oiseau arriva à la bouche du serpent, il fut englouti d'un coup. C'est exactement ainsi que Satan, le serpent ancien, a beaucoup de choses intéressantes à montrer à tous, jeunes et vieux, pour les attirer à Lui. Nul de nous n'a en lui-même le pouvoir de résister au mal et nous allons au-devant de la gueule de la mort, mais si nous regardons à Jésus-Christ, il peut nous attirer à Lui et nous élever jusqu'au Ciel. Des pierres que l'on jette en l'air retombent sur le sol, car par la loi de la pesanteur, la terre attire tout à elle mais, lorsque Jésus-Christ monta au Ciel, il ne retomba pas sur le sol.
     Le mois dernier, me trouvant sur le Mont des Oliviers, je me disais que, malgré la loi de la pesanteur, la terre n'a pu retenir le Sauveur. Il s'en alla, en dépit de cette loi ; il monta au ciel. Ainsi, il attire à lui ceux qui le prient, il les attire vers la patrie céleste. Bien que nous vivions dans ce monde, Sa puissance d'amour travaillera en nous ; nous n'aurons aucune difficulté à résister au mal, aucune même à vaincre Satan ; nous serons rendus capables d'être les témoins de notre Sauveur. Il a fait tant de grandes choses pour nous. Il nous a affranchis et un pêcheur sauvé est en état de rendre témoignage de sa propre existence. Nous vivons encore dans ce monde de péché, mais nous y vivons avec lui, nous sommes rendus libres à l'égard du péché. 

Témoins qui agissent sur le monde.
     Si nous vivons avec Christ, même les choses qui font du mal à d'autres nous deviennent utiles. Dans un de mes voyages dans l'Himalaya, J'arrivai un jour à quelques cents mètres d'un village horriblement sale ; la mauvaise odeur était si forte, que j'en eus des nausées. Quelques jours plus tard, je repassai par là et vis un changement merveilleux. La saleté était la même qu'auparavant, cela n'avait pas changé, mais une fleur magnifique avait poussé au beau milieu de l'ordure et le suave parfum de la fleur dominait la puanteur. La saleté avait agi comme une nourriture, comme un engrais pour la fleur. L'ordure même pouvait l'aider à croître, et elle tournait sa corolle vers le soleil. Les rayons du soleil tombaient sur la fleur, elle en recevait la chaleur et là, au milieu de la saleté, éclatait la gloire de Dieu. 
     Les vrais chrétiens sont dans ce monde comme des fleurs. Ils ont beau vivre au milieu de la boue du péché, si leurs faces et leurs coeurs sont tournés vers le Soleil de justice, sa lumière brille dans leurs coeurs et ils peuvent rendre témoignage que le Christ vivant est à l'oeuvre dans leur vie. Ces chrétiens-là sont comme un parfum suave dans ce monde de douleur et beaucoup d'autres pécheurs sont sauvés par leur effort. Lorsqu'ils en auront amené d'autres au salut, ils recevront leur récompense. Ainsi que le dit Daniel : « Ils brilleront comme des étoiles ». Notre Seigneur a dit plus encore. Daniel dit que, grâce à leurs efforts, ils brilleront comme des étoiles, mais le Sauveur a dit « Ils resplendiront comme le soleil dans le Royaume de Dieu » et ils recevront leur récompense. Tout ce que nous aurons fait pour le Sauveur aura sa récompense.
     Chacun de nous ne peut pas devenir missionnaire, mais chacun peut aider la mission par la prière, et soutenir ainsi ceux qui sont partis comme missionnaires. Chacun peut s'associer à l'oeuvre du Seigneur par ses prières et par ses dons, mais la chose essentielle, c'est la prière. Par la prière, nous pouvons travailler pour le Seigneur, même si nous sommes pressés par notre travail journalier.
     Par la prière, nous n'aidons pas seulement aux autres, nous sommes transformés nous-mêmes et rendus semblables à notre Sauveur. De cette manière, même dans notre bureau ou notre magasin, nous pouvons être les témoins de Christ et confesser Son nom.
     Que Dieu nous aide, afin que nous puissions vivre en Lui et Lui en nous, afin que nous puissions rendre témoignage à notre Sauveur vivant.
     J'aurais encore beaucoup à dire, mais je sais que quelques amis désirent poser des questions. je serai heureux d'y répondre.


Questions posées au Sâdhou à la Salle centrale. 

Chrétiens en secret aux Indes.
     « Pouvez-vous nous dire quelque chose des sociétés secrètes de chrétiens aux Indes ? »
     Il y a, aux Indes, des disciples secrets de Christ. Beaucoup d'entre eux ne le confessent pas ouvertement. Ils travaillent à leur manière. Sur bien des points, je ne suis pas d'accord avec eux. Ils croient avoir été conduits à travailler dans le secret et lorsqu'on leur demande pourquoi ils ne se déclarent pas, ils répondent : « Notre Seigneur nous a appelés à être des pêcheurs. Quand un pêcheur veut prendre du poisson, il ne fait pas de bruit, il s'assied bien tranquillement jusqu'à ce que son filet soit plein, car s'il faisait du bruit, le poisson se sauverait. Nous travai1lons donc dans le silence et, lorsque le filet sera plein, le monde entier verra le résultat de notre travail....»
     Il arrive que ceux qui travaillent pour le Seigneur se découragent en ne voyant aucun fruit de leur effort, mais c'est qu'ils ne peuvent pas comprendre combien il est difficile, aux Indes, de confesser Christ ouvertement, à cause de la question des castes. Il y a plus de seize ans que je suis devenu chrétien et, en même temps, un hors-caste aux yeux de ma famille pour ma vie entière. je ne puis ni vivre avec eux, ni manger avec eux. Ah ! ce n'est pas facile d'être chrétien! Mais Dieu entend mes prières ; mon père est devenu chrétien et plusieurs de mes parents songent à le faire, mais ils ne peuvent se déclarer ouvertement, à cause des difficultés de la caste. Le Saint-Esprit travaille d'une manière magnifique que nous ne pouvons comprendre; mais nous verrons les fruits de notre travail, sinon bientôt, du moins en son temps à Lui.
     Un converti m'a raconté son expérience : elle était merveilleuse. Il me disait : « Lorsque j'ai éprouvé que Christ est le Sauveur, j'ai désiré le confesser publiquement, mais j'avais peur d'être chassé de chez moi, lapidé, tué peut-être. Pourtant, j'ai essayé. Au commencement, je tremblais, mais bientôt je sentis une puissance merveilleuse et je vis se réaliser la promesse de Dieu : « Ta force durera autant que tes jours ». je pouvais rendre témoignage à mon Sauveur et je regrettai de ne pas l'avoir fait plus tôt ; je ne savais pas ; si j'avais su quelles expériences bénies je ferais, je l'aurais confessé depuis longtemps ». Moi-même je pensais que la persécution était impossible à supporter, mais par elle j'ai fait, d'une façon merveilleuse, l'expérience de la présence du Sauveur, de la communion avec ses souffrances, de sa vie et de son action dans nos coeurs. 
     Une fois, mes parents cherchèrent à se débarrasser de moi en mettant du poison dans ma nourriture. J'en mangeai et le lendemain je fus aux portes de la mort. Le docteur déclara qu'il n'y avait aucun espoir, et le missionnaire chez qui J'étais me croyait aussi perdu. Pour moi, j'étais sûr que je me rétablirais, afin de rendre témoignage à mon Sauveur. Le docteur refusait de me donner aucune médecine, car il était certain que j'allais mourir et craignait que, s'il me donnait quelque chose, on l'accusât de m'avoir lui-même empoisonné. Quand j'eus repris connaissance, je dis au docteur de lire le chapitre 16 de Marc. Il se mit à rire au récit de la résurrection, comme le font les rationalistes d'aujourd'hui (ils ne comprennent pas les miracles, parce qu'ils n'en ont pas fait l'expérience, mais ceux qui l'ont faite n'y trouvent aucune difficulté). Le matin suivant, je me sentais rafraîchi et plein de vie nouvelle ; je me levai pour me mettre au soleil, devant la maison. je vis de loin le docteur qui venait faire les formalités pour mon enterrement. Quand il me vit à distance, assis au soleil, il fut surpris et honteux; il s'en alla sans dire un mot, sans même venir jusqu'à moi. 
     Je ne le revis pas de longtemps, mais quelques années plus tard, en parcourant la Birmanie, je le rencontrai dans une réunion. « Me reconnaissez-vous? » demanda-t-il. « Oui, la dernière fois que je vous ai vu, c'était auprès de mon lit de mort. » Il me dit alors que ma guérison miraculeuse avait produit une telle impression sur lui, qu'il s'était mis à lire la Bible et était devenu chrétien : « Deux ans après ce miracle, j'ai été baptisé et maintenant je suis un ministre de Christ ». N'y a-t-il pas là un grand miracle ? Cette conversion du docteur et ma vie sauvée. Si des rationalistes ou des théologiens viennent me dire qu'ils ne peuvent pas croire à la divinité de Christ, ils ne sauraient ébranler ma foi.
     Je suis ici pour rendre mon témoignage. C'est par sa puissance que j'ai été sauvé, physiquement et spirituellement, et maintenant c'est lui qui me guide dans les différentes parties du monde que je visite. Le souvenir d'avoir persécuté Christ et déchiré la Bible est comme une écharde dans ma vie. Vous n'avez jamais fait cela, mais vous courez le danger d'être séduits par des conducteurs intellectuels. Pour avoir des directions spirituelles, ne vous adressez pas à des rationalistes ou à des théologiens dépourvus de vie spirituelle (1) il mais allez à la Parole de Dieu et vous trouverez la force aux pieds du Maître. Dieu nous aide à Le connaître et à faire l'expérience de sa puissance, afin que nous puissions en sauver d'autres après avoir été sauvés nous-mêmes. 

Au fond du puits au Tibet.
     « Nous direz-vous l'histoire du puits ? »
     Le Sâdhou raconta son expérience dans le puits, au Tibet, avec les détails suivants qu'il n'avait pas donnés auparavant.
     Le puits était profond de quarante pieds et entouré d'un mur dans lequel était une porte, de sorte qu'il y avait deux portes fermées à clef. Le bras gauche de Sundar Singh avait été cassé avant qu'on le jetât dans le puits, pour l'empêcher de chercher à s'enfuir. Il entendit qu'on ouvrait la porte et une corde fut descendue. L'homme qui l'avait lancée lui dit de la saisir, mais il répondit qu'il ne pouvait pas se servir de son bras ; alors l'homme lui dit de mettre la corde sous ses jambes, et il le tira hors du puits. La nuit était noire ; il ne put reconnaître celui qui l'avait retiré, et le prit pour un soldat tibétain, venu le chercher pour lui faire subir une nouvelle torture. Il lui demanda son nom, mais n'obtint pas de réponse.
     « Après avoir franchi les deux portes que l'homme avait ouvertes, j'attendis pour lui demander quelle route je devais prendre. J'attendis cinq, dix, vingt, trente minutes, mais personne ne vint.» Le lendemain matin, je prêchais de nouveau dans le village, et je fus amené devant le lama. Il me demanda comment il avais pu sortir du puits. je lui racontai. On alla vérifier les serrures qui étaient en parfait état et fermées; on chercha la clef - clef unique - et on la trouva à la ceinture du lama... Celui-ci commença à se troubler. Enfin il me dit: « Montre ton bras! » C'est à ce moment que je me souvins qu'au sortir du puits l'homme.avait touché mon bras... je le montrai, il était parfaitement guéri. Alors le lama me dit : «Ton Dieu t'a protégé ; nous ne te ferons aucun mal, mais va-t'en de notre province, de peur que des malédictions ne nous atteignent ».
     Ce ne sont pas les jours des miracles qui sont passés, mais les jours de la foi qui s'en vont. je m'attends à voir de plus grandes choses encore dans cette région, d'ici à quelques années. Nous devons nous confier en Christ, croire en Lui, sans jamais douter. Ne vous fiez pas trop à votre cerveau, écoutez votre coeur. Etendez la main en croyant et vous recevrez la bénédiction.
     Un homme vint au Sauveur avec une main sèche. Christ savait qu'il désirait être guéri et lui dit : «Etends ta main ». L'homme obéit et il fut guéri. S'il s'était mis à raisonner, il n'aurait pas été guéri. Un théologien aurait dit : «Quelle absurdité! si je pouvais étendre mon bras, je n'aurais pas besoin de toi ». Mais lui, ne tenait pas aux raisonnements, il voulait la guérison et il étendit la main. Etendons la main de notre foi, même si elle est desséchée et nous serons guéris. Nous ne devons pas raisonner ou douter, car ce serait porter atteinte à son honneur. Confions-nous, obéissons-lui ; alors, nous verrons sa puissance et nous serons ses témoins. je suis témoin que les grandes choses qu'il a faites pour moi, Il peut les faire pour vous...»

CHAPITRE 11

L'expérience chrétienne.
Genève, Salle de la Réformation, 
le dimanche 12 mars 1922, à 3 h. de l'après-midi.
Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, 
ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos 
mains ont touché, concernant la Parole de vie...nous l'avons vu et nous en rendons témoignage. 
1 jean 1 : 1 et 2.
Faire l'expérience du salut en Christ,  
et non pas analyser le salut.
     Saint Jean a vécu avec notre Seigneur pendant plus de trois ans, aussi ce qu'il a écrit n'est pas une fiction, une nouvelle, mais ce sont des faits. C'est une inspiration qui a poussé les apôtres à écrire, et cette inspiration ne les a point trompés. Ils n'ont pas été avec le Seigneur pendant quelques jours ou quelques semaines, mais pendant trois ans entiers. Si, durant ces trois ans, ils avaient constaté chez le Maître un défaut, un péché quelconque, ils l'auraient dit. Ils vivaient tout le temps avec lui, jour et nuit. Ils l'observaient sans cesse et ils ont pu dire : «Nous l'avons contemplé, nous l'avons vu, nous l'avons entendu », puis : «Nous lui rendons témoignage et nous vous annonçons la vie éternelle ».
     Très souvent je répète que je ne suis pas dans ce pays pour y prêcher, mais pour rendre témoignage de ce que le Seigneur a fait pour moi, de ce qu'Il a fait, non pas depuis quelques jours ou quelques mois, mais depuis seize ans. Il est la Parole de Vie, Il est mon Sauveur, à moi personnellement ; et le Sauveur du monde. Le salut ne s'obtient pas par la science, mais par la foi, en écoutant et en acceptant la Parole de Dieu.
     Lorsqu'un homme a soif, qu'il soit savant ou ignorant, jeune ou vieux, ce qu'il demande pour apaiser sa soif, ce n'est pas de la science, c'est de l'eau ; et, avant de boire cette eau, il n'a nul besoin de savoir qu'elle contient de l'oxygène et de l'hydrogène. S'il attendait, pour boire son eau, de savoir ce que sont l'oxygène et l'hydrogène, il pourrait bien mourir de soif. Depuis les temps les plus reculés, les hommes ont étanché leur soif avec de l'eau, sans se soucier d'en connaître la composition. Nous de même, nous n'avons pas besoin d'être très instruits de ce qui concerne le dogme de la Trinité ou d'autres doctrines profondes pour recevoir l'eau vive que Jésus-Christ veut nous donner et qui peut satisfaire notre âme.
     Beaucoup de gens ont des doutes, des difficultés spirituelles ; ils ne peuvent pas croire tout simplement que Jésus-Christ seul est le Sauveur. J'appelle ces doutes spirituels la souffrance de l'âme. A cause du péché et de l'attrait du péché, nos relations avec Dieu sont rompues et nous souffrons. La chose essentielle, c'est d'être en règle avec Dieu ; alors toutes les souffrances s'enfuiront. Les rationalistes et les intellectualistes disent : « Commencez par expliquer toutes les difficultés, alors nos doutes disparaîtront et nous pourrons accepter votre enseignement... » Il y a cinq ans, je me trouvais avec un docteur de mes amis, lorsque nous aperçûmes un pauvre homme, un simple villageois, qui pleurait à chaudes larmes. Le docteur lui demanda : « Qu'y a-t-il donc ? Pourquoi pleures-tu ainsi ? » « je suis tombé et me suis cassé le bras cela me fait mal. » « Ne crains rien, dit le docteur dans une semaine tu seras guéri, et la douleur va disparaître dès que J'aurai remis l'os en place. » « Avant de le remettre, dit l'homme, commence par m'enlever la douleur ; après, tu feras tout ce que tu voudras. » « Insensé, comment le pourrais-je ? C'est l'os brisé qui cause la douleur. Quand il sera remis à sa place, tu n'auras plus mal. » On trouve beaucoup d'insensés pareils à cet homme. Nos doutes spirituels, la souffrance de notre âme sont causés par le péché ; enlevez le péché, il n'y aura plus de souffrance. Mettez-vous en règle avec Dieu par la repentance et la foi en Lui, alors la souffrance et le doute disparaîtront.
     C'est l'expérience de beaucoup qui se sont repentis et ont trouvé la paix en Dieu. Et dès que le doute a disparu de leurs coeurs, ils sont dans une plénitude de joie et de paix. J'ai fait cette expérience. J'avais tant de doutes, j'étais misérable et sans repos, mais, dès que j'allai à Jésus-Christ, tous mes doutes disparurent. Et je rends témoignage à Celui qui a fait de si grandes choses pour moi. 
  

Impuissance de la morale humaine.
     Les prédicateurs de morale assurent qu'ils n'ont nul besoin d'un Sauveur. Ils disent : « Faites de bonnes oeuvres, vous serez bons ». Mais il se peut que nous soyons si pécheurs et si faibles que nous ne puissions pas nous sauver nous-mêmes par nos propres efforts. Le pécheur est comme un poisson dans un filet : Le poisson peut regarder entre les mailles et se croire libre, mais sitôt qu'il commence à se débattre, il réalise qu'il n'est pas libre du tout, qu'il lui est impossible de sortir, car il est pris dans le filet. Les prêcheurs de morale peuvent voir assez loin par les yeux de leur idéal, mais dès qu'ils commencent à lutter, ils s'aperçoivent qu'ils sont pris dans l'esclavage de leur péché. Nous pouvons très bien prendre la résolution de ne plus pécher désormais, mais cela ne nous sauve pas du filet. Sans doute, le filet n'est pas la mort, mais il est l'instrument qui nous mène à la mort. La vie du poisson est dans l'eau ; quand il est dans le filet, il est séparé de l'eau. Le filet n'est pas lui-même la mort, mais le filet sépare le poisson de l'eau et c'est cette séparation qui est sa mort. Quand nous péchons, nous ne mourons pas tout de suite, mais le péché nous sépare de l'amour de Dieu et ainsi nous mourons. Jésus-Christ est venu pour nous affranchir de l'esclavage ou du filet, et quand nous sommes libérés, vivant dans l'océan de Son amour, nous prenons conscience des bénédictions reçues et nous devenons ses témoins.
L'expérience du salut par la prière.
     Beaucoup d'intellectuels n'arrivent pas à voir la beauté et la gloire du christianisme, c'est-à-dire Christ lui-même. Nous ne pouvons pas comprendre ces choses spirituelles si nous ne passons pas du temps dans la prière et la méditation. Il peut y avoir de magnifiques oiseaux dans les airs et de brillantes étoiles au ciel, mais si vous voulez des perles, vous devez plonger dans les profondeurs de l'océan pour les trouver. Il y a beaucoup de belles choses dans le monde extérieur, mais les perles ne se trouvent qu'au fond de la mer. Si nous voulons les perles de l'esprit, nous devons plonger, c'est-à-dire nous devons prier et alors nous verrons les perles précieuses.
     Mais les hommes sont trop occupés ; ils n'ont pas de temps à donner à la prière! L'heure approche où ils devront mourir ; diront-ils aussi : « Nous n'avons pas le temps de mourir » ? La mort n'attendra pas qu'ils aient terminé leur travail. Ne vaut-il pas mieux prendre chaque jour le temps d'entrer dans l'intimité de Celui qui seul pourra nous aider après la mort ? Il se révélera à nous dans la prière; nous connaîtrons sa grâce et nous serons sauvés, car ainsi que quelqu'un l'a dit : « Dans le profond silence de mon âme, je trouve mon Ciel et mon Dieu ». Dans la mesure où nous réaliserons cette intimité, nous trouverons la paix, la joie et le Ciel sur la terre. Cela ne signifie pourtant pas que nous puissions dire comme les panthéistes : «Maintenant, je suis Dieu». Voyez l'éponge plongée dans l'eau : elle est dans l'eau et l'eau est dans l'éponge. Lorsque nous consacrons du temps à la prière, nous sommes en Dieu et Dieu est en nous, mais cela ne veut pas dire que nous soyons Dieu ou que Dieu soit nous. Nous nous rendons compte qu'Il est notre Créateur et que nous sommes ses créatures, qu'Il est notre Père et que nous sommes ses enfants. Unis ainsi intimement à lui, nous faisons l'expérience d'une joie impossible à décrire. Méditons et prions ; ne nous lassons pas de rester aux pieds du Sauveur. 

La prière surmonte les doutes et adoucit la croix.
     A vrai dire, nous trouvons dans la Bible bien des choses que nous ne pouvons pas comprendre. Un jour que j'étais dans l'Himalaya, j'avais faim et soif, et rien à manger. J'aperçus un arbre, sur lequel je grimpai aussitôt pour en cueillir le fruit. L'ayant goûté, je lui trouvai une telle amertume que je le jetai loin de moi. En descendant de l'arbre, je vis un homme qui me dit : «Pourquoi jettes-tu ce fruit? Ne le connais-tu pas ? » « Non, je sais seulement qu'il est affreusement amer. » « Il est très bon, au contraire me dit-il ; c'est une noix.» J'avais peine à le croire, mais lorsque j'eus enlevé l'enveloppe verte si amère, je trouvai une coque dure et, à l'intérieur, une amande délicieuse. Lorsque les gens regardent le christianisme de l'extérieur, ils voient la croix, et c'est là l'enveloppe amère : un chemin d'amertume qu'on n'aime pas à considérer de trop près. Puis il y a la dure écorce des difficultés et des doutes, et l'on rejette le tout loin de soi... mais la prière rend tout facile : elle nous permet d'arriver jusqu'à l'amande, d'en goûter la saveur et de constater que le fruit est une réalité. Mais ce n'est possible que par la prière. Tous ceux qui ont fait cette expérience spirituelle rendent témoignage à cette douceur. 
     Notre négligence et notre indifférence nous empêchent de faire l'expérience de la vérité du christianisme. Nous n'avons rien à dire à d'autres, aucune expérience spirituelle à leur communiquer pour les aider. Mais si nous vivons près de Christ, comme saint Jean a vécu pendant trois ans, alors nous Le connaîtrons tel qu'il est : La Parole de Vie, le Sauveur vivant.
     Avant-hier, je parlais de mon entretien avec un homme très instruit, un psychologue, qui m'assurait que la paix merveilleuse dont j'ai fait l'expérience est un effet de mon imagination. Avant de lui répondre, je lui racontai l'histoire d'un aveugle-né qui refusait de croire à l'existence du soleil. On le fit asseoir dehors, au grand soleil, par une froide journée d'hiver et on lui demanda: « Comment te trouves-tu? » Il dit : « J'ai bon chaud ». « C'est le soleil qui te réchauffe, même si tu ne l'as pas vu, tu en as éprouvé les effets ! » « Non, dit-il, C'est impossible. Cette chaleur vient de mon corps, de la circulation de mon sang. Vous ne me ferez pas croire qu'il y a, dans le ciel, une boule de feu suspendue sans une colonne pour la soutenir! » - « Eh bien, demandai-je au psychologue, que pensez-vous de cet aveugle ? » « C'était un fou, répondit-il. » « Et vous, lui dis-je, vous êtes un fou instruit. Vous prétendez que ma paix est un effet de mon imagination; mais moi j'en ai fait l'expérience ».
     Pendant longtemps, je me suis livré à la méditation, mais cette méditation ne me procura pas la paix. Par contre, quand j'ai commence à prier, j ai senti la présence de Dieu et les rayons du Soleil de justice dont la chaleur détruit les germes du péché et donne la vie. 

L'expérience d'un martyr.
     Nous ne comprenons pas Jésus-Christ, parce que nous n'avons jamais vécu avec Lui par la prière. Voici le témoignage d'un homme qui m'a parlé de ses expériences spirituelles : Pendant longtemps, il avait vécu dans une grotte, plongé dans la méditation des choses spirituelles, sans avoir rien trouvé qui pût l'aider dans les saints livres de l'hindouisme et du bouddhisme. « Je cherchais la vie, disait-il, et je trouvai beaucoup de choses bonnes, beaucoup de bons enseignements, mais point de vie. Et c'est de vie que j'ai besoin ! » On lui donna l'Évangile de Jean. Il le lut et, au bout de quelques jours, il fit chercher le missionnaire. Il lui dit que, dans sa grotte, il n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait, mais que lorsqu'il était sorti de la grotte et avait lu l'Evangile, il avait trouvé la vie. « J'ai lu deux fois l'Evangile, dit-il, en n'y trouvant que de bons enseignements, des pensées admirables, mais la troisième fois Christ se révéla Lui-même à moi. je ne le vis pas de mes yeux, mais je sentis Sa présence dans mon coeur ». 
     Cet homme voulut immédiatement rendre témoignage de ce qu'il avait trouvé en Christ. Les gens déclarèrent qu'il était resté si longtemps dans la grotte qu'il y avait perdu l'esprit et le prêtre demanda ce qu'il fallait faire: « Il a renoncé au bouddhisme et doit être lapidé, de peur que le peuple ne soit égaré et corrompu par lui ». On lui dit pourtant qu'il ne courrait aucun danger s'il voulait se taire. Il répondit : « Pendant sept ans et demi, je me suis tu, parce que je n'avais rien trouvé, mais maintenant que j'ai trouvé, comment pourrais-je me taire ? » On l'emmena à deux milles du village, a l'endroit où le martyr Kartar Singh avait été tué et on commença à le lapider. Tout d'abord, les pierres lui faisaient mal et il saignait, mais bientôt il put dire : « je vous remercie pour ces pierres ; elles me procurent tant de joie et de paix. Ce ne sont, en réalité, pas des pierres, mais des fleurs que vous me jetez ». Bien que tout son corps fut en sang, il ressentait une telle joie, une telle paix, que ses persécuteurs n'y comprenaient rien. L'un d'eux, qui cherchait la vérité, dit : « Il prie pour nous, qu'en pensez-vous ? » « Il est fou ! » répondit-on. « Si la folie peut procurer une paix pareille, alors je veux aussi devenir fou et je ne le désire pas pour moi seulement, mais pour le monde entier ».
     De nos jours, les hommes en tout lieu cherchent la paix, mais ils veulent la trouver en dehors du Prince de la Paix, et ne l'obtiendront jamais. Nous vivons près du Royaume de Dieu, mais nous sommes pourtant dehors ; nous le désirons, mais à cause de notre ignorance nous sommes encore loin du Royaume de Dieu. 

La prière ouvre les trésors de Dieu.
     Avant de terminer, je vais vous raconter encore une histoire. Un homme du Népal, dans l'Himalaya, avait mendié pendant vingt et un ans. Il s'asseyait à une certaine place et là, il mendiait afin de devenir riche. il mourut pauvre, et les gens s'imaginèrent qu'il avait peut-être caché son argent à l'endroit où il s'était installé pour mendier, et ils creusèrent. Ils trouvèrent un trésor qui avait appartenu à un roi mort depuis longtemps. Le mendiant, qui désirait être riche, ne savait pas qu'il était assis sur de telles richesses. C'est ainsi que les chrétiens de nom désirent le Royaume de Dieu et s'imaginent qu'en devenant riches ils seront satisfaits. Ils ne sont pas loin du Royaume, ils sont très près, mais, à cause de leur insouciance et de leur ignorance, ils sont en dehors. S'ils prient et creusent, ils trouveront de grandes richesses, le salut même. Il n'y a aucun reproche à faire à Dieu ; c'est notre propre faute ; nous ne sondons jamais les choses de l'esprit, nous ne savons pas prier. Les gens acquièrent une sorte d'apaisement, mais ce n'est pas la paix. Les choses de ce monde ne peuvent pas la remplacer...
     Que Dieu nous aide à passer du temps à prier ; c'est la chose essentielle dans notre vie. Puissions-nous réaliser que la porte du Royaume est ouverte par la clef de la prière. je ne suis pas le seul à avoir trouvé cette paix ; il y en a des milliers d'autres dans tous les pays. Saisissez cette occasion ; allez à Lui en silence, à Celui qui peut vous bénir et vous trouverez le ciel sur la terre. 

CHAPITRE 12

REPENTEZ-VOUS
Neuchâtel, sur la place du Collège latin, 
à 8 h. du soir, le lundi 13 mars 1922.

Dès ce moment, jésus commença à prêcher et à dire :  
«Repentez-vous, carle Royaume des Cieux est proche ». 
Mat. 4: 17. 

     Jean-Baptiste, qui parut avant notre Seigneur pour lui préparer le chemin, commença sa prédication par ces paroles. 
     Notre Sauveur les reprit, car la chose la plus importante pour un pécheur c'est de se repentir avant de pouvoir entrer dans le Royaume de Dieu. Il y a une grande différence entre le Royaume de Dieu et le Royaume des Cieux (1). On peut devenir membre du Royaume des Cieux par le baptême d'eau, mais pour devenir membre du Royaume de Dieu, nous devons être baptisés du feu du Saint-Esprit, car personne ne peut voir le Royaume de Dieu s'il n'est pas né de nouveau. 
     Un péché suffit à détruire notre vie spirituelle. Une pierre qui tombe sur la tête d'un homme suffit à le tuer, même si son corps entier est sain. Lorsque les hommes commettent le péché, ils ne croient pas que le péché soit si dangereux ; ils en jouissent sans penser qu'il renferme la destruction et la mort.
     Il y a quelques années, je vis un enfant dont la main le démangeait. Il se mit à se gratter. Cette action lui procurait un soulagement momentané, mais bientôt il sentit une forte douleur et commença à pleurer. Il se gratta de plus en plus fort ; bientôt une plaie se forma qui peu à peu atteignit jusqu'à l'os ; l'os fut attaqué et la main dut être coupée. C'était une très petite chose, seulement une maladie de la peau, mais elle atteignit l'os et la main fut perdue. Lorsque nous commençons à pécher, c'est seulement une petite chose, mais si l'âme est attaquée, nous sommes séparés du Christ vivant pour jamais, à cause du péché.
     Avant de donner aucun autre message au sujet du Royaume de Dieu, Jean-Baptiste, comme notre Seigneur, commence par prêcher ainsi : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est proche ». Avant de devenir chrétien, j'étais très fier ; je pensais que je n'avais pas besoin de repentance et que je n'étais pas pécheur du tout ; j'aurais ri, si l'on m'avait dit de me repentir, mais lorsque Christ se révéla à moi, je réalisai que j'étais un pécheur et qu'il était mon Sauveur. Les hommes essaient de trouver de la joie dans les choses de ce monde et ils pèchent, mais l'expérience montre qu'il est impossible de trouver la vie ou la paix ailleurs qu'auprès de Dieu.
     Il y a quelques années, je voyageais aux Indes, dans une contrée où il n'y a que du sable et rien d'autre. J'avais soif et je montai sur une éminence pour essayer de voir où il y avait de l'eau. Dans le lointain, le vis ce qui me parut être un lac et je marchai de ce côté pendant longtemps sans jamais l'atteindre. Alors je rencontrai un voyageur qui me demanda ce que je cherchais. De l'eau, lui dis-je. Il n'y a point d'eau dans toute cette contrée, me répondit-il. Et en effet, il n'y avait point d'eau, c'était un mirage. C'est tout juste ainsi que, dans ce monde. les hommes cherchent l'argent et le plaisir et ne sont jamais satisfaits. Les choses de ce monde sont comme un mirage. Elles ne contiennent point d'eau, point de vie spirituelle ; c'est seulement en nous détournant de ce monde pour nous adresser à Dieu que nous pouvons trouver l'eau de la Vie.
     L'attraction du péché est si forte que nous sommes incapables de lui résister mais, par la puissance de Dieu, nous pouvons le surmonter. Si vous jetez une pierre en l'air, elle retombe sur le sol. La force de la gravitation l'attire : la terre attire toutes choses à elle. Mais le mois dernier, je me trouvais sur le Mont des Oliviers et la pensée me vint que la terre n'a pas pu attirer notre Sauveur à elle lorsqu'il monta au Ciel. La force de gravitation n'avait pas eu de puissance sur lui. Ceux qui se repentent et croient en Lui, sont affranchis par cette puissance vivante qui est Jésus-Christ lui-même. Toutes les choses de ce monde sont attirées par la terre, mais un petit oiseau peut résister ; il a la vie, il a des ailes, il peut s'envoler ! Nous aussi, nous pouvons nous envoler sur les ailes de la prière et alors le péché ne peut plus nous attirer. Même si nous vivons dans ce monde, nous sommes libérés du péché, parce que nous sommes dans le monde, mais non pas du monde.
     Ce monde est comme la mer : l'eau est salée, sans doute, mais les poissons qui vivent dans cette eau ne deviennent jamais salés, parce qu'ils ont la vie en eux-mêmes. Bien que vivant dans le monde, si nous recevons la vie de notre Sauveur, par sa grâce nous serons libérés du péché. 
     Je parle de cette expérience non pas parce que c'est écrit dans la Bible, mais parce que c'est ma propre expérience. je ne suis pas ici pour prêcher, mais pour rendre témoignage de ce que Jésus-Christ a fait pour moi. Il peut le faire aussi pour vous, si vous vous repentez et vous convertissez en croyant en Lui. Car je haïssais autrefois Jésus-Christ. J'étais aveugle spirituellement. je me préparais à écrire des livres contre le christianisme et personne n'aurait jamais pensé que je deviendrais un chrétien ; mais, par la puissance du Christ vivant, je fus changé en quelques minutes. Jamais je n'oublierai ce jour du 16 décembre 1904 où j'avais brûlé la Bible et où mon père me dit : « Pourquoi fais-tu une chose aussi stupide ? » Je répondis: « La religion d'Occident est fausse, nous devons la détruire ». Ainsi, je détruisais la Bible, pensant accomplir un devoir, et trois jours après je vis la puissance du Christ vivant. 
     Ce jour-là, j'allais me suicider, parce qu'il n'y avait point de paix dans mon coeur. je m'éveillai de bonne heure le matin. C'était en hiver, et je pris un bain froid. Alors, je commençai à prier, mais non pas le Christ des chrétiens, car je haïssais les chrétiens. je priais comme un athée, car j'avais perdu ma foi en Dieu. Je disais : « Si Dieu existe, qu'Il me montre le chemin du salut et je le servirai toute ma vie ; sinon, je me suiciderai ». Je priai de trois à quatre heures et demie du matin, sans relâche. J'étais décidé à me suicider au passage du train de cinq heures, si je n'avais pas trouvé la paix. C'était ma dernière prière : « Si Dieu existe, qu'Il me montre le chemin du salut ». Alors arriva quelque chose de merveilleux... la chambre se remplit d'une magnifique, d'une glorieuse lumière et je vis un homme resplendissant debout devant moi. je crus que c'était Bouddha, Krishna ou un autre des Saints que j'avais adorés, lorsque j'entendis ces mots : « Combien de temps encore me persécuteras-tu ? je suis mort pour toi, pour toi j'ai donné ma vie ». je ne pouvais pas comprendre, je ne pouvais pas dire un seul mot... Alors, je vis les cicatrices du Christ vivant, de ce Christ auquel je pensais comme à un grand homme ayant vécu en Palestine, mort depuis longtemps et disparu, et je découvrais qu'Il est vivant, le Christ vivant, non pas mort et disparu ! je vis son visage resplendissant de vie. Bien que j'eusse brûlé la Bible deux jours auparavant, Il n'était pas irrité. J'étais transformé et là je connus le Christ vivant, Sauveur du monde et mon coeur fut rempli d'une joie et d'une paix que je ne puis pas décrire. Quand je me relevai, Il avait disparu. J'allai tout dire à mon père qui ne pouvait pas le croire. « Avant-hier, tu brûlais la Bible, comment se peut-il que tu sois maintenant un chrétien ? » « Parce que il ai vu Sa Puissance. Il est le Christ vivant. »
     Depuis lors, je rends témoignage aux Indes et dans les contrées environnantes et aussi dans d'autres pays. J'ai vu la puissance de Dieu d'une façon si merveilleuse que, si je vous le disais, vous pourriez à peine le croire. je vais pour sa gloire vous en donner un exemple : je prêchais dans un village du Tibet, pays fermé à l'Évangile, lorsqu'on m'avertit que je devais me taire ou que ma vie serait en danger. Tout d'abord, j'eus peur, puis je priai et la force me fut donnée avec le sentiment de Sa présence. J'étais prêt à donner ma vie. Alors on me jeta des pierres et du fumier, et je fus traîné hors du village. Le soir venu, j'étais seul dans une grotte, affamé et mourant de soif. Satan me tentait, mais je priai encore et, levant les yeux, je vis une troupe de cinquante à soixante personnes qui s'avançaient vers moi avec des bâtons et des pierres. De nouveau, je fus tout d'abord effrayé, mais je me remis à prier en pensant que c'était un grand privilège de donner ma vie pour Celui qui donna sa vie pour moi. je criai : « Mon Dieu, je remets mon âme entre tes mains». 
     Lorsque je rouvris les yeux et regardai, je ne vis plus personne ; tous ces gens avaient disparu. je passai la nuit dans la grotte en prière. Le lendemain matin, je vis ces mêmes personnes qui revenaient et je fus persuadé que c'était pour me tuer. je me levai et leur dit : « je suis heureux de donner ma vie pour mon Sauveur ». Ils répondirent : « Nous ne sommes pas venus pour te tuer, mais pour savoir quelque chose. Nous avons vu déjà des Chinois, des Hindous, des Européens, mais, la nuit dernière, nous avons vu des hommes si extraordinaires debout autour de ta grotte que nous n'avons pas pu les reconnaître. Nous aimerions savoir de quel pays ils sont. Nous n'avons jamais vu des hommes si remarquables. Ils ne touchaient pas la terre et ils étaient tout autour de la grotte. Nous n'avons pas eu le courage d'aller te tuer quand nous avons vu tant de gens ». Alors, je réalisai que ces hommes étaient des anges. Pour moi, il n'avait pas été nécessaire que Dieu me les fit voir, mais mes persécuteurs les avaient vus. 
     Quelqu'un pensera peut-être que c'était un rêve ou une illusion... une ou deux personnes peuvent se tromper, mais pas cinquante ou soixante ! C'était une réalité et c'est pour cela que ces gens étaient partis sans rien me faire. je réalisai ainsi la puissance de Christ. Il était avec moi et non pas Christ seulement, Mais ses anges avaient été envoyés pour me protéger. Nous ne sommes jamais laissés seuls. je fus invité à rester trois jours au village et pus prêcher et témoigner du Christ vivant.
     Lorsque je retournai aux Indes, quelque chose m'empêcha de raconter à mes amis cette expérience, ils n'étaient pas préparés à la croire. Mais la vérité ne peut pas rester longtemps cachée. Des marchands tibétains arrivèrent aux Indes et dirent à d'autres ce qu'ils avaient vu. Quand on me demanda pourquoi je n'en avais pas parlé, je dis : « je suis heureux que vous l'ayez appris par des non-chrétiens. 
     Maintenant vous pouvez croire que Dieu peut faire des choses magnifiques pour Son peuple ». Les gens d'aujourd'hui ne croient pas aux miracles, parce qu'ils ne comprennent pas. Ils passent leur temps dans leurs livres ou à leurs affaires, mais non pas en prière avec leur Sauveur. Nous verrons ces choses merveilleuses seulement quand nous donnerons du temps à la prière.
     Personne ne peut ébranler ma foi. Après être devenu chrétien, je me mis à penser aux pays d'Europe. je me disais : « Ce sont des pays chrétiens et leurs habitants doivent avoir reçu d'abondantes bénédictions ». Mais, après avoir visité ces contrées, je changeai d'opinion. Dans les pays païens, j'ai vu les hommes adorer des idoles, mais dans ces pays-ci, J'ai vu les hommes s'adorer eux-mêmes. Ils sont très occupés d'argent, de plaisir, d'affaires, et jettent l'opprobre sur le nom de Christ. Aussi seront-ils punis plus sévèrement que ceux des contrées païennes. 
     Quelles preuves existe-t-il du ciel et de l'enfer? dit-on. Si le poussin dans l'oeuf déclarait qu'il n'existe rien en dehors de sa coquille, et que sa mère lui réponde: « Mais non, au dehors, il y a des montagnes, des fleurs et le ciel bleu », et que le poussin dise à sa mère : « Tu dis des bêtises, je ne vois rien de tout cela ! » soudain sa coquille se briserait, et il constaterait que sa mère avait raison.
     Nous sommes aussi comme dans la coquille et ne voyons pas le ciel et l'enfer. Mais un jour elle sera brisée, et alors nous verrons. Et pourtant, il y a des preuves. Pour le poussin dans sa coquille, ses yeux et ses ailes sont des évidences suffisantes d'une vie à venir. L'oeil est fait pour voir, mais que peut-il voir dans la coquille ? Il est évident, par conséquent, que les yeux et les ailes ne sont pas faits pour une vie confinée dans la coquille. De même, il y a en nous beaucoup de bons désirs et d'aspirations qui ne peuvent être satisfaits ici-bas. Il faut donc que nous ayons une occasion de les satisfaire : c'est l'Éternité. Mais de même que le poussin a besoin de chaleur, déjà lorsqu'il est dans la coquille, nous devons être réchauffés et couvés par le baptême de feu du Saint-Esprit pour vivre déjà sur cette terre. Car le ciel, ce n'est pas quelque chose pour plus tard, mais pour maintenant. je crois au christianisme qui est Christ lui-même parce qu'il m'a donné la paix sur la terre. 
  

     En visitant les pays d'Europe, j'ai vu des gens qui n'ont ni paix spirituelle, ni joie. Les païens trouvent la paix en Christ et ceux qui sont nés dans les pays chrétiens ne la trouvent pas ! J'ai découvert qu'ils sont trop occupés ; ils n'ont pas le temps de prier... Comment ces gens-là pourraient-ils montrer Christ dans leur vie ? Ce n'est pas la faute de Dieu ; Il ne peut pas en être rendu responsable. Si nous ne nous repentons pas de nos péchés et n'allons pas à Lui, nous n'aurons point de paix.
     Je vais terminer et ne veux pas prendre plus de votre temps, mais je désire dire encore une chose : Le temps vient où chacun de nous se tiendra devant le trône du jugement comme nous nous tenons ici maintenant. Vous vous entendrez peut-être dire alors qu'un homme est venu d'un pays éloigné pour vous parler du Christ que vous avez ensuite rejeté, et vous serez alors rejetés à votre tour. Sous bien des rapports, vous êtes plus privilégiés que moi, car vous avez tant de magnifiques occasions. Vous connaissez Christ et pouvez le servir, tandis que les païens ne le peuvent pas. Si vous repoussez ces occasions, vous ne serez jamais sauvés. Vous n'avez pas, comme moi, persécuté Jésus-Christ et brûlé la Parole de Dieu. Beaucoup persécutent Christ par leurs actions, par leur vie de péché, mais Il peut les sauver par Sa puissance. Seulement, il faut qu'ils se repentent et le prient. Confiez-vous en Lui et donnez-Lui vos coeurs, alors vous verrez des miracles dans vos vies. Que Dieu nous aide à nous rendre compte de notre état de péché, à nous repentir et à Le recevoir comme notre Sauveur. 
  

     En concluant, je désire vous remercier tous d'avoir écouté si attentivement. C'est la première et dernière occasion que j'ai de vous voir. La prochaine fois, peut-être, nous nous verrons en Sa présence.. J'aimerais serrer les mains de chacun de vous, mais ce n'est pas possible maintenant. Nous en aurons le temps dans l'Éternité. quand nous nous rencontrerons aux pieds du Sauveur. Que Dieu nous aide à nous préparer à cette rencontre en Sa présence, là où il n'y aura plus de séparation. 

CHAPITRE 13

La Parole a été faite chair.
La Chaux-de-Fonds, sur la place Neuve, 
le mardi 14 mars (1.)





 La parole a été faite chair et ellea habité parmi nous, pleine de grâce 
et de vérité. Et nous avons contemplé sagloire, une gloire comme celle du 
Fils unique, venu du Père.  Jean 1 : 14. 

     Dieu s'est fait homme. En d'autres termes, la Parole a été faite chair. Dieu est infini et personne ne peut voir cet infini ; et c'est ainsi que, pour sauver les êtres finis que nous sommes, Il est descendu du Ciel, Il s'est incarné. Il n'est pas venu pour nous instruire, mais pour nous sauver du péché et du châtiment du péché. Il ne pouvait pas sauver les pécheurs en les instruisant seulement, il devait donner sa propre vie.
     Il y a eu un grand nombre de docteurs dans le monde, mais ils n'ont pas pu sauver les pécheurs par leur enseignement. Ces prêcheurs de morale me font penser à un homme qui, en voyant un autre tombé au fond d'un puits, lui montrait d'en haut une corde en lui recommandant de sauter pour l'attraper et sortir ainsi du puits. Celui qui était au fond répondit « A quoi me sert-il de voir ta corde ? je ne puis l'attraper d'ici et si je pouvais sauter jusqu'en haut pour la saisir, je n'en aurais plus besoin! Fais-la donc descendre! » Jésus-Christ ne nous a pas montré une corde du haut du Ciel, en nous disant : « Sois bon et fais le bien ; sauve-toi par tes propres efforts, car voici les enseignements du salut » Il est descendu Lui-même pour prendre par la main ceux qui étaient tombés dans leur péché et les faire remonter jusqu'au Ciel. C'est son merveilleux amour qui lui fit quitter les cieux et nous ne l'avons pas compris ! Nous l'avons insulté, nous n'avons vu en Lui, tout au plus qu'un homme extraordinaire ou un prophète.
     Quand vous tenez à la main un bâton bien droit et que vous le plongez dans l'eau, la partie du bâton qui se trouve sous l'eau a l'air d'être brisée, mais si vous la sortez de l'eau, le bâton redevient parfaitement droit. Ainsi, lorsque Jésus descendit dans l'océan de ce monde pour sauver les pécheurs en train de se noyer, les hommes le virent comme « brisé », ils ne reconnurent pas sa vraie nature et le prirent pour un simple homme, un pécheur comme eux, mais l'heure vient où nous le verrons comme il est en réalité, comme Dieu.
     Il fut un temps où je ne pouvais ni comprendre, ni accepter cette vérité. Je pensais que le Christ était tout simplement un homme. Alors, je le haïssais ; j'avais entendu parler de lui, je savais bien des choses sur lui, mais je ne le connaissais pas lui-même! Il y a une grande différence entre connaître sa vie et son oeuvre, et le connaître lui-même.
     Nous apprenons beaucoup de choses sur Jésus-Christ en lisant des livres ou la Bible, mais nous ne Le connaissons lui-même que par la prière. C'est ma propre expérience dont je vous parle. Je n'ai compris qu'Il est véritablement Dieu que lorsque, par la prière, Il se révéla à moi. je sus alors qu'Il est vraiment la Parole éternelle. Mais Dieu est venu à nous si pauvre que sa gloire n'était pas visible aux yeux des hommes. 
  
  

Le roi déguisé.



     Il y a,quelques années, au Tibet, on me raconta l'histoire d'un roi qui avait un message à envoyer à son peuple. Il le remit à ses serviteurs en les chargeant de le transmettre ; mais ceux-ci ne surent pas le faire comme il l'aurait voulu. Le roi, qui aimait son peuple, résolut d'aller lui-même porter ce message à ses sujets et de se rendre compte par lui-même de leurs difficultés. Il ne pouvait pas y aller comme roi, car il désirait que ses sujets pussent, en toute liberté, lui raconter leurs peines et leurs misères.Il se déguisa donc, se dépouilla de ses vêtements royaux et s'habilla comme un pauvre homme. Puis il vint au milieu du peuple, il dit : « Je suis envoyé par le roi pour m'enquérir de vos difficultés ». Alors, les pauvres, les misérables eurent confiance en lui et lui dirent leurs angoisses, et il apprit ainsi comment il pouvait leur venir en aide. Mais il y avait là des hommes fiers qui ne purent croire qu'un si pauvre homme fût le messager du roi ; aussi ils l'insultèrent et le chassèrent.
     Plus tard, le roi revint vers ses sujets à la tête de a son armée, dans toute sa majesté royale, et le Peuple ne pouvait le reconnaître ni croire que ce fût le même. Alors c'était un pauvre, et aujourd'hui le roi ! Les orgueilleux qui l'avaient insulté furent punis et jetés en prison, mais ceux qui l'avaient accueilli furent honorés et leurs difficultés aplanies. 
     C'est ainsi que Dieu, la Parole de Vie, s'est fait homme, mais son peuple n'a pas su discerner sa gloire et l'a crucifié. Le temps vient où nous le verrons dans sa gloire et les hommes reconnaîtront qu'Il est le même Jésus-Christ qui vécut sur la terre comme un pauvre, pendant trente-trois ans. Dieu, lui aussi, avait envoyé bien des serviteurs, les prophètes, pour porter aux hommes son message ; mais il voulut ensuite 1'apporter lui-même et il envoya son Fils. Jésus dit « Celui qui m'a vu a vu le Père ». Il ne dit pas : « je suis le Père ».
     Les hommes de prière le reconnaissent dès ici-bas et ils l'adorent. De nos jours déjà, il se révèle dans différentes parties du monde et de diverses manières. Il montre sa puissance en est parmi les hommes qui voient ses miracles et qui lui rendent témoignage. 
  
  

Un martyr sauvé.



     Je désire vous parler d'un vrai chrétien qui, lorsqu'il comprit que Jésus est le Sauveur, lui consacra sa vie tout entière et commença à travailler pour lui. Au Tibet, où il alla prêcher l'Evangile, il fut persécuté. On le conduisit sur le sommet d'une colline élevée et on lui dit : « Tu vois ces gorges profondes. Tu vas renier le christianisme et redevenir bouddhiste, sinon nous te précipitons en bas ! » Il répondit : « Cela m'est impossible. Maintenant que je connais le Christ vivant, je ne puis l'abandonner. Je donnerai ma vie pour Celui qui a donné sa vie pour moi ». Alors, ces gens se mirent à l'injurier et à lui lancer des pierres, puis, voyant qu'il restait inébranlable dans sa foi, ils le précipitèrent dans l'abîme, jetèrent encore des pierres sur lui, et le laissèrent pour mort. Il resta inconscient pendant une demi-heure. Lorsqu'il revint à lui, il ne pouvait pas se remuer, mais seulement soulever la tête. Il vit que tout son corps était blessé et couvert de Sang et que ses os étaient brisés ; il ne pouvait s'asseoir. Il regarda autour de lui, afin de voir s'il n'y aurait pas quelqu'un pour lui venir en aide ; il n'y avait personne.  
     Alors il pensa que son heure était venue et il se mit à prier : « Seigneur, je remets mon esprit entre tes mains ». Mais soudain il entendit une voix: « Voici, je suis toujours avec vous jusqu'à la fin du monde ». Il entendait la voix et ne voyait personne ; mais, au bout de quelques minutes, il vit un homme qui s'approchait de lui ; il ne put pas bien le distinguer d'abord ; l'homme le souleva et le fit asseoir contre un rocher. Le blessé avait une soif terrible et demanda : « Donne-moi un peu d'eau avant que je meure, s'il te plaît ». Il n'y avait ni tasse, ni verre; l'homme prit de l'eau dans ses mains pour la lui porter. Il revint ainsi une seconde puis une troisième fois et alors, dans ces mains qui lui apportaient de 1'eau, le blessé vit les marques des clous qui les avaient percées. Il reconnut que le Christ lui-même, le Christ vivant était venu à son secours ; il se jeta à ses pieds et s'écria : « Mon Sauveur et mon Dieu ».
     Le Christ disparut. Mais le blessé soudain, se leva. Ses blessures étaient fermées, ses os étaient guéris, la force lui était revenue. La paix et la joie l'inondaient. Il se leva. Il rentra au village où il avait été persécuté et recommença à rendre témoignage à son Sauveur. Les gens, au village, furent dans une grande surprise. « Comment donc, nous l'avons tué, nous l'avons jeté en bas des rochers et le voici devant nous, vivant, prêchant l'Evangile ! » Alors, il répondit : « Il est vrai que j'étais tout près de mourir, mais mon Christ, mon Sauveur est vivant et c'est pourquoi, moi aussi, je suis vivant ».
     La première fois que j'entendis cette histoire, je ne pus pas la croire. Ainsi est notre nature humaine, nous avons de la peine à croire aux miracles. Alors, je me rendis moi-même dans ce village. je vis l'homme en question et je lui demandai si l'on m'avait dit vrai. Mais il me dit : « Avant que je te raconte moi-même quoi que ce soit, va tout d'abord auprès de ces païens du village, eux qui m'ont précipité en bas les rochers et demande-leur si cette histoire est vraie ou si elle ne l'est pas. Ensuite, je te raconterai ». Et les hommes du village me répondirent : « Oui, c'est vrai. Nous l'avons précipité des rochers et il était là tout près de mourir, les os brisés, tout couvert de sang. Mais une heure après, nous l'avons vu revenir au village en parfaite santé. Nous n'y comprenons rien, mais une chose est certaine : c'est que son Dieu doit être un Dieu vivant qui l'a sauvé et ramené à la vie ».
     Alors je revins vers le fidèle chrétien qui avait souffert ces choses. Il était rempli d'une joie merveilleuse et il me montra les cicatrices des blessures qu'il avait eues. Les blessures étaient guéries, les os brisés étaient solides de nouveau, mais les cicatrices étaient toujours là et il me dit quelle était sa joie et sa reconnaissance d'avoir souffert ces choses, parce qu'au milieu de ses souffrances il avait vu Sa gloire. Alors, je fus convaincu. Il y avait tant de témoins qui n'étaient pas chrétiens. Je constatai que c'était là l'oeuvre du Christ vivant qui peut sauver ses enfants. Il me dit : « Il y a tant de gens qui prétendent que Jésus n'est qu'un homme, peut-être un prophète, mais un homme comme les autres. Je sais, moi, par mon expérience, qu'Il est véritablement Dieu, car j'ai vu Sa présence et Sa gloire et si quelque intellectuel, un savant ou un rationaliste voulait me prétendre le contraire, il ne pourrait ébranler ma foi, parce qu'elle est fondée sur mon expérience personnelle. je le connais Lui-même ». Cet homme est encore en vie et aujourd'hui encore il rend témoignage que Christ est puissant pour se révéler aux hommes, afin qu'ils puissent voir sa gloire. 


Le Sâdhou miraculeusement sauvé.



     Alors, je lui communiquai ma propre expérience. je lui racontai, comme je l'ai raconté ailleurs, et comme je vous le dis maintenant, que pour moi aussi le Christ a fait des choses merveilleuses, alors que pendant trois jours et trois nuits j'ai été dans une citerne et qu'il m'en a délivré. J'avais prêché l'Evangile et à cause de cela, on me saisit et on me jeta dans cette citerne. Pendant trois jours et trois nuits, je fus sans manger et sans boire ; mon bras était brisé et me faisait souffrir cruellement. Mais au fond de cette prison, je fis l'expérience d'une paix et d'une joie si merveilleuse que je compris que c'était mon Christ qui était avec moi. Le troisième jour, un homme vint et me tira du puits ; cet homme toucha mon bras qui était brisé et à l'instant même je fus guéri. Je ne m'en rendis pas compte immédiatement, mais, lorsque l'homme eut disparu, alors je réfléchis et je constatai que c'était le Christ vivant, que c'était Dieu qui m'avait sauvé, comme il sauve ceux qui croient en Lui. Il est toujours avec nous.

Venu pour rendre témoignage.



     C'est pourquoi je suis ici, au milieu de vous, dans ce pays soi-disant chrétien, non pas pour vous prêcher l'Evangile : il peut être utile et nécessaire de prêcher l'Evangile dans les pays qui ne savent rien de Jésus-Christ, mais, ici, vous le connaissez déjà. je suis ici pour rendre témoignage de ce que JésusChrist, le Christ vivant, accomplit dans les pays païens, se révélant à ceux qui étaient les ennemis du christianisme pour les transformer en serviteurs de Celui dont ils ont vu la puissance. 
     Dans les contrées chrétiennes, les hommes ne croient pas en Lui ; ils le méprisent, ils le négligent. Ils ne voient pas sa présence, parce que ce n'est pas Lui qu'ils cherchent, mais ils se cherchent eux-mêmes. Ce n'est pas la vérité qu'ils cherchent, ce n'est pas Christ ; ce qu'ils cherchent, c'est leur propre confort. Et d'autre part, lorsqu'il n'y a ni persécution ni souffrance, nous ne pouvons pas véritablement faire l'expérience de sa présence. Mais s'ils consacrent du temps à la prière, alors Dieu pourra se révéler à eux, alors ils connaîtront que le Christ qu'ils commençaient à oublier, le Christ est vivant et leur Sauveur. 



Toutes choses en Christ.



     Les habitants des pays chrétiens ne se rendent pas compte que c'est par le christianisme qu'ils ont reçu tous les biens de la civilisation, la liberté, l'instruction. Allez dans les pays où le Christ est inconnu et vous constaterez que les hommes sont à peine meilleurs que les animaux. On oublie que tous ces biens extérieurs sont venus par le christianisme et qu'avant vous étiez, vous en Europe, des sauvages. Et parce que les pays soi-disant chrétiens ont rejeté le Christ, il commence à se révéler lui-même dans les pays païens où il est salué et adoré. C'est ainsi que « les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers ». « J'ai donné tant de biens à ces gens, dira le Christ, et maintenant ils ne me considèrent plus que comme un homme, alors que je suis Dieu. Je me tournerai donc vers les païens. » J'ai souvent été surpris de constater que les gens de l'Occident, qui ont reçu par le christianisme tant de bénédictions, les perdent maintenant parce qu'ils mettent leur confiance dans les choses extérieures, le confort, l'argent, le luxe et tout ce qui est de ce monde ; c'est pourquoi au jour du jugement, les païens seront punis moins sévèrement parce qu'ils n'ont pas entendu parler de Christ ; mais les pays chrétiens seront punis plus sévèrement que tous les autres, parce que, l'ayant connu, ils l'ont rejeté.
     Mais, avant ce jour du jugement, Dieu nous donne encore une occasion pour nous repentir et pour croire en Lui qui est véritablement le Dieu vivant. Si Jésus n'était pas vivant, s'il n'était pas Dieu, je ne serais pas ici pour rendre témoignage à Celui que j'ai persécuté il y a quelques années. Deux jours seulement après que j'avais jeté au feu la Bible, il se révéla à moi. C'est à ce même Evangile que je brûlais autrefois, qu'aujourd'hui je rends témoignage ; c'est ce même Evangile que je prêche en pays païens. 
     Si donc le Christ peut se révéler de façon si merveilleuse à des païens qui ne le connaissaient pas, combien plus ne se révélera-t-il pas aux personnes qui le connaissent depuis si longtemps. La seule chose importante, c'est que nous consacrions du temps à la prière, afin qu'Il puisse se révéler à nous. 
  
  
Le Christ connaît les siens.



     Et le temps est proche où le Christ reviendra avec ses anges et, s'adressant aux soi-disant chrétiens, il leur dira : « je ne vous connais pas ; je connaissais votre nom, je savais ce qui vous concerne ; et vous aussi vous connaissiez ma vie et mon oeuvre, mais vous n'avez pas voulu me connaître moi personnellement : je ne vous connais pas ». Alors, quand vous verrez sa gloire, vous souhaiterez de vous repentir de n'avoir pas cru en lui comme en votre Dieu, mais il sera trop tard. Vous vous êtes laissé détourner par les infidèles, par les rationalistes qui vous disaient de ne pas croire à sa divinité ; il sera trop tard alors pour vous repentir ; mais, maintenant, l'occasion vous en est donnée. Peut-être en ce jour-là entendrez-vous dire: « Un homme est venu à vous des contrées païennes ; il a rendu témoignage de moi comme du Christ vivant, parce qu'il avait fait l'expérience de ma puissance et de ma gloire, et cependant, vous n'avez pas voulu croire ». Alors il sera trop tard. Mais, aujourd'hui, il est temps encore et c'est pourquoi je rends ce témoignage devant vous, non pas pour ma propre gloire, mais pour sa gloire à Lui. Et les grandes choses qu'il a faites pour moi, elles ne le sont pas pour moi seulement, elles sont pour vous aussi, si seulement vous voulez lui donner votre coeur.
     Que le Seigneur nous donne de reconnaître dès aujourd'hui sa puissance, en sorte que nous puissions être sauvés ; c'est maintenant, avant de quitter notre corps, qu'il faut changer. Le serpent change de peau plusieurs fois dans sa vie, mais il reste un serpent après comme avant, il ne devient pas une colombe. Le pécheur après avoir quitté ce corps ne deviendra pas un saint ou un ange, il restera un pécheur : c'est maintenant qu'il doit se repentir. Mais celui qui croit en Jésus-Christ est comparable bien plutôt à une chenille : la chenille ressemble aussi en quelque sorte au serpent, mais, lorsque s'ouvre la chrysalide, alors elle est transformée en un papillon merveilleux. Ainsi ceux qui croient en Jésus-Christ et qui vivent avec Lui recevront un corps nouveau, un corps glorifié quand le Seigneur apparaîtra dans sa gloire, et ils régneront avec Lui à jamais. 
     Alors nous reconnaîtrons que la parole a été faite chair, que le Christ s'est fait homme pour sauver les hommes.
     C'est ici la première fois que je vous rencontre et c'est sans doute la dernière, mais avant que cette première et dernière rencontre soit passée, je veux vous dire encore un mot. Dès maintenant, rencontrez le Seigneur par la prière et alors nous pourrons nous retrouver tous un jour à ses pieds, dans sa gloire. J'ai rendu mon témoignage. C'est pour cela que Dieu m'a envoyé dans ce pays : pour rendre mon témoignage et rien d'autre. Et maintenant je vous ai dit que les grandes choses qu'il a faites pour moi, il peut aussi les faire pour vous. S'il m'a sauvé, moi, le grand pécheur qui était l'ennemi du Christ et du christianisme, il peut vous sauver aussi, vous, les chrétiens de nom.
     Vous ne vivrez pas toujours dans ce monde. D'ici peu de temps, vous devrez le quitter et vous comparaitrez tous devant le tribunal de Dieu. Avant d'y comparaître, pendant que vous êtes encore dans ce monde, soyez réconciliés avec votre Sauveur. 
  
  
Il faut prier pour connaître Jésus.



     Je ne veux pas prendre davantage de votre temps, mon dernier mot sera celui-ci : je vous en supplie, prenez chaque jour le temps de prier et alors vous ferez sa connaissance personnelle. Il se révélera à vous et vous serez sauvés. Que le Seigneur vous donne, au jour de son avènement, de n'être pas couverts de honte, mais d'être de ceux qu'il a sauvés et qui vivront pour toujours avec Lui.
     A la question suivante posée par un auditeur : 
     « Comment un Dieu d'amour peut-il songer à punir ? »
     Le Sâdhou répond : 
     « Ce n'est pas Dieu qui punit le pécheur, c'est son péché qui le punit. Ce n'est pas Jésus-Christ qui a puni Judas Iscariot, mais Judas Iscariot a pris conscience de son péché ; il s'en est allé et il s'est pendu».

CHAPITRE 14

Perdus... puis sauvés. 

Le Locle, sur la place du Marché, à 8 h. du soir, 
le mercredi 15 mars 1922.

Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. 
Luc 19: 10. 

     Le Fils de Dieu devint Fils de l'homme et descendit du Ciel pour nous chercher et nous sauver. Ceux qui sont perdus dans leur péché ne savent pas qu'ils sont perdus, mais croient au contraire qu'ils ont trouvé tout ce dont ils ont besoin. Une preuve qu'ils sont perdus, c'est qu'ils ne réalisent pas la condition dans laquelle ils se trouvent, ils ne réalisent même pas qu'ils sont pécheurs. Ils se croient sans reproche : ils n'ont tué personne, ils n'ont pas volé. Cette attitude est, en elle-même, une preuve qu'ils sont de grands pécheurs. Ceux qui réalisent leur faiblesse peuvent être sauvés, mais non pas ceux qui ne s'en rendent pas compte.
     Un jour que je me baignais dans une profonde rivière, je coulai au fond. Au-dessus de ma tête, il y avait des tonnes et des tonnes d'eau, mais je n'en sentais pas le poids. Une fois remonté sur le bord, je soulevai une cruche pleine d'eau et la trouvai très lourde ; je ne pouvais pas la porter. Donc, tant que j'étais dans l'eau, je n'en sentais pas le poids ; mais quand je fus hors de l'eau, je m'en rendis compte. C'est ainsi que ceux qui sont plongés dans leurs péchés n'en sentent pas le poids, tandis que ceux qui sont sauvés sont hors de la rivière du péché et se rendent compte de leur état de pécheurs. il est très dangereux de se sentir sans péché et c'est un signe de vie que de commencer à crier à Dieu pour avoir son aide. Il y eut un temps dans ma vie où j'étais fier de mon savoir, de ma religion et où je ne pouvais pas comprendre que Christ est venu pour sauver les pécheurs. je croyais que nous pouvions nous sauver nous-mêmes et que Dieu, qui est tout-puissant, pouvait nous sauver par un seul mot. je ne pouvais pas croire que Dieu pût s'incarner. 
  

Le Roi et son ministre chrétien.
     Plus tard, le Seigneur eut pitié de moi et se révéla à moi ; je compris que j'étais un grand pécheur et que Christ est le Sauveur du monde. Il me fut montré clairement que c'est l'amour infini de Dieu qui l'a fait descendre du ciel. Un certain roi avait un premier ministre, homme très instruit, qui devint chrétien et déclara sa foi devant tout le peuple. Il dit qu'il croyait au Sauveur venu dans ce monde pour sauver les pécheurs. Le roi n'y comprit rien. « Mais, disait-il, si moi je veux qu'une chose se fasse, je l'ordonne à mes serviteurs et cela suffit. Pourquoi le Roi des rois viendrait-il dans ce monde Lui-même? » Le roi voulait chasser son ministre à cause de sa conversion au christianisme; mais comme il l'aimait beaucoup, il lui promit sa grâce s'il pouvait lui donner réponse à cette question. « Accordez-moi vingt-quatre heures, lui dit le ministre, et je vous répondrai. » Il fit alors chercher un habile menuisier et le chargea de fabriquer une poupée et de l'habiller exactement comme l'enfant du roi, âgé de deux ans. Le jour suivant, le roi alla se promener en bateau avec son ministre. Ordre avait été donné au menuisier de se tenir sur le bord de la rivière et, à un signal convenu, de jeter la poupée dans l'eau. Le roi vit la poupée tomber et croyant que c'était son enfant, sauta dans l'eau. Le ministre lui demanda ensuite pourquoi il avait voulu sauver lui-même son enfant alors qu'un mot à son serviteur eût suffi. « C'est le coeur du père qui a parlé ! » s'écria le roi. Et le ministre répondit: « Ainsi Dieu ne s'est pas contenté d'envoyer aux hommes le message du salut, mais Son amour infini l'a fait descendre du ciel pour nous sauver. Voilà l'amour divin. »
     Dieu ne désire pas nous punir, c'est notre péché qui nous punit. Christ est venu pour nous sauver, afin que nous croyions en Lui, et Lui, qui est la Vie, nous donnera la Vie éternelle. 
Quelques-uns ont bien reçu la vie, mais pas la vie en abondance. Nous devons prier davantage afin de recevoir la force d'En-Haut et d'être sauvés. 
     Beaucoup de gens sont bien en vie, mais ils ne possèdent pas vraiment la vie. Ils sont comme un homme dont je vais vous parler. Il avait été longtemps malade à l'hôpital et était très faible ; par un jour froid, ses parents allumèrent un feu dans le voisinage de sa couche. Tout à coup, son lit prit feu et il était seul. Il était en vie, il désirait se sauver, mais il n'en avait pas la force. Il y avait de l'eau tout près et il ne pouvait pas l'atteindre. Il mourut brûlé. Beaucoup de chrétiens de nom ont une certaine apparence de vie, mais pas assez de force pour éteindre les dards enflammés du malin.
     Vous avez peut-être entendu parler du martyr Kartar Singh, qui mourut au Tibet. Lorsqu'il se mit à prêcher l'Évangile, on lui disait : « Tais-toi, nous n'aimons pas entendre parler de Christ ». Il était fils d'un homme très riche et il laissa tout pour aller annoncer l'Évangile au Tibet. Il avait fait l'expérience que les biens de ce monde ne peuvent pas donner la paix ni satisfaire l'âme, que Christ seul peut contenter. On m'a raconté au Tibet comment cet homme fut mis à mort. On le mena sur une colline et là il fut cousu dans une peau de bête encore humide, puis laisse expose au soleil pendant trois jours. je fus frappé de l'air heureux de l'homme qui me disait cela, et je lui dis avec surprise : « Vous me parlez de quelque chose de bien triste et vous paraissez heureux ! » « Ce n'est pas triste. je vous parle de mort, mais ce n'était pas une mort, c'était la vie, une vie merveilleuse. On le laissa trois jours dans cette peau, mourant de faim et de soif et, lorsqu'on lui demandait : « Comment vous sentez-vous maintenant ?», il répondait : « je remercie Dieu pour ce grand privilège de pouvoir souffrir pour lui ». Mais il ne souffrait pas ; il était dans une joie si intense que je voudrais que beaucoup puissent la réaliser et alors ils seraient d'accord avec moi pour dire que vivre avec Jésus-Christ c'est le ciel sur la terre. Comme Kartar Singh n'était pas encore mort, on prit des clous de fer pointus qu'on lui enfonça dans le corps. Son sang coulait à flots, mais il avait toujours cette même joie merveilleuse, une joie qui ne peut pas s'exprimer. Chacun l'avait abandonné, mais il disait : « Les hommes m'ont abandonné, mais non pas mon Sauveur. Il est avec moi et même au dedans de moi. Dans cette peau de bête, je suis réellement dans le ciel. Je bénis Dieu pour ce privilège ».
     Dieu a tout fait pour nous ; Il est venu pour nous sauver, mais si nous ne le recevons pas comme notre Sauveur, nous mourrons dans nos péchés. Il vous donne encore maintenant une occasion d'être sauvés et d'en sauver d'autres ensuite. 
     Je croyais que tous les habitants des pays chrétiens lisaient la Bible et étaient pareils aux anges, mais en parcourant ces pays, j'ai compris mon erreur. La plupart d'entre eux ont le visage blanc et le coeur noir. Dans les pays païens, je vois les gens aller dans leurs temples ; ils ont la crainte de Dieu. Ici, je vois surtout des gens qui recherchent le plaisir. Peut-être quelques-uns d'entre vous penseront-ils que j'ai été prévenu contre vous ; non, ce n'est pas le cas ; je dois obéir à ma conscience et vous donner le message que j'ai reçu de Dieu. Le temps vient où ceux qui rient pleureront... Ce jour-ci, cette occasion nous a été donnée non pas seulement pour prêcher l'Évangile, mais pour rendre témoignage que nous avons été sauvés. Vous connaissez Jésus-Christ, et ce qu'il vous faut, ce ne sont pas des prédications, mais le témoignage de ceux qui ont été sauvés. La chose essentielle, c'est de connaître Christ lui-même, au moyen de la prière. Il ne suffit pas de savoir quelque chose de Lui. Que Dieu nous aide à faire de notre vie une vie de prière et à comprendre que c'est son amour infini qui l'a fait descendre du ciel pour nous sauver. Alors, nous ferons la même expérience bénie que ce martyr qui pouvait dire qu'il avait trouvé le ciel sur la terre.
     Pour conclure, je voudrais vous dire quelques mots d'un Hindou pieux, qui persécutait les missionnaires. je lui donnai un Nouveau Testament, mais il le déchira. Un jour, il sortit de chez lui dans l'intention de tuer un missionnaire. Comme il faisait très chaud, il s'assit quelques minutes sous un arbre et cette pensée lui vint : « Tu vas commettre un péché. Ce n'est pas ton devoir. Tu dois comprendre que tu es un grand pécheur ». Ce n'était pas tout à fait exact, car il recherchait sincèrement la vérité. Soudain, le Soleil de Justice lui apparut, comme à saint Paul sur le chemin de Damas. Il vit la puissance du Christ vivant et fut sauvé. La vie d'hommes comme celui-là est une preuve évidente que Dieu s'est fait homme, afin de sauver les hommes. Vous demanderez peut-être pourquoi les Orientaux voient des faits semblables et pas les Occidentaux. Excusez-moi si je dis des choses dures. Là-bas, les hommes peuvent se tromper, mais ils cherchent la vérité. Ici, vous cherchez le plaisir et le confort. Je ne dis pas cela des vrais enfants de Dieu, mais de la majorité des habitants de ce pays. A ceux-là, notre Sauveur dit : « Là où je vais, vous ne pouvez pas venir ». Ces insouciants, ces indifférents mourront dans leur péché. C'est le devoir de ceux qui sont sauvés d'aider à sauver les perdus. Que Dieu nous aide à Le connaître de mieux en mieux, afin d'être remplis de son Saint-Esprit.
Amen.

CHAPITRE 15

Suis-moi.
Berne, à l'Église française, le 25 mars 1922.


Voici, un homme s'approcha et dit à Jésus. : « Bon 
Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle? » 
Il lui répondit : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il n'y a  
qu'un seul bon, c'est Dieu. Si tu veux entrer dans la 
vie, observe les commandements... Le jeune homme lui  
dit: « Tout cela, je l'ai observé, que me manque-t-il 
encore? » Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, 
va, vends tout ce que tu as et donnes-en le prix aux  
pauvres. Tu auras un trésor dans le ciel.Viens ensuite  
et suis-moi. »                 Matt. 19: 16-22.


Pour connaître Christ, il faut vivre avec lui.

     Viens et suis-moi ! Ce jeune homme paraissait très anxieux de recevoir la vie éternelle. Il était aussi très respectueux, mais sa conception de la personnalité de Christ était erronée. Il lui avait montré du respect en l'appelant « Bon Maître », aussi fut-il tout surpris en entendant le Seigneur lui dire : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il n'y a qu'un seul bon, c'est Dieu ». Certains pensent qu'en parlant ainsi, Christ a reconnu qu'il n'était pas bon lui-même, mais si nous sondons ce passage, nous comprendrons qu'au contraire, Christ étant Dieu, Pouvait lire jusqu'au fond du coeur de ce jeune homme et voir qu'il ne le considérait que comme un bon professeur de morale, une sorte de rabbin.
     De nos jours, bien des gens pensent aussi que Christ fut un bon professeur, un grand réformateur de la loi morale, mais ceux qui vivent en communion avec lui savent bien qu'il a été plus qu'un grand homme. Christ n'aimait pas faire de longs discours ; il disait: « Venez, suivez-moi ; vous saurez ainsi qui je suis ». Tant de gens peuvent lire et relire ce qui concerne Jésus sans arriver jamais à le comprendre.
     Cet après-midi justement, j'ai parlé à quelques personnes de la manière dont Christ est méconnu. Il y a quelques années on montra, devant moi, à un simple villageois, une bouteille de verre rouge, remplie de lait, et on lui demanda : « Qu'y a-t-il dans cette bouteille ? » « Du vin, du brandy ou du whisky », fut la réponse, et le villageois ne voulut croire que c'était du lait que lorsqu'il le vit sortir de la bouteille. Il ne croyait pas possible qu'une bouteille rouge pût contenir du lait blanc.
     Il en est ainsi de notre Sauveur : Il se fit homme et sa divinité fut cachée sous son humanité. On le vit fatigué, souffrant de la faim, de la soif et l'on dit : « S'il est Dieu, pourquoi ne s'adresse-t-il pas à Dieu ? Pourquoi est-il fatigué, pourquoi a-t-il faim et soif ? » Ceux qui parlaient de la sorte ne voyaient que son humanité, sans aller plus loin, mais ceux qui le suivaient et vivaient avec lui, savaient qu'il n'était pas seulement un homme, mais aussi Dieu.
     Revenons au jeune homme qui désirait recevoir la Vie éternelle. Deux choses sont très claires dans l'histoire de sa vie : Lorsqu'il fut exhorté à garder les commandements, il répondit qu'il avait observé ces choses dès sa jeunesse ; Christ alors ne lui dit pas qu'il se trompait ; il ne le repoussa pas, car il avait fait de son mieux. Eh bien, malgré toutes ces bonnes actions, il n'était pas satisfait. Certains docteurs de morale disent : « Faites le bien, vous serez bons ». Ce jeune homme avait fait le bien et n'était pourtant pas satisfait. Il sentait que quelque chose lui manquait encore. Le second point c'est que, ni ses richesses - car il était un homme riche - ni les choses de ce monde n'avaient pu le satisfaire. Voilà pourquoi il venait au Sauveur, espérant apprendre de lui ce qu'il avait à faire.
     Le Sauveur lui dit : « Il te manque une chose : Viens et suis-moi ». Mais il ne suivit pas Jésus, car il vivait dans une belle maison, un palais peut-être, et il savait qu'en suivant Jésus il n'aurait pas un lieu où reposer sa tête. Vraiment, c'était difficile pour ce jeune homme de suivre Christ qui n'avait pas de demeure ici-bas... Christ désirait lui faire comprendre que c'était son orgueil qui le retenait. Il connaissait les commandements, il les avait observés de son mieux, mais cela ne suffisait pas, car la vérité ne se trouve ni dans les livres, ni dans les bons enseignements, mais en Christ lui-même ; la vérité est un fait vivant. Afin de satisfaire les aspirations de l'âme de ce jeune homme, Christ lui dit : « Viens et suis-moi ». S'il avait suivi ce conseil, s'il avait vécu avec le Maître, son âme aurait été satisfaite. J'en ai fait moi-même l'expérience. Ce jeune homme aspirait à la perfection, mais il ne pouvait y arriver qu'à la condition de vivre avec l'homme parfait, et si Christ lui offrait de vivre avec lui, c'était afin qu'il pût atteindre à cette perfection. Si nous vivons en lui, avec lui, nous deviendrons semblables à lui. 
  

Parabole de l'arbre couvert d'insectes.
     En voyageant dans les montagnes de l'Himalaya, je vis une fois un arbre couvert d'insectes. Tout d'abord, je ne m'aperçus pas que c'étaient des insectes : ils étaient posés sur les feuilles et je les pris pour des feuilles jusqu'à ce que, ayant regardé de plus près, je vis que ce n'étaient pas des feuilles, mais des insectes. je fus très surpris en constatant qu'il n'y avait pas la moindre différence entre les feuilles et les insectes. Un homme du village m'expliqua que ces insectes naissent sur l'arbre, se nourrissent de l'arbre et que l'arbre est tout pour eux. je me dis alors que ceux qui vivent avec Jésus-Christ deviennent aussi semblables à Lui. Quand nous vivons en sa présence, nous sommes comme modelés à son image. 
  
  
Comment il faut prier.
     Vous savez que le climat a une influence sur les traits, sur la peau des hommes ; si donc le climat d'un pays peut avoir un pareil effet, combien plus l'atmosphère spirituelle ne peut-elle pas influencer notre âme ? Si nous vivons avec Lui par la prière, alors, jour après jour, nous deviendrons plus semblables à lui. La difficulté se trouve dans le fait que nous ne savons pas comment nous devons le suivre, le prier, vivre avec lui ; nous ne savons pas rester tranquilles à ses pieds. Même en priant, nous ne savons pas comment prier. Nous croyons que prier c'est demander, mendier les bénédictions de Dieu, mais en réalité ce n'est pas prier. Les vrais hommes de prière ne demandent pas seulement des biens matériels, mais le Dispensateur des biens lui-même.
     Je connais, aux Indes, un homme de Dieu, un homme très développé au point de vue spirituel, qui m'a fait part de ses expériences. Un mendiant avait pris l'habitude de venir chaque matin lui demander un morceau de pain et de s'en aller aussitôt après l'avoir reçu. Il arriva qu'un matin l'homme de prière n'avait rien à donner au mendiant. Il le pria de rester un peu à causer avec lui, pendant qu'on allait chercher du pain. Au bout d'une heure, le mendiant avait compris le message qui lui était annoncé et se mettait à prier ; il était transformé ! Il réalisait la présence de Dieu ; il était rempli de joie. « Si souvent je suis venu vous demander du pain sans penser que vous aviez autre chose à me donner ! » s'écria-t-il. « C'est votre faute, non la mienne. Vous ne veniez que pour du pain et vous vous en alliez dès que vous l'aviez reçu ; aujourd'hui où vous avez eu le temps de rester avec moi, j'ai pu vous parler. »
     Nous agissons souvent de même avec notre Sauveur. Beaucoup d'entre nous ne s'adressent au Père céleste que pour lui demander une chose ou une autre. Notre Sauveur nous a appris à dire : « Que Ta volonté soit faite » et nous disons au contraire : « Que ma volonté soit faite », sinon par nos lèvres, du moins par nos actions. Dès que nous avons reçu, nous nous enfuyons loin de la présence de Dieu; c'est pourquoi, très souvent, Dieu ne nous donne pas tout ce que nous demandons. Cela ne signifie pas qu'il ne nous aime pas, mais qu'il désire que nous sachions rester en sa présence.
     Si nous savons, comme ce mendiant, rester aux pieds du Maître et lui parler, il se révélera lui-même à nous et nous comprendrons alors le sens de la prière; nous saurons que Dieu ne veut pas nous donner ceci ou cela, mais se donner lui-même à nous. Quand nous recevons Dieu lui-même, nous sentons sa présence dans nos coeurs et nous sommes satisfaits. Nous n'avons plus, alors , à demander les choses dont nous avons besoin ; elles nous seront données sans que nous les demandions. Ce que notre Sauveur demande de chaque chrétien, c'est qu'il Le suive, qu'il vive avec Lui, afin de le connaître tel qu'il est. En le trouvant, nous recevons le Saint-Esprit et nous commençons à vivre avec lui dans ce monde, pour continuer à vivre avec lui dans le ciel. 
  
  
Il ne suffit Pas de croire en Jésus, il faut savoir  
en qui nous croyons.
     C'est très bien de croire en Jésus, mais n'allons pas nous imaginer que cela suffit. Satan lui-même est aussi un grand croyant. Certains bons chrétiens ont des doutes au sujet du ciel, du salut, de l'enfer... Satan, lui, n'a aucun doute à cet égard ; c'est dans ce sens qu'il est un vrai croyant. Pour devenir de vrais croyants, nous devons savoir en qui nous croyons. je parlais un jour, aux Indes, avec un homme d'une haute valeur spirituelle et, dans la même maison, se trouvait un jeune homme qui venait d'arriver pour passer une semaine avec le fils de mon ami. Nous remarquâmes que, dès que ce jeune homme entendit notre conversation, il eut l'air troublé. Il était venu pour une semaine et voilà qu'au bout de quelques minutes il demande à consulter un horaire ! « Que se passe-t-il donc ? demanda mon ami. Vous veniez pour une semaine et votre chambre est prête. » Ce jeune homme éprouva un peu de difficulté à expliquer qu'il lui était impossible de supporter une conversation d'ordre spirituel, même durant quelques minutes et que, S'il restait une semaine, ce serait un enfer pour lui. Au bout d'une demi-heure, il se sauva.
     Dieu désire que tous aillent au ciel, mais les pécheurs ne s'y trouveraient pas à leur aise : le jeune homme dont je viens de parler ne serait pas capable de vivre au ciel avec les anges. Il n'a pas pu rester quinze minutes avec nous et peut-être qu'au ciel il ne tiendrait pas quinze secondes! Le secret de notre vie spirituelle, c'est que nous réalisions notre faiblesse ; à cette condition-là, nous serons sauvés. En vivant avec Christ, nous nous formons peu à peu à son image. Comme il est parfait, en vivant avec lui nous deviendrons parfaits et alors le ciel ne sera plus pour nous une demeure étrangère où nous ne nous sentirons pas à notre place ; nous y serons au contraire chez nous, à la maison, car nous aurons vécu avec Christ dès ici-bas.
     Il y a tant de gens qui ne peuvent pas passer cinq minutes en prière aux pieds du Maître ! S'ils sont fatigués au bout de cinq minutes, ne seront-ils pas fatigués au bout de cinq secondes au ciel ? Dieu ne les empêchera pas de vivre au ciel mais leur genre de vie les empêchera d'y être heureux. Le secret qui seul nous rend capables de vivre dans le ciel, c'est de vivre la vraie vie dès ici-bas, dans la communion du Sauveur.
     Un homme, au Tibet, vit un jour un trésor dans un champ considéré jusque là comme terrain improductif. Il alla trouver le propriétaire et lui offrit de lui acheter son champ pour vingt fois sa valeur. Le propriétaire accepta, naturellement, et les gens de se moquer de l'acheteur. Celui-ci ne disait rien ; il savait bien que le trésor, caché dans le champ par un ancien roi, valait cent fois le prix qu'il avait payé. Il creusa et trouva son trésor. Le champ, c'est le monde ; les gens renseignés sur les trésors cachés sont disposés à les payer leur prix, même si ce prix c'est leur propre vie. Ils ne s'attendent pas à avoir leur ciel après leur mort ; ils le possèdent dès maintenant. 
  
  
Il faut prier pour posséder Christ.

     Il y a deux ans environ, mon père me dit : « J'ai observé ta vie ces dernières années et l'ai comparée avec ta vie d'autrefois, à la maison. Alors, je ne t'avais jamais vu heureux. Maintenant, je t'ai vu souffrir souvent et rester toujours heureux. D'où cela vient-il ? » je lui répondis : « Ce n'est pas qu'il y ait en moi quelque chose de bon, mais j'ai trouvé ce Christ que je haïssais tant. Maintenant je connais le Christ vivant et j'ai trouvé la paix en Lui ». Mon père fut très impressionné et se mit à réfléchir au christianisme. Il me dit alors : « Comment puis-je arriver à connaître Christ ? ». je lui dis: « Si tu veux savoir qui est Christ, lis la Bible ; si tu veux le connaître, Lui, personnellement, prie ! Car lire la Bible ne suffit pas pour apprendre à connaître Christ. Beaucoup d'infidèles et de païens lisent la Bible sans arriver jamais à le connaître. La prière est la clef, la seule, la vraie, qui ouvrira devant toi la porte de la vérité ». Mon père fit ainsi et, au bout de quelque temps, il eut la joie de l'entendre me dire : « J'ai trouvé ton Sauveur. Il est devenu mon Sauveur ».
     Mon témoignage c'est que depuis seize ans, j'ai vécu dans le ciel et j'ai senti la présence du Sauveur toujours plus intensément au sein de la souffrance. Le plus grand des miracles de ce monde, c'est la paix du coeur, que nous ne trouvons qu'en Christ. Comme il a mis en nous notre coeur, il y a mis le désir de cette paix.
     Que le Seigneur nous aide à discerner sa voix quand elle nous dit: « Viens et suis-moi ». Qu'il nous aide à Le suivre. On me dit parfois : « Vous parlez toujours de paix et pas d'amour ». C'est que notre coeur aspire à la paix. Nous prenons beaucoup de peine pour gagner de l'argent, pour ajouter à notre confort matériel et vivre tranquilles, mais la paix véritable ne se trouve qu'en ce Dieu qui est amour. 
     Lorsque vous aurez trouvé cette paix vous ne pourrez plus la séparer de l'amour de Dieu ; vous sentirez cet amour qui vous poussera à aimer les autres. Cette paix parfaite vous forcera à parler à d'autres de son amour. Tant que nous n'avons pas trouve nous-mêmes ce qui peut nous satisfaire, comment pourrions-nous nous préoccuper du trouble des autres ? La première condition, c'est que nous ayons trouvé la paix, et alors nous pourrons rendre témoignage à l'amour merveilleux du Sauveur.
     Que le Seigneur nous aide à faire de notre vie une vie de prière, afin que, par la prière, nous trouvions le ciel sur la terre, que nous vivions avec lui dès maintenant et qu'en vivant avec lui nous devenions parfaits comme lui ! 

CHAPITE 16 & CONCLUSION 

Qu'est-ce que le salut ? 

Thoune, le 26 mars 1922.


     Le salut ne consiste pas uniquement dans le pardon des péchés, mais bien dans l'affranchissement du péché. Il peut parfaitement arriver que même après avoir obtenu le pardon de nos péchés, nous mourrions dans notre péché. Christ nous sauve ; il ne se borne pas à nous pardonner nos fautes.
     Un homme, dans l'Himalaya, avait été malade si longtemps qu'il avait fini par perdre la tête. Un jour, un de ses parents vint le voir et s'assit à côté de lui pour lui parler. Tout à coup, le malade s'empara d'un couteau tranchant et coupa la gorge à son visiteur. Il fut arrêté et condamné à être pendu. Ses parents firent appel de cette sentence et demandèrent sa grâce en alléguant le fait que sa longue maladie l'avait rendu fou. Le Raja, un homme de coeur, trouva cette requête raisonnable ; cet homme avait tué son parent le 20 du mois et avait été condamné à être pendu le 22 ; il fut gracié le 21, mais il mourut néanmoins le 22, de sa maladie. Son péché lui avait été pardonné, mais à quoi cela lui servit-il puisqu'il mourut quand même ? Son salut aurait été la guérison de sa maladie, car il avait commis cet affreux crime sous l'empire de cette maladie, dont il ne fut pas guéri et dont il mourut .
     C'est ainsi que beaucoup de gens, après avoir reçu le pardon de leurs péchés, meurent néanmoins dans leur péché, car la chose essentielle, la chose qui importe avant tout, c'est d'être sauvé du péché. Christ est venu pour nous sauver de nos péchés. Si nous sommes guéris du péché, nous sommes vraiment sauvés, mais si nous continuons à pécher, nous mourrons dans le péché. Bien des hommes se trompent en croyant qu'il suffit que leurs péchés soient pardonnés pour qu'ils soient sauvés. Tant que leur nature pécheresse n'a pas été transformée, ils ne sont pas sauvés ! Dieu est amour ; Il témoigne de son amour envers nous en nous donnant l'occasion de nous repentir, mais au lieu de la saisir et d'être ainsi sauvés de nos fautes, nous continuons à pécher. Cette occasion que l'amour divin place devant nous, nous la laissons passer! L'amour de Dieu est infini; voilà pourquoi Il nous offre le pardon.
     Je vous parlerai d'un autre Raja, un homme très bon et très sage. J'ai été impressionné en entendant parler de son amour, surtout lorsqu'on m'a raconté ceci! Un jour qu'il passait en voiture dans les rues de sa ville, il rencontra un attroupement et on lui amena un homme surpris en flagrant délit de vol, pour qu'il le punisse. Le Raja dit simplement: « je ne suis pas en Cour de Justice et je pardonne à cet homme ». Puis il exhorta le voleur à changer de conduite. Celui-ci était bien content de se voir remis en liberté ; il avait là une belle occasion de devenir un homme honnête. Au lieu de cela, il continua à voler et finit par commettre un meurtre. Arrêté et conduit devant le Raja, en Cour de justice cette fois-ci, il fut condamné à être pendu. Il avait cru que, sûrement, le Raja lui pardonnerait comme la première fois.
     Aujourd'hui aussi, tant de gens pèchent jour après jour sans que Dieu les punisse. Il nous semble parfois que les bons souffrent davantage que les méchants, mais c'est que Dieu, dans son amour, donne aux pécheurs l'occasion de se repentir. Combien peu en profitent! Le temps vient où nous comparaîtrons devant le trône du jugement et alors peut-être qu'il se trouvera des pécheurs qui se réjouiront en voyant Jésus-Christ et qui diront : « Nous sommes affranchis! Il nous a sauvés! Il a donné sa vie pour nous! » Mais ce sera trop tard! Dieu nous donne chaque jour une occasion de nous repentir ; si nous la négligeons, nous n'en aurons pas d'autre après la mort. Christ ne serait pas descendu sur cette terre s'il y avait eu pour nous encore une occasion d'être sauvés plus tard. Il serait resté au ciel ! 


                            LE SADHOU SUNDAR SINGH né le 3/ 09/ 1889 - disparu en 1929

A 15 ans, le Christ lui apparut comme à St Paul. Devenu son fidèle témoin et malgré diverses  
persécutions, Sundar le prêchera toute sa vie aux  Indes, au Tibet, dans l'Himalaya et en Europe.  Sa consécration au Christ, sa vie de prière,  ses souffrances  et son obéissance jusqu'à la mort,  tout cela garde  pour nous une valeur permanente  qui glorifie  le Dieu que Sundar a servi.  Il faut lire sa biographie et ses paroles, qui semblent  tout droit sorties des Actes des Apôtres. 

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